Le mémorandum de théologiens catholiques critiques de l'Eglise a continué, le week-end passé à susciter louanges et critiques. Le théologien et psychiatre Manfred Lütz a décrit cette prise de position de quelques 150 professeurs comme "un document de résignation et de désespoir". Il a suggéré aux signataires de passer à l'Eglise protestante.
En revanche, le comité du "Cusanuswerk" soutient le mémorandum des professeurs de théologie: "Kirche 2011: Ein notwendiger Aufbruch" (Eglise 2011: un nouveau départ nécessaire). Le "Cusanuswerk" est une institution de l'Eglise catholique en Allemagne pour soutenir les étudiants particulièrement doués, dans tous les domaines d'étude.
Manfred Lütz a proposé, dans la "Frankfurter Allgemeinen Sonntagszeitung", que quiconque partage, comme catholique, les demandes du mémorandum, "rejoigne sans tarder l'Eglise protestante". Toutes les questions controversées ont été abordées et traitées, selon lui, dans le sens d'une solution protestante. Le théologien compare leur situation à celle d'un "anglican" qui ne peut plus être d'accord avec son Eglise et qui se dirige vers l'Eglise catholique.
150 théologiens
Le 4 février, quelques 150 théologiens catholiques d'Allemagne, d'Autriche et de Suisse ont prôné, dans une déclaration, une série de réformes dans l'Eglise catholique. Ils ont plaidé entre autres pour une participation renforcée des croyants à la désignation des évêques et des prêtres, l'ordination d'hommes mariés, une meilleure culture du droit dans l'Eglise et davantage de respect face à la liberté de conscience individuelle. Les homosexuels ou les gens divorcés et remariés ne devraient plus, pour eux, être exclus de la participation aux sacrements.
Parmi les signataires figurent plusieurs professeurs d'universités de Suisse: Edmund Arens (Lucerne), Manfred Belok (Coire), Adrian Holderegger (Fribourg), Leo Karrer (Fribourg), Walter Kirchschläger (Lucerne) et Adrian Loretan (Lucerne).
Le comité du "Cusanuswerk" a relevé que les professeurs signataires ont critiqué ouvertement les abus au sein de l'Eglise et ont exhorté à réaliser les "réformes depuis longtemps attendues". Il invite les évêques "à discuter de ces préoccupations de nombreux catholiques et à chercher le dialogue de manière sérieuse." Les évêques "doivent aussi faire connaître à Rome les exigences du document".
Avis nuancés
La Conférence des évêques d'Allemagne avait déjà réagi avec prudence, le 4 février. Elle a en même temps dit qu'elle ferait part de ses propres propositions lors de son assemblée générale en mars 2011. Que des scientifiques veuillent aussi participer au dialogue sur l'avenir de la foi et de l'Eglise est un bon signal, comme l'a déclaré le secrétaire général de la Conférence des évêques, le Père Hans Langendörfer. Dans bon nombre de questions, la déclaration "entre en tension avec des convictions théologiques et des exigences religieuses hautement contraignantes." Le Comité central des catholiques allemands "Zentralkomitee der deutschen Katholikien" (ZdK), la Confédération de la jeunesse catholique "Bund der katholischen Jugend" (BDKJ) et le mouvement de l'Eglise "Kirchenvolksbewegung" ont déjà pris position en faveur de l'initiative des théologiens.
Pouvoir et impuissance
Pour Manfred Lütz, au contraire, cette déclaration ne permettra pas de faire que les choses aillent mieux. Il a mis en garde contre les divisions plus profondes à l'intérieur des Facultés de théologie, ainsi qu'au sein de la Conférence des évêques allemands. En outre, les gens seraient déçus que "les querelles intestines à l'Eglise ne prennent pas fin". Pour le psychiatre, les demandes des théologiens sont motivées par "le pouvoir et l'impuissance". D'un côté, les professeurs pourraient "au fond faire ce qu'il veulent." D'un autre côté, ils seraient impuissants et seraient "de moins en moins pris au sérieux". Dans les débats publics médiatiques, "ils ne jouent plus aucun rôle important, parce qu'on veut des positions catholiques claires, parce qu'on veut si possible un évêque".
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