»Je n’oublierai jamais le jour où, pour la première fois, je me suis avancée, les bras en croix sur la poitrine, vers le prêtre. Je montais vers l’autel non pas pour communier mais pour recevoir sa bénédiction. J’ai ressenti, à ce moment-là, une véritable bouffée d’amoursouligne la voix remplie d’émotion Christine Munaut. Je n’avais jamais ressenti une chose aussi forte et j’ai le sentiment que si j’avais continué à communier comme les chrétiens non divorcés, je n’aurais jamais vécu cela. » Christine et Antonin Munaut sont mariés depuis vingt sept ans maintenant, ils vivent dans le sud du diocèse. Ensemble, ils ont deux enfants. Pour eux, il s’agit d’un remariage puisque Christine avait déjà été mariée et avait un enfant. Tout comme Antonin qui lui était déjà père deux fois. Une belle grande famille recomposée comme il en existe beaucoup et qui accueille aujourd’hui cinq petits-enfants. Le bonheur complet.
Pour en arriver à cette plénitude, le couple a voulu vivre ce »divorce-remariage » suivant les prescrits de l’Eglise. Une Eglise qui n’accorde pas les sacrements aux couples divorcés et remariés. Une Eglise qui leur demande encore de ne pas participer à la communion ‘‘parce que leur vie, en rupture d’alliance n’est pas en pleine cohérence avec le don eucharistique, le sacrement de l’alliance nouvelle » trouve-t-on dans les textes.
»Au départ, nous étions mal à l’aise par rapport à ce que l’Eglise interdisait aux divorcés remariés, explique Christine. Nous avions l’impression d’être punis pour l’éternité. Nous n’y avions plus notre place. » Le »nouveau couple » décide de dépasser cette première impression, cette colère intérieure. Le couple s’adresse à la Communauté du Chemin Neuf qui propose un accompagnement aux couples séparés, divorcés, remariés… Un parcours long, difficile. »Dès le départ, cela nous a beaucoup plu. Nous avons participé à des week-end puis à des sessions. Et à chaque fois, nous étions remis face à l’Evangile. Pendant toutes ces années nous avons eu des moments où nous avancions, où nous progressions spirituellement et puis tout s’arrêtait. Le chemin spirituel prend du temps » ajoute avec fougue Christine.
»On ne recommence pas sa vie, on ne tourne pas une page »
»Le drame de beaucoup de chrétiens divorcés remariés face à l’Eglise est d’en rester aux interdits. Pour moi, développe Antonin, il n’est pas interdit de creuser, de cheminer et de se transformer. Il ne nous est pas interdit de vivre en vérité dans le couple que nous formons aujourd’hui. Et si nous vivons en vérité, nous ne pouvons pas exclure que nous avons été mariés, devant Dieu, avec quelqu’un d’autre. L’Eglise nous demande de vivre une histoire complète. Je ne supporte pas quand des personnes me disent de tourner la page, de recommencer une nouvelle vie. Non. Je continue ma vie mais une existence dans laquelle il y a déjà eu une union. » Antonin poursuit: »Si on en reste à l’idée qu’il faudrait changer la position de l’Eglise qu’il faudrait qu’elle admette le remariage… on passe à côté de l’essentiel. Les interdits sont là pour nous aider à grandir. Pour moi, il s’agit de remettre la personne au centre de sa vie de l’aider à prendre conscience qu’il y a eu un échec, à un moment, dans sa vie. Grâce à tout le cheminement que j’ai pu faire, mes relations avec mon ex-épouse sont normales. Je peux aussi dire à mes enfants que, si ils sont là, c’est parce qu’à un moment de la vie, avec leur mère, nous nous sommes aimés. J’ai retrouvé une paix intérieure. »
Une autre communion
Monseigneur Léonard m’a un jour dit »Le Seigneur n’est pas prisonnier de ces sacrements, ajoute Christine. Quand j’ai compris cela j’ai pu réapprécier la beauté d’une messe. J’ai pu apprécier la bénédiction qui m’était proposée. » Au lieu de recevoir l’hostie, le prêtre trace une croix sur le front de la personne qui s’avance vers lui les bras croisés sur la poitrine. »Lorsqu’il nous arrivait de changer de paroisse nous essayions d’arriver un peu à l’avance pour expliquer la situation au prêtre. Maintenant, c’est fini. Je m’avance vers le prêtre qui me tend naturellement l’hostie et puis voyant mon attitude, il m’accorde sa bénédiction et c’est tout aussi naturel. »
En se comportant de la sorte, Christine et Antonin Munaut s’exposent aux interrogations d’une communauté pas toujours informée. Ils assument d’autant plus que depuis quelques années maintenant, Christine et Antonin animent les sessions destinées à ces couples en souffrance. Des divorcés remariés qui ne fréquentent plus l’Eglise ou qui se comportent »comme si » une page n’avait pas déjà été écrite dans leur vie sentimentale, conjugale. Antonin: »Il ne faut pas effacer l’histoire passée elle fait partie de la vie de chacun. Je veux montrer que l’on peut vivre en conformité avec l’Eglise et être heureux. »
Rendez-vous le 11 novembre
Le jeudi 11 novembre prochain, la pastorale familiale diocésaine organise un temps de rencontre destiné aux couples séparés, divorcés… à ceux et celles sensibilisés par la question. Rendez-vous à l’église de Marloie. A 9h30, accueil; 10h, temps de prière; 10h30, enseignement; 11h45, témoignage de Christine et Antonin Munaut; pause de midi où il s’agit d’apporter son pique-nique. Pendant l’après-midi, ateliers puis Adoration, célébration du pardon et Eucharistie. La journée se terminera à 17h15.
Pour plus de renseignements: Jean-Pol Druart, diacre au 081/22.23.07 ou encore druart.jeanpol@skynet.be
Christine Bolinne