Les réactions se multiplient après le décès du Pape François. CathoBel a rassemblé deux personnes à l'avis éclairé: Franck Janin, le supérieur de la communauté jésuite Saint-Michel, et Rebecca Albserge, déléguée épiscopale en charge du vicariat du Brabant wallon.
"Je suis dans la joie": quand on demande à Rebecca Alsberge une image qu'elle associe volontiers au pape François, c'est à ce chant du groupe français Glorious qu'elle pense. "La joie: je pense que c'est un élément qui a perduré tout au long de ce pontificat."
"Au terme de la messe, il a salué chacun"
Franck Janin, pour sa part, évoque spontanément Lampedusa. "C'est le premier voyage qu'il a effectué. Et le thème des migrants a parcouru tout son pontificat. Ce qui a d'ailleurs pu faire parfois grincer des dents... Je retiens une autre image: celle des tables rondes lors du synode sur la synodalité. Avec des évêques, des cardinaux, des hommes, des femmes... Une magnifique image, très emblématique de ce pontificat."
A trois reprises, Franck Janin eut l'occasion de rencontrer le pape François. Notamment lors d'une rencontre internationale de jésuites. "Une des choses qu'il nous a dites, c'est: 'cherchez la joie. Ne laissez rien ni personne vous voler votre joie'." Le jésuite eut également l'occasion de célébrer la messe avec le Pape dans la chapelle de la résidence Sainte Marthe. "Il a dit la messe simplement, sans effets. Le Pape François parlait avec un langage simple, imagé. C'était un pasteur, qui parlait la langue des gens. C'était un homme simple, accessible. Au terme de la messe, il a salué chacun, souriant."
Amoris Laetitia, un texte-clé
Un texte? Difficile de choisir. Mais Rebecca Alsberge aime citer Amoris Laetitia. C'est en 2016 que le Pape François publia cette exhortation apostolique sur l'amour dans la famille. "Il y a, dans ce texte, quelque chose du pasteur. Au-delà de la règle, comment accompagner les gens là où ils sont, tels qu'ils sont, et faire des pas avec eux, dans la rencontre avec le Christ? Il y avait là une nouveauté, qui rejoint la façon dont ici, on a envie de vivre la foi."
François, pour autant, n'a pas changé la doctrine de l'Eglise. "L'idéal reste le même, mais l'approche a changé", résume Rebecca Alsberge. "Ce texte a provoqué beaucoup de résistances", rappelle Franck Janin. "Il résume assez bien qui était le Pape. Il avait d'une part cette capacité à tenir ce qui est immuable. Mais d'autre part, il était totalement en prise avec les personnes et leurs difficultés. Il y a là quelque chose de très fort."
Un pape jésuite anticlérical
Un Pape jésuite, aussi. "Comme jésuites, on pouvait bien constater qu'il était jésuite", sourit Franck Janin. Qui cible en particulier la question du discernement. "Ca a été typique du Pape François. La réalité n'est pas noire ou blanche, elle est nuancée. Nous sommes complexes. Cette finesse d'analyse, qui a pu irriter aussi, est une caractéristique du discernement. La boussole de la joie est aussi typique du discernement ignatien."
Un pape attentif à la place des femmes ? Rebecca Albserge tend à opiner. "Si on regarde les actes, on doit constater qu'il y a eu des nominations dans les dicastères et dans divers pays. Sous son pontificat, les femmes ont pris davantage de responsabilités. Après, le débat demeure dans l'Eglise, et il ne se pose pas de la même façon au Nord et au Sud."
Vincent DELCORPS