Le dicastère pour la doctrine de la foi annonce qu’il ne reconnaît pas comme "surnaturelles" les "visions", "révélations" et "communications" rapportées par l'italienne Maria Valtorta (1897-1961). Malgré les avertissements répétés du Saint-Siège depuis leur mise à l’Index en 1959, les écrits de la mystique continuent de rencontrer un large public.
Les prétendues "visions", "révélations" et "communications" contenues dans les écrits de Maria Valtorta, ou qui lui sont attribuées, "ne peuvent être considérées comme d'origine surnaturelle", annonce le dicastère pour la doctrine de la foi, dans un bref communiqué publié ce 4 mars 2025 (et daté du 22 février).
Le dicastère pour la doctrine de la foi, autrefois appelé le Saint-Office, explique avoir voulu publier cette note après avoir été fréquemment sollicité concernant la position du Saint-Siège sur les textes de Maria Valtorta :
"Le Saint-Siège reçoit souvent, de la part de clercs et de laïcs, des demandes d'éclaircissement sur la position de l'Église concernant les écrits de Maria Valtorta, tels que 'Le poème de l'Homme-Dieu', connu aujourd'hui sous le titre 'L'Évangile tel qu'il m'a été révélé', et d'autres publications".
Dans 'L'Évangile tel qu'il m'a été révélé', la mystique italienne relate la vie de Jésus telle qu'elle lui a été révélée au cours de visions. Avec dedans, des détails et anecdotes que l'on ne retrouve pas dans les Evangiles. L'ouvrage (de 5.000 pages !) est encore aujourd'hui un succès en librairie.
Pour le dicastère, ces visions doivent purement et simplement être considérées "comme des formes littéraires que l'auteure a utilisées pour raconter, à sa manière, la vie de Jésus-Christ".
Plus loin dans sa note, le dicastère pour la doctrine de la foi rappelle que l'Église n'accepte pas les "Évangiles apocryphes et autres textes similaires" comme "normatifs", car "elle ne reconnaît pas leur inspiration divine". L'Église se réfère uniquement "à la lecture sûre des Évangiles inspirés", soit les Evangiles de Matthieu, Marc, Luc et Jean.
Des mises en garde répétées du Saint-Siège, et d'évêques européens :
- 1959 : L’ "Évangile selon Valtorta" est mis à l’Index par le Saint Office, ancêtre du dicastère pour la doctrine de la foi, qui lui reproche son "irrévérence" envers le récit biblique.
- 1985 : Le cardinal Joseph Ratzinger (futur Benoît XVI), alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, rappelle que, bien que l'Index ait été aboli, il conserve "toute sa valeur morale". Il juge donc inopportun de diffuser et de recommander une œuvre "dont la condamnation ne fut pas prise à la légère, mais sur des arguments réfléchis afin de neutraliser les dommages qu’une telle publication peut porter à la foi des plus démunis".
- 1992 : Le secrétaire général de la Conférence épiscopale italienne, Dionigi Tettamanzi, demande à l'éditeur de Maria Valtorta d'indiquer clairement, dès les premières pages, que les "visions" et "dictées" reproduites dans les volumes ne peuvent être reconnues comme d'origine surnaturelle. Il ajoute que les écrits de la mystique "doivent être considérées simplement comme les formes littéraires dont s’est servi l’auteur pour raconter, à sa manière, la vie de Jésus."
- 2021 : Le 29 septembre, la Commission doctrinale de la Conférence des évêques de France publie un bref avertissement concernant la diffusion de 'L'Évangile tel qu'il m'a été révélé'. Comme le rappellent nos confrères de La Croix, la Commission s’inquiétait déjà à l'époque de voir se multiplier des groupes de lecture de Maria Valtorta, qui s’affichaient parfois dans les annonces paroissiales, et alertait : "Une personne seule, sans une pleine communion avec l’Église et ses pasteurs, ne peut se revendiquer dépositaire de l’Évangile et de la tradition." Une note à retrouver ici.
Clément Laloyaux