De la mine au centre paroissial, l’histoire d’une intégration des migrants turcs en Belgique


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De la mine au centre paroissial, l’histoire d’une intégration des migrants turcs en Belgique
Des travailleurs turcs découvrent la Belgique (D.R.)
Par André Bossuroy
Publié le
5 min

Depuis les années 1960, l'Église catholique en Belgique a démontré un engagement constant en faveur de l'accueil et de l'intégration des migrants. Par le biais d'actions sociales, de structures d'accompagnement et de projets interculturels, elle contribue à construire une société plus inclusive et solidaire, fidèle à sa mission évangélique d'accueil de l'étranger.

Depuis les années 1960, la Belgique a connu plusieurs vagues migratoires, notamment en provenance de Turquie, qui ont profondément influencé le paysage social et culturel du pays. L'immigration turque en Belgique débute officiellement en 1964, suite à un accord entre la Belgique et la Turquie visant à répondre aux besoins en main-d'œuvre, notamment dans les secteurs du charbonnage, de la métallurgie et du textile. Cette vague migratoire s'inscrit dans une série commencée avec les Italiens en 1947, suivie par les Espagnols, Portugais, Grecs et Marocains. Entre 1964 et 1974, des dizaines de milliers de travailleurs turcs s'installent en Belgique, principalement en Wallonie et dans la province de Liège. Le regroupement familial s'accélère à partir des années 1970, renforçant la présence de la communauté turque dans le pays.

Les défis de l'intégration et le rôle des syndicats

À leur arrivée, les travailleurs turcs font face à l'absence d'une politique d'accueil structurée. Les syndicats belges, tels que la FGTB (Fédération Générale du Travail de Belgique) et la CSC (Confédération des Syndicats Chrétiens), jouent un rôle crucial en engageant des permanents turcs pour faciliter l'intégration des travailleurs. Ces initiatives incluent la publication de bulletins en turc, l'organisation de soirées culturelles et la célébration de fêtes nationales, contribuant ainsi à l'insertion sociale et professionnelle des migrants.

L'émergence d'associations culturelles et le soutien de l'Eglise catholique

En 1975, la première Association Culturelle Turque voit le jour à Verviers, avec le soutien de délégués syndicaux. Cette association vise à organiser des activités socioculturelles pour les travailleurs turcs et leurs familles. Parallèlement, l'Église catholique belge, consciente des défis posés par l'arrivée de ces nouvelles communautés, développe des initiatives pour favoriser leur intégration. Des paroisses accueillent des migrants, offrent des services d'accompagnement spirituel et social, et participent à des projets interculturels.

L'Église catholique en Belgique a mis en place plusieurs structures pour soutenir les migrants. Le Service diocésain de la Pastorale des Migrants et des Communautés catholiques d'origine étrangère, par exemple, propose des services d'accueil, d'information et d'accompagnement pour les réfugiés et demandeurs d'asile. Des associations comme Cap Migrants œuvrent également à la défense des droits des migrants et à leur insertion en Belgique (1).

En 2015, les évêques de Belgique publient une brochure sur l'accueil des réfugiés et des migrants, offrant des témoignages et des conseils pratiques pour les accueillir dans les familles, les communautés et les lieux de travail. Cette initiative souligne l'engagement de l'Église en faveur d'une politique migratoire cohérente et durable (2).

Les principes d'action pour l'accueil des migrants

En 2022, la section Migrants et Réfugiés du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral propose sept principes d'action pour l'accueil des migrants, inspirés de l'encyclique Fratelli tutti du pape François. Ces principes visent à promouvoir une pastorale migratoire interculturelle, encourageant les communautés ecclésiales à créer des espaces d'accueil et de rencontre pour les migrants et réfugiés (3).

Les défis contemporains

Malgré les efforts déployés, l'intégration des migrants reste un défi majeur en Belgique. L'Église catholique continue de jouer un rôle actif en sensibilisant les fidèles aux réalités migratoires et en promouvant des actions concrètes d'accueil et de solidarité. Des initiatives telles que l'écoute des témoignages des migrants, la publication de livres, la diffusion d'émissions radio et télévisées et l'organisation d'expositions visent à favoriser une meilleure compréhension et une intégration harmonieuse des nouvelles communautés (4).

Sources internet (date de consultation : 22.11.2024):

Le père Georgery : Un pionnier de l’accueil et de l’insertion des migrants turcs en Belgique

En 1966, en réponse à l'afflux de travailleurs immigrés turcs venus s'installer à Charleroi pour travailler dans les mines de charbon, l'abbé Jean-Marie Georgery fonde l'association "Action et Promotion des Immigrés" (API). Cette initiative visait à offrir un accueil chaleureux et un accompagnement adapté aux personnes d'origine étrangère, facilitant leur intégration par l'apprentissage de la langue française et l'insertion socioprofessionnelle.

Sous la direction de l'abbé Georgery, API a mis en place des cours d'alphabétisation et de français langue étrangère, ainsi que des services d'aide sociale et juridique. L'association a également organisé des activités culturelles et des ateliers pour promouvoir la compréhension interculturelle et renforcer les liens entre les communautés.

L'abbé Georgery rend visite à un mineur dans la région de Charleroi (archives CathoBel)

L'engagement de l'abbé Georgery et de son équipe a permis à de nombreux migrants de s'intégrer pleinement dans la société belge, en leur offrant les outils nécessaires pour devenir autonomes et actifs dans leur nouvelle communauté. Aujourd'hui encore, API poursuit sa mission en faveur de l'insertion socioprofessionnelle des personnes d'origine étrangère, perpétuant ainsi l'héritage de son fondateur.

Découvrir le dossier spécial "60 ans d'immigration turque en Belgique" sur www.mediel.app

A voir en TV sur la UNE RTBF : samedi 7 décembre 2024 à 10h30, émission En Quête de Sens, Il était une foi, présentée par Christophe Herinckx.

A écouter en radio sur la Première RTBF : dimanche 29 décembre à 20h02, émission Il était une foi, présentée par Manu Van Lier.


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