Village Ste-Anne | Une journée portes ouvertes réussie
Village Sainte-Anne, un modèle innovant d'habitat solidaire et inclusif
Samedi 12 octobre marquait la première journée de portes ouvertes pour ce projet unique en Belgique d'habitat solidaire alors que les premiers locataires y ont déposé leurs valises depuis Pâques ; ce fut l'occasion de découvrir le lieu, ses habitants et les animateurs des différentes asbl investies dans la renaissance du Centre Rafaël.
La journée a débuté par une messe bilingue dans la chapelle qui était réouverte après 4 ans de fermeture. Mgr Cosijns impliqué de longue date dans la génèse du projet, présidait l'eucharistie avec le vicaire épiscopal Tony Frison, les abbés Jean-Luc Blanpain et Guido Vandeperre. Dans la petite chapelle aux bancs à peine secs, se tassait la centaine de participants. Parmi eux, nombre d'acteurs impliqués de longue date en ce lieu notamment dans la distribution de colis alimentaires qui a perduré durant toute la période des travaux, auxquels se mêlaient les personnes responsables de la refondation et quelques nouveaux résidents comme Marcelline arrivée très récemment.
Lors de l'eucharistie qui débutait cette journée, la lecture de St Jacques (2,14-18) se concluait fort à propos par ces paroles "C'est par mes œuvres que je te montrerai la foi." La pertinence absolue des textes du jour se poursuivit à la lecture de l'évangile (Mt 25, 31-40) : "Car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger; j'ai eu soif, et vous m'avez donné à boire; j'étais étranger, et vous m'avez recueilli" ; cette eucharistie était résolument une action de grâce pour l'intuition généreuse de l'abbé Réginald Rahoens, fondateur du Centre Rafaël et pour toutes les énergies déployées dans sa refondation afin que le Village Ste-Anne prenne corps, ainsi que mgr Cosijns le rappelait dans son homélie.
Au cœur de Bruxelles, le projet du Village Sainte-Anne, inauguré en décembre 2023, propose une nouvelle forme de cohabitation sociale, solidaire et durable. Ce lieu d'habitation regroupe une cinquantaine de familles, dont une grande proportion de ménages monoparentaux. Parmi elles, 31 sont monoparentales, avec une majorité de femmes seules avec leurs enfants. Avec une capacité d’accueil de 52 logements, 51 étant pourvus, et une fréquentation quotidienne avoisinant les 1 000 personnes, le Village Sainte-Anne devient un modèle d’inclusion et de co-living solidaire. Le but n'est pas de l'hébergement de courte ou moyenne durée mais d'offrir à un maximum de ces résidents la possibilité d'accéder à un bail classique de neuf ans.
A l'image de la diversité bruxelloise, c'est un véritable carrefour interculturel où cohabitent plus de 20 nationalités. Les exemples de solidarité spontanée apparaissent comme la garde ponctuelle d’enfants, entraide entre voisins, ou encore des moments de convivialité, autant de gestes du quotidien qui renforcent le lien communautaire.
En ce qui concerne le pan logement, 4 asbls qui se partagent le parc des 52 logements sont : Les Petits Riens, Convivial, L'Ilôt et l'Eglise Catholique (l'Archidiocèse de Malines-Bruxelles est propriétaire des murs). Grâce au système AIS, comme le rappelait Alexis Picavet directeur d'Habitat et Rénovation, des loyers accessibles offre aux locataires l'accès à des loyers limités (un logement de deux chambres de 80 m² aux alentours de 575 €, soit deux fois moins que les prix du quartier). Cela permet ainsi à des familles à faibles revenus d’accéder à des logements bien conçus, ultraperformants énergétiquement, pour que leurs vies gagnent en stabilité.
La rénovation a préservé une caractéristique de l'ancienne clinique : des couloirs spacieux et de larges zones de dégagement permettant une circulation fluide dans et entre les trois grands bâtiments. Le concept même d'habitat partagé et autogéré repose sur l'implication des habitants dans la gestion quotidienne des espaces et la prise de décision collective.
Au sein de ce village urbain, autour de l’îlot central qu'est la cour que les enfants ont investi, s'articule un espace de vie convivial et ouvert sur le quartier. Des activités collectives vont y être organisées comme des cours de gymnastique projetés dans la salle communautaire de 50 m². Le schéma de fonctionnement est la mise en place d'une autogestion par les habitants eux-mêmes. L'idée est de les rendre pleinement acteurs de leur habitat et de leur environnement, tout en créant des synergies avec les structures existantes au sein du projet et dans le quartier ou la commune comme le CPAS.
Audrey, la responsable de la future wasserette sociale "Plouf", incarne cette dynamique collaborative qui va se mettre en place. Les lundis et mardis, les familles pourront participent aux ateliers de co-construction et de surf sur internet, renforçant leur autonomie numérique. C'est le deuxième site de cette asbl déjà implantée à Evere.
Par ailleurs, le BAPA de Convivial propose des cours de néerlandais et de français contribuant à l'intégration et à la citoyenneté des primo-arrivants pour tout Bruxelles et donc y compris pour quelques résidents, comme le précise Véronique Regout, la directrice du site. L'action de cette asbl vise également à faciliter, pour son public, l’accès aux loisirs subventionnés par la COCOM (Commission communautaire commune de Bruxelles) et d’encourager les rencontres interculturelles. Des actions sont également menées pour faciliter l'accès à l'emploi, notamment via des partenariats avec Actiris, le service public de l’emploi bruxellois. Depuis juin 2022, ces parcours sont devenus obligatoires pour les nouveaux arrivants, avec un accompagnement sur 18 mois : 1000 personnes suivent ce parcours actuellement sur le seul site d'Anderlecht pour cette association déjà établie à Forest.
La question des personnes en situation de handicap n'a pas été oublié au sein du projet Village Sainte-Anne. Pascale Carrier, qui dirige l’association Sapham, explique que leur mission consiste à accompagner dès la naissance les enfants atteints de handicaps mentaux ou autistiques, et à favoriser leur inclusion dans des classes ordinaires. Les défis sont nombreux, notamment après l’âge de 18 ou 21 ans, où les structures d'accueil se raréfient, et où les familles se retrouvent souvent confrontées à des listes d'attente interminables pour des centres de jour ou d'hébergement. Elle alerte également des enjeux sociétaux autour du vieillissement des adultes atteints de handicap. L'accompagnement de ces personnes âgées souffrant parfois de troubles du comportement nécessite un travail de réseau avec d'autres asbls, des psychologues, et des logopèdes pour offrir un suivi adapté. La visite guidée permettait également de faire la rencontre de Cécile Javaux de l'asbl Madras qui propose des services complémentaires pour aider des personnes en grande dépendance à recréer du lien social et ainsi lutter contre l'exclusion. Les deux projets distincts travaillent main dans la main, et, c'est d'ailleurs ensemble qu'ils ont choisi d'intégrer le Village Ste-Anne dans des locaux de qualité plus adaptés à leurs démarches respectives.
Le projet anderlechtois qui émerge, s'impose déjà comme un ambitieux modèle pour l'avenir. En parallèle de l’accueil familial et inclusif, le Village Sainte-Anne travaille main dans la main avec d’autres initiatives. Le projet "Bethléem", soutenu par plusieurs diocèses, s'inscrit dans une logique similaire de cohabitation solidaire et inclusive, en ouvrant des perspectives pour l'avenir, comme le rappelle Tiago Jadoul, le coordinateur général du Village Ste Anne arrivé à bord du projet il y a deux ans.
Avec une demande croissante de logements dans les grandes villes (à Bruxelles, près de 50 000 logements manquants), ce projet pilote ouvre la voie à de nouveaux modèles d'habitat, et, a notamment suscité à ce titre l'intérêt de plusieurs diocèses du nord du Pays.
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Accéder au site de Rafaël, l'asbl qui gère le site du projet Village Sainte Anne
Et aux sites des asbl présentes à cette journée portes ouvertes :
- L’ASBL Plouf, le salon-lavoir social
- L’ASBL SAPHAM, un service d’accompagnement de personnes présentant une déficience intellectuelle, dans une optique d’inclusion
- L’ASBL Le Madras, un service d’accompagnement pour les personnes présentant une déficience intellectuelle et leur proches
- Convivial, parcours d'intégration pour primo-arrivants.
Aller sur le site de l'AIS Habitat et Rénovation.