Retrouvez le commentaire de l’évangile du 23e dimanche du Temps Ordinaire B par l’abbé Pascal Roger: “S’ouvrir à une vie nouvelle”


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Retrouvez le commentaire de l’évangile du 23e dimanche du Temps Ordinaire B par l’abbé Pascal Roger: “S’ouvrir à une vie nouvelle”
Healing the Deaf Man at Chora Church
Par Pascal Roger
Publié le
3 min

Il y a déjà deux semaines que nos petites têtes blondes ont repris le chemin de l’école. Durant sa croissance, chaque enfant est invité à développer toute une série de potentialités: intellectuelles, physiques, artistiques, relationnelles, affectives et spirituelles. Il constitue un trésor merveilleux mais encore enfoui, appelé à être découvert. Il appartient à ses éducateurs, en famille, à l’école, dans les mouvements de jeunesse…, d’ouvrir progressivement les portes afin de lui permettre de s’épanouir. Ainsi l’enseignant, par exemple, aura mission de faire découvrir à l’enfant toutes ses richesses et à les déployer. Le pédagogue ne manquera pas d’éveiller l’esprit et de reconnaître les capacités de celui qui lui est confié. Il ne s’agit certainement pas de formater celui qui est unique et riche de nombreux dons. Il appartiendra surtout à ceux qui l’entourent de l’aider à devenir pleinement lui-même.

Il n’est pas question d’enfant dans l’extrait d’évangile de ce dimanche. Avec Marc, nous savons que le projecteur est toujours orienté vers Jésus, personnage qui étonne et dont il appartient progressivement de découvrir l’identité et la mission. Mais, dans le récit de ce jour, nous risquons deux méprises: l’une sur la personne de Jésus et l’autre sur celui qui n’a pas pu déployer toutes ses facultés. A la présentation que le texte nous fait de ce dernier, il apparaît à peine comme un être humain. En effet, nous ne connaissons pas son nom et son handicap altère sa liberté. Il est l’objet des conversations mais on ne lui adresse pas la parole. Si vous me permettez, nous pourrions presque le réduire à un objet que l’on conduit chez le réparateur car il dysfonctionne. Bref, il semble presque sans vie.

Quant à Jésus, il apparaît d’emblée comme le guérisseur de service ou l’auteur de miracles à succès. Heureusement, le cours du récit va déconstruire ces caricatures pour nous conduire sur le terrain de la relation et de la vie. Jésus se démarque de l’image que l’on se fait de lui. Ainsi, loin d’agir au-devant de la scène, il se retire à l’écart avec la personne porteuse de handicap. Et, dans ce moment d’intimité, il pose des gestes étonnants qui introduisent au cœur d’une relation. Il touche et donne accès à la parole. Son interlocuteur, apparemment fermé sur lui-même, est appelé à s’ouvrir; présenté comme inerte, il est invité à vivre; réduit à n’être qu’objet de conversation, il accède pleinement à son humanité. Sa capacité d’entrer en relation et de communiquer sont profondément guéries par Jésus. Capable de dialogue, il devient quelqu’un. Libéré de ses enfermements, il peut prendre sa vie en main. Jésus lui permet de déployer ses potentialités.

Quant aux gestes posés, ils nous rappellent ceux de Dieu dans le second récit de création lorsque, tel un potier avec la glaise, il forme une silhouette humaine et de son souffle donne la vie. Précisément, l’évangéliste évoque le soupir de Jésus comme si lui aussi, à l’instar du Père, donnait vie. Le texte ne nous précise pas si, une fois guéri, l’homme a intégré le groupe des disciples. Peu importe, en Jésus, il est devenu une création nouvelle. Il en va de même pour nous au jour de notre baptême.

Abbé Pascal ROGER

Catégorie : Sens et foi

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