En ce dimanche de l’Epiphanie, c’est le frère Christian Eeckhoudt qui nous partage sa réflexion autour de la question « Qui sont les mages? »
Qui sont ces « mages venus d’Orient »? Chez les Perses, ce mot évoque des chercheurs de sens, des scientifiques ou religieux férus en astrologie, étudiant les Etoiles ou le lien entre les astres et le destin des hommes. Dans l’Evangile, ce sont des veilleurs, sur le ‘Qui vive’, capables de se bouger. Pour vérifier leurs hypothèses, scruter leur intuition, discerner en connaissance de cause, ils se mettent en route, avec le grand désir de voir « le roi des juifs qui vient de naître » (Mt 2,2) pour lui rendre hommage. Ces mages, étranges étrangers, voient, reconnaissent et se prosternent (cf. Ps 71) devant quelqu’un d’unique. Tandis que les autorités juives ne sortent pas de leur confort ou ne cherchent pas la relation à autrui, même s’ils apprennent par les grands-prêtres et scribes à Jérusalem que le Messie devrait naître dans la descendance de David, né à Bethléem (cf. 2 Sam 7,16; Mi 5,1). L’Evangile montre donc des étrangers capables de foi et de conversion, bien plus que les membres du peuple choisi.
Oui « l’Etoile issue de Jacob » (cf. Nb 24,17) les « fait avancer » (Mt 2,9; cf. Is 60,1-6). Par le témoignage de ces mages, il y a révélation de la divinité de Jésus à toutes les nations. C’est le cadeau de ces premiers missionnaires ou pèlerins de Terre sainte. Cette manifestation du Christ au monde se nomme ‘Epiphanie’.
Et comme pourrait dire un jeune enfant voyant l’enfant avec Marie, sa mère: « Jésus n’est pas venu sur la terre, comme un grand Seigneur, pour dire: ‘Adorez-moi maintenant!’ Mais Il est venu pour servir les gens, pour guérir. Pour nous soigner, pour nous sauver. C’est cela l’important. »
En se prosternant devant lui et en osant offrir leurs trésors (Mt 2,11), les mages révèlent Jésus comme roi (en lui offrant l’or), comme Fils de Dieu (en lui offrant l’encens, qui accompagne la prière à Dieu) et comme homme mortel (en offrant la myrrhe qui sert pour l’embaumement).
Tel l’effet d’un vitrail traversé par la lumière, la vue de Jésus émerveille et permet la résonance de Celui qui est ‘la Lumière du monde’, la véritable ‘Etoile de David’, dont vont témoigner les mages en prenant un nouveau chemin.
Oui, nous aussi pouvons être capables d’un tel accueil de Jésus qui est le même hier, aujourd’hui et demain et l’annoncer à notre tour avec audace, finesse et créativité.
De même en Eglise: autant les mages reconnaissent le Seigneur à Bethléem (la maison du pain), autant pouvons-nous reconnaître le Seigneur au pain eucharistique partagé. Et prendre un nouveau départ, pour la vie.
Cette expérience de foi et cette grande joie (Mt 2,10) transforment en profondeur et sont accessibles à toute personne, car « les nations sont associées au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus. » (Ep 3,6). L’espérance devient réalité: en Jésus, voir Dieu advenu sur terre, présent parmi nous.
Frère Christian EECKHOUDT, O.P.