En cinq décennies, les populations d’espèces animales sauvages ont chuté de 69%. C’est justement en 1972 que Pierre Déom s’est fait le porte-parole de la nature en fondant La Hulotte dont il est aussi la plume. Cette revue atypique a pour vocation de révéler et protéger le monde du vivant. Son rédacteur, mû tant par son émerveillement que ses inquiétudes, par sa passion que ses constats désolés, a choisi de raconter la vie sauvage pour la faire aimer.

Aussi discret que l’oiseau de nuit qui a donné son nom à son journal, Pierre Déom n’aime guère qu’on parle de lui; mais il devient intarissable sur ce qui le fait vivre et vibrer depuis tant d’années: la passion pour la biodiversité. Pourtant, rien au départ ne le destinait à devenir naturaliste. « Si vous voulez savoir, la nature ne m’a jamais intéressé quand j’étais gamin, confie-t-il. Enfant, j’étais un rat des bibliothèques. » C’est lors de ses études d’instituteur qu’il dit avoir ressenti un irrépressible besoin de nature. « J’étais enfermé et j’ai eu une espèce de rage d’aller dans les champs. J’ai lu Raboliot, de Maurice Genevoix, qui raconte l’histoire d’un braconnier à l’ancienne, connaissant la nature sur le bout des doigts. La richesse de celle-ci m’a alors fasciné. Et cela a changé ma vie! » Pierre Déom a commencé en baguant des milliers d’oiseaux pendant quatre ans. « Du matin au soir, je ne faisais que cela. C’est une école formidable. En devenant rédacteur de La Hulotte, j’ai été obligé d’arrêter. »
Pourquoi avoir créé cette revue La Hulotte?
Avec des camarades, on était très préoccupés par le devenir de la nature. Moi, par le baguage qui m’a fait prendre conscience de la disparition à grande vitesse des milieux: les marais, le curage de rivières, les enrésinements, les destructions de haies, le remembrement, la pollution et l’extension humaine ainsi que des villes. Tout cela se passait au détriment de la nature sauvage. On voyait cela se produire physiquement sous nos yeux: un milieu où j’avais bagué plein de migrateurs, l’année suivante je revenais avec mes filets et tout avait disparu!
Dans les années 1970, nous étions affolés. On se demandait où et quand cela s’arrêterait! Et que resterait-il? Le sujet n’était pas trop à la mode, contrairement à aujourd’hui. On a voulu commencer par conscientiser les enfants. Leur montrer un trésor inestimable, une nature où il y a des milliers de choses à voir, à portée de main. On peut rester une matinée entière devant une haie quand on sait regarder, quand on a des livres pour pouvoir déterminer et les outils pour observer, c’est merveilleux!
Nancy GOETHALS

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