Nous voilà entrés dans la nouvelle année liturgique et à cette occasion, le père Eric Vollen se pose la question du regard à poser sur notre monde et nous fait part de sa réflexion.
Une année liturgique s’achève… Une autre commence. Quel regard poser sur notre monde? L’avenir semble bien sombre. Et pourtant, le Christ vient, comme il est venu. "Comme il en fut au jour de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme." Dans les magasins, depuis plusieurs semaines, tout est prêt pour fêter. Avouons que la venue du Christ ne nous préoccupe guère. Son surgissement dans notre quotidien passe généralement inaperçu.
Les gens toujours pressés, le ronronnement de la routine, la sclérose des habitudes ou le gouffre de l’indifférence. Le travail, les multiples tâches du quotidien, les devoirs des enfants, les navettes incessantes, l’avalanche des loisirs, les repas à préparer, la ration de culture pour l’épanouissement de l’esprit… Et la liste est loin d’être finie.
Toutes proportions gardées, il en allait de même avant le déluge: "En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari…" Moins pressés que nous peut-être ces ancêtres, mais tout aussi insouciants, à tel point qu’ils "ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis"… A l’exception de Noé… homme juste, intègre au milieu des générations de son temps et qui suivait les voies de Dieu. (Gn 6,9) Tel sera aussi la venue du Fils de l’Homme, nous dit Jésus: imprévisible, inattendu, aussi subit qu’un tremblement de terre, le déferlement du déluge ou la visite du voleur.
Avouons qu’aujourd’hui les événements géopolitiques, la guerre, la démocratie menacée, la crise économique et énergétique, les enjeux climatiques: autant de signes qui nous rappellent le temps de Noé. Alors, en ce début d’Avent, que convient-il de faire? Sortez de vos canapés, secouez votre torpeur. On ne dort pas au volant de sa vie. C’est le message de saint Paul aux gens d’aujourd’hui. C’est aussi le message du pape François aux jeunes: "Chers jeunes, nous ne sommes pas venus au monde pour végéter, pour vivre dans la facilité, pour faire de la vie un divan qui nous endorme; au contraire, nous sommes venus pour autre chose, pour laisser une empreinte (…). Mais quand nous choisissons le confort, en confondant bonheur et consumérisme, alors le prix que nous payons est très élevé: nous perdons la liberté. Il y a une grande paralysie lorsque nous commençons à penser que le bonheur est synonyme de confort."
Ce message des JMJ à Cracovie en juillet 2016 s’adresse aussi à chacun de nous. Celui qui arrive sans pour autant s’annoncer, incognito, frappe à notre porte. Il vient nous éveiller à l’essentiel. Et nous rappeler notre mission de réconciliation et de paix, son royaume à construire. Dénoncer la violence des entêtements et des colères, des jalousies venimeuses, rancunes indéracinables, écœurantes envies et ambitions toujours inassouvies.
Je laisse le mot de la fin à Yves Duteil "A l’abri du meilleur": "Nous avons ce qu'il faut pour enchanter le monde et rallumer la flamme au fond de tous les yeux (…) Nous avons le pouvoir en retournant la terre de semer l'avenir pour moissonner la vie cachée dans le secret de ce profond mystère que personne à ce jour n'a encore éclairci." A écouter sur YouTube. Bon chemin d’Avent!
Père Eric VOLLEN, s.j.