Le Pape François avait souhaité consacrer une année entière tout spécialement à la famille. Dans notre diocèse, elle a commencé le 19 mars 2021 à La Louvière. Elle s'est terminée en beauté le 26 juin 2022, cette fois à l'abbaye de Bonne-Espérance. «We believe in love » : un vrai moment de fête qui a rassemblé enfants, parents, grands-parents, amis dans une effervescence réjouissante.
Un dimanche d'été... Dès le début de matinée, le site de l'abbaye de Bonne-Espérance, lavé par les pluies abondantes de la veille, ressemble à une fourmilière. Il fait encore un peu gris, mais même les nuages se laisseront chasser par la bonne humeur générale et le joyeux brouhaha de cette journée spéciale. Cela fait des mois que la fête se prépare, que les surprises se concoctent, que les invitations sont parties dans tout le diocèse. Pour un fameux pari : rassembler des familles, dans leur diversité. Les accueillir, plutôt. Leur dire combien elles sont belles et importantes, quelles qu'elles soient. Pour leur dire que ce n'est pas toujours facile de « vivre en famille », d'être une famille, mais que cela reste un lieu essentiel. Et pour que chacun.e, une fois la fête finie, retourne chez soi avec des souvenirs colorés, des rêves, l'envie de recommencer.
Marie Gralzinski et Angélique Byl, sur le pont depuis des mois pour mettre sur pied une journée mémorable.
Pari gagné !
Dans le cloître, les stands jalonnent les allées : pastorale des Couples et familles, éveil à la foi, Fraternité de route, scouts, service des vocations, LGBT+ en Église, Amis de St-Jacques de Compostelle et quelques autres encore. De ci, de là, une porte ouverte sur une activité : une prière pyjama et un jeu de l'oie géant à la découverte de Don Bosco pour les petits, un atelier de chants pour les mélomanes, un jeu de piste pour mieux connaître le site magnifique de Bonne-Espérance. Plus loin, des montages prennent vie sous les mains d'une vingtaine de personnes concentrées autour d'un amas de fleurs.
On réfléchit, aussi, avec un ciné-débat empreint d'écologie et de spiritualité ou une conférence qui s'interroge avec humour et profondeur sur le difficile rôle de parent (voir encadré). À l'étage, la bibliothèque des moines accueille l'histoire contée de Thérèse de Lisieux.
Respecter l'expérience de tout être humain
Au cœur de la journée, une célébration festive (à voir ou revoir sur YouTube) rassemble tout le monde dans la basilique. Les stalles sont archi combles, beaucoup doivent prendre place au-delà des grilles qui séparent la nef en deux. Devant l'autel, un tapis a été garni de coussins pour que les enfants puissent se sentir plus à l'aise, libres de bouger. Rise Up, le service des jeunes, est aussi là pour veiller à l'animation. Les lectures terminées, avant de céder la parole à Mgr Harpigny, tous les membres de l'assemblée sont ainsi invités à noter sur un premier cœur de papier quelque chose qui les a marqués dans les lectures, puis, sur un deuxième cœur, une intention, un merci. Tous se prêtent à l'exercice, évêque, concélébrants et acolytes compris !
« Chacun se souvient de la première fois où il s'est senti bien en famille. Ensemble, on regarde des photos de famille anciennes. Puis, en grandissant, on se retrouve avec un tas de choses à faire. Mais parfois on se rend compte qu'il y a des choses plus essentielles que d'autres. Parfois il faut même quitter sa famille pour vivre sa destinée personnelle », commence Mgr Harpigny.
« Jésus a parlé de la famille. Il a aussi eu des paroles très dures pour ceux qui cassent les couples. Mais nous ne sommes pas là pour juger les couples qui changent. (...) Depuis des siècles, l'Église catholique a eu des mots assez sévères pour dire les conditions pour que cela fonctionne. Mais nous ne sommes pas faits pour les règles. Nous avons certes besoin de balises, mais elles ne doivent pas constituer un poids. Nous sommes invités à respecter avec bienveillance l'expérience de tout être humain. (...) Soyons bienveillants avec tout le monde, ne soyons pas trop durs avec nous-même et prenons la route qui mène vers le bonheur. »
Un goûter-surprise XXL
Dans l'après-midi, les activités ont repris de plus belle à travers tout le site. La troupe du KT-âtre a pris possession de la scène et étrenne sa nouvelle pièce : « Un père, deux fils, trois chemins », ou la parabole du fils prodigue revisitée. Hasard étonnant, les répliques font écho à la conférence qui a eu lieu quelques heures plus tôt devant plusieurs dizaines de participants captivés. « Il y a des jours où être un père est un cauchemar, j'ai l'impression de ne plus savoir mon texte ». Pas simple d'être parent, de laisser partir ses enfants, de les laisser se tromper, de les aimer quand même, de leur pardonner, de se laisser pardonner, de s'éloigner, de se retrouver... Dans la salle, les rires fusent. Ceux des enfants, qui trouvent les animaux de compagnie sur scène vraiment trop drôles, sont communicatifs. Les adultes, eux, se retrouvent sans doute bien souvent dans l'analyse de la vie de leur maître par le chien, le chat, l'âne ou le mouton de la maisonnée.
Mais les participants à cette grande journée des familles ne sont pas au bout de leurs surprises. Alors que l'après-midi est bien avancé, tout le monde converge vers le réfectoire. Une énorme table recouverte de nappes en papier attire tous les regards, un drone décolle prudemment pour venir se figer au-dessus. Et c'est un logo du service des couples et familles de plusieurs mètres carrés, fait de fruits et de gâteaux aux couleurs improbables, qui se dévoile alors ! À peine le temps d'immortaliser la création de la pastorale familiale que les morceaux de cake sont pris d'assaut.
Plus de 300 inscrits, des dizaines de participants de dernière minute, une cinquantaine de bénévoles et d'intervenants, voilà pour les chiffres. Mais surtout une belle collaboration entre de nombreux services diocésains, des participants heureux, un événement festif qui en appelle d'autres, l'espoir d'avoir ainsi insufflé un « esprit de famille » dans le diocèse.
Agnès MICHEL
La famille et les accidents du quotidien...
« Les familles : école de vie ou de perfection ? » L'analyse de Jean-Michel Longneaux remet l'éducation et notre rêve d'être de bons parents en perspective. C'est quoi, être un bon parent ?
Tous ceux qui ont des enfants ont sans doute imaginé un jour quel bon parent ils voulaient être. 15 ou 20 ans après, les rêves de patience, de compréhension, de complicité ont fait long feu, ils ont dû se frotter à la réalité, à nos limites, au quotidien. « Si on veut être parfait, on se prépare un enfer », prévient le conférencier. « On se sentira toujours mis en échec, cela peut nous conduire à être démobilisé, à se sentir coupable et on risque de le faire payer à son enfant. »