Marche pour la vie – Vers une nouvelle extension de l’euthanasie ?


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Marche pour la vie – Vers une nouvelle extension de l’euthanasie ?
Par Christophe Herinckx
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
3 min

Le dimanche 24 avril prochain, à Bruxelles, se tiendra la treizième Marche pour la vie. A l’occasion des 20 ans de la légalisation de l’euthanasie en Belgique, Wouter Suenens, l’un des organisateurs de l’événement, s’oppose à l’éventuelle extension de la loi aux personnes démentes.

En mai, cela fera 20 ans que l'euthanasie était autorisée en Belgique. Prévue à l’origine pour répondre aux demandes de personnes en phase terminale de leur vie, souffrant de douleurs physiques insupportables, la loi a ensuite connue plusieurs extensions. La possibilité de l’euthanasie a ainsi été autorisée pour les mineurs d’âge, et pour les personnes en situation de souffrance psychique inapaisable.

Comment évaluer aujourd’hui la pratique de l’euthanasie en Belgique? De nouvelles extensions de la loi sont-elles envisagées. Wouter Suenens, 24 ans, juriste de formation, est président de CLARA Life, l’organisateur de la Marche. Il a répondu aux questions de "Dimanche".

Wouter Suenens, quel bilan faites-vous de vingt années de pratique de l’euthanasie?

L’un des principaux arguments qui était avancé en faveur de la légalisation de l’euthanasie, c’est qu’on devait donner la possibilité aux personnes en fin de vie, souffrant de maladie incurable et de douleurs inapaisables, de "mourir dans la dignité". Mais après le vote de la loi en mai 2002, l’euthanasie est devenue, au fil du temps, comme un choix par défaut. Dès qu’une personne souffre d’une maladie grave, et risque de devenir dépendante, l’euthanasie est envisagée comme une option. La perte d’autonomie est désormais considérée comme une perte de dignité. Or, le soin à apporter aux personnes fragilisées n’est-il pas essentiel à notre vie en société?

Wouter Suenens © GabiPicture.

De nouvelles extensions de la loi sont-elles envisagées aujourd’hui?

Le docteur Wim Distelmans, co-président de la Commision de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie, a récemment proposé que celle-ci soit étendue aux personnes démentes. Un formulaire devrait être rempli, dans lequel une personne demande l’euthanasie au cas où elle serait atteinte de démence. Le moment venu, il reviendrait à un médecin de l’établir, et il pourrait alors euthanasier cette personne. Mais quels seraient les critères retenus? En outre, la personne démente n’a plus la capacité de décider consciemment et de modifier son choix. Au moment de l’euthanasie, elle ne saura pas ce qui se passe…

Ce qui est en jeu ici, c’est notre vision de la démence. Une personne démente n’est pas forcément en situation de souffrance ou de détresse. Elle mérite un accompagnement, des soins appropriés. Elle mérite d’être traitée avec amour et respect.

Que demanderez-vous lors de la Marche pour la vie du 24 avril?

Nous demandons que la Commission d'évaluation de l'euthanasie soit réformée, afin qu’un contrôle réel des euthanasies effectuées soit effectivement possible. Ce n’est actuellement pas le cas, car certains membres de la Commission pratiquent eux-mêmesdes euthanasies. Ils sont donc à la fois juge et partie. Nous demandons aussi qu'il soit interdit de pratiquer l'euthanasie en cas de souffrance psychique, que tout projet d'euthanasie pour les personnes atteintes de démence soit abandonné. Et enfin, qu’un réel accent soit mis sur les soins palliatifs qui sont une alternative plus humaine à l’euthanasie. Que les personnes en souffrance soient réellement entourées et suivies.

Propos recueillis par Christophe Herinckx

La Marche pour la vie se déroulera ce dimanche 24 avril, à partir de 14h, au Mont des Arts à Bruxelles.

Catégorie : Belgique

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