En ce dimanche de Pâques, le frère Philippe Henne nous partage son commentaire de l’évangile.
Et voici la nuit sainte, la nuit qui vit Jésus sortir du tombeau. Et nous avons tous besoin de paroles de résurrection. Après cette longue période de confinement, nous voici plongés dans une période de guerre. Le Covid-19 était un mal caché, qui pouvait frapper à tout instant, à gauche ou à droite, des gens de notre famille, comme des amis éloignés. Maintenant, l’Europe est devenue comme un baril de poudre. Il suffirait qu’un soldat un peu énervé ou paniqué pousse sur le mauvais bouton, et c’est un missile qui part en l’air ou une bombe atomique qui explose.
Tous les jours, nous sommes plongés dans des informations catastrophiques, non seulement sur la guerre, mais aussi sur le prix du chauffage et du mazout. Après tant de mois de mauvaises nouvelles, on risque d’en oublier l’essentiel: Dieu nous aime. C’est lui qui, même avant notre naissance, nous a formés dans le sein de notre mère. C’est lui qui nous a portés depuis notre enfance et qui nous a soutenus jusque maintenant, parce que, quand Dieu aime, ce n’est pas pour quinze jours ou trois semaines. C’est pour l’éternité. Cela ne va pas s’arrêter avec notre mort. Cela va continuer, mais autrement. Comment?
C’est impossible à dire. C’est comme si on voulait demander à un fœtus d’imaginer comment sera sa vie une fois qu’il sera sorti du ventre de sa mère. Il est là, bien au chaud, logé, nourri, bien protégé. Il ne connaît pas la douceur de la caresse du vent sur son visage, ni celui de la chaleur du soleil sur sa peau. C’est la même chose pour nous. Nous ne pouvons pas imaginer ce que sera notre vie dans le futur. Mais nous avons quelques petits indices fournis par Jésus-Christ lui-même. Quand il est ressuscité, les apôtres l’ont reconnu à ses blessures. Ce n’était donc pas une espèce de fantôme ou de vapeur d’eau inconsistante. C’était avec un corps personnel, bien à lui qu’il est ressuscité. Nous non plus, nous ne disparaîtrons pas dans une espèce de magma ou de boue informe. Nous serons bien reconnaissables, et cela non seulement avec nos caractéristiques propres: homme – femme, blanc – noir, brun – blond, etc., mais nous serons surtout reconnaissables grâce à nos blessures. Ces blessures, c’est ce qui a forgé notre caractère, en bien ou en mal. Parce que, pour pouvoir vivre et continuer à exister, il a fallu dépasser ces blessures et devenir plus durs ou plus aimants. C’est par nos blessures que nous pouvons mieux comprendre la souffrance des autres, et que nous pouvons trouver les mots justes pour les consoler. C’est peut-être là un aspect de la vie éternelle: mieux apprécier l’amour de Dieu grâce à nos blessures pour mieux le partager avec tous les autres pour l’éternité.

Sierra Exif JPEG
Frère Philippe HENNE, o.p.