Lors de sa troisième journée en Slovaquie, le Pape a dialogué avec les jeunes et rencontré les Roms. Prônant l'ouverture et l'intégration sur les pas du Christ, il affiche ses distances avec la récupération de la foi à des fins identitaires.
Les invitant à garder confiance en Dieu face aux défis du monde contemporain, François a rencontré des milliers de jeunes dans le stade Lokomotiva de Košice. Le Saint-Père a effectué un tour en papamobile sous les vivats et les drapeaux aux couleurs slovaques et du Saint-Siège. Un temps d'échanges qui a pris, comme souvent, la forme d'un dialogue.
Cultiver la durabilité
Soulignant que l'amour est à chérir et non à brader, il a insisté sur le fait qu'il "ne répond pas à la logique du jetable. L’amour est fidélité, don, responsabilité" […] "La vraie originalité aujourd’hui, la vraie révolution, c’est de se révolter contre la culture du provisoire, c’est aller au-delà de l’instinct et au-delà de l’instant". Pour le successeur de Saint Pierre, aimer à l'instar du Christ, c'est à la fois faire preuve d'un amour infini et avoir le courage de donner la vie jusqu'au bout, sans demi-mesure.
François veut encourager les jeunes à rêver. Pour ce faire, il les met en garde de s'enliser dans une culture de l'immédiateté et des illusions. Les modes passent, l'important n'est pas de paraître mais d'être. Et pour se construire, il faut des racines. Aussi le Pape invite-t-il les jeunes à cultiver le lien avec les plus anciens, les grands-parents, à prendre "le temps d’écouter leurs histoires".
Lors de ces échanges avec les jeunes, le Saint-Père a rappelé que Dieu est "un Père qui nous relève en toute situation". Se confesser, c'est lui demander pardon: "Dieu n’a jamais honte de toi. Il t’aime là où tu as justement honte de toi-même. Et il t’aime toujours". Et il a conclu en invitant chaque jeune à "se laisser embrasser par le Christ". "Quand nous sommes embrassés, nous retrouvons confiance en nous-mêmes et dans la vie" […] La Croix ne peut s’embrasser toute seule, a t-il conclu, la souffrance ne sauve personne. C’est l’amour qui transforme la souffrance. C’est donc avec Jésus que l’on embrasse la croix, jamais seuls !» Si l'on embrasse Jésus, alors la joie renaît.
Les Roms chez eux, dans l'Eglise
Juste avant de rencontrer les jeunes, le Pape s'est rendu dans un important quartier Rom. Là aussi le dialogue et l'ouverture étaient les maître-mots.
"Personne dans l’Église ne doit se sentir comme n’étant pas à sa place ou mis de côté", a déclaré le pape François alors qu’il visitait le quartier Luník IX de Košice abritant la plus grande communauté rom de Slovaquie.
Les Roms sont encore trop souvent victimes de jugements impitoyables, de stéréotypes discriminatoires, de paroles et de gestes diffamatoires a déploré le pape François. Il n’est pas facile d’aller au-delà des préjugés, a-t-il reconnu, même chez les chrétiens. Ce qu’il nous faut pour retrouver la dignité, a-t-il alors suggéré, "c’est passer des préjugés au dialogue, des fermetures à l’intégration".
Il souhaite que l'Eglise soit la maison de tous et que les Roms s'y sentent bien. Être Église, c’est se sentir responsable dans la vie, "faire partie de la même équipe". Dieu désire chacun différent mais tous unis autour de lui.
L'intégration, source de paix
Allant à l'encontre d'une idéologie identitaire excluant les étrangers et les Roms, le pape estime que l'intégration est un processus lent et vital, qui commence par la connaissance réciproque, avance avec patience et vise l’avenir.
Le pontife a alors remercié tous ceux qui accomplissent un travail d’intégration auprès des Roms. "Chers prêtres, religieux et laïcs, chers amis qui consacrez votre temps à offrir un développement intégral à vos frères et sœurs, merci!" "N’ayez pas peur de sortir à la rencontre de ceux qui sont marginalisés. Vous vous apercevrez que vous sortez à la rencontre de Jésus. Il vous attend là où il y a de la fragilité et non pas du confort".
4.300 Roms habitent le quartier Luník IX. Les problèmes d’infrastructure sont considérables: les maisons n’ont ni gaz ni eau courante. Quatre prêtres salésiens assistés par des religieuses aident actuellement la population, notamment sur le plan de l’éducation, mais aussi dans leur recherche de travail et leur intégration.
Le discours des "christianistes" cherche à "défendre la civilisation chrétienne", en l’instrumentalisent à des fins politiques, voire nationalistes relève Bosco d'Otreppe, journaliste à La Libre. Face à un premier Ministre - Viktor Orbán - qui tend à être plus catholique que le pape, François invite à ne pas réduire la foi catholique à une simple idéologie identitaire.
Nancy Goethals avec Vatican News et Cath.ch