
En mission bénévole au Burkina, en 2015, Jean-Pol mime le déroulement d’une campagne de collecte de fonds (DR)
Ces 15, 16 et 17 janvier aura lieu la 51e campagne Iles de Paix mais on ne peut dire qu’elle battra son plein. Jamais une récolte de fonds n’aura été autant bouleversée dans son fonctionnement par des circonstances externes. En raison des risques liés au Covid, de très nombreux bénévoles ne participeront pas à la campagne; ce qui constitue un enjeu de taille (*). Cependant, malgré ses 68 ans, Jean-Pol a décidé de ne pas baisser les bras.
Si chaque engagement bénévole est différent, le cas de Jean-Pol Harzée illustre tout de même bien la force et la motivation de nombreux responsables de campagne. Ce sont eux qui recrutent les vendeurs et organisent la campagne au niveau local; leur engagement ne se limite donc pas au seul week-end de récolte de fonds. D’ailleurs que vendent-ils réellement? Des objets ou des projets?
Retraité depuis trois ans, Jean-Pol Harzée n’a jamais ménagé ses efforts pour réussir « ses » campagnes Iles de Paix. Il se souvient de ce qui l’a motivé à accepter, voici 34 ans déjà. « Dans la région et la paroisse, j’avais déjà la réputation de celui qui ne savait pas dire ‘non’. Un soir, en 1986, deux personnes sont venues m’expliquer les actions d’iles de Paix car elles cherchaient un nouveau responsable pour le secteur. Je ne connaissais pas cette action mais vingt minutes ont suffi à me convaincre. J’ai estimé que c’était bien, beau et bon. Je n’avais aucune raison de refuser sauf si je voulais préserver mon confort personnel. Ils ont dû être surpris que je dise si vite oui. »
Construire la solidarité

Maintenir la chaîne de solidarité Nord-Sud : enjeu majeur de cette campagne Iles de Paix 2021 (DR)
Le secteur de Bastogne, en province de Luxembourg, est grand. Or, en 1986, Jean-Pol se rend vite compte que le carnet d’adresse de son prédécesseur ne lui ouvre pas beaucoup de portes. Il se qualifie d’ardennais têtu et repart à zéro en faisant appel à son propre réseau de connaissances. En deux années de campagnes, il parvient ainsi à plus que doubler le montant de modules vendus, passant de 120.000BEF à 350.000 BEF (valeur actuelle: un peu moins de 9.000 €) et il arrive même à agrandir son secteur.
Travaillant comme dépanneur chez Touring Assistance et passionné de son potager, Jean-Pol allie la volonté d’aider à la capacité de se retrousser les manches et … de cultiver ce qui est bon. Les campagnes se succèdent et, chaque année, une centaine de bénévoles le rejoint. Lui, ne compte pas ses journées, se dédiant pendant une voire plusieurs semaines à informer les élèves et entraîner d’autres vendeurs dans son sillage. D’année en année, les résultats s’affichent fièrement au compteur: l’équipe récolte entre 14 et 18.000€ en couvrant Bastogne et 5 communes alentours.
Sensibiliser
Mais ce qui compte le plus pour lui, c’est de faire le lien entre là-bas et ici. Il est allé en mission bénévole au Pérou, au Burkina et au Bénin. Souvent, tout en sarclant son potager, ses pensées s’envolent vers ces paysans qu’il a rencontré.
C’est sans doute ce qui le motive encore plus à rencontrer les élèves pour leur parler le langage des gens simples. « Je sais, dit-il, que des dizaines de milliers de personnes vivent dans l’insécurité et que Iles de Paix agit concrètement pour leur permettre de devenir autonomes en pratiquant une agriculture durable. » Pour transmettre ce qu’il a vu et ce qu’il ressent, il a une botte secrète: la poésie slammée. C’est ainsi que ‘le vieux monsieur’ conquit son jeune public. Et, ensemble, ils abordent des thématiques qui impactent déjà fort les populations du Sud: la pauvreté, la faim, le manque de scolarité, le réchauffement climatique… Ces trop brefs moments de partage lui permettent cependant de convaincre les centaines de jeunes à agir à leur tour (95% des élèves lui ramènent le fruit de leur vente au bout d’une semaine).
La foi qui motive
Si les défis à relever pour cette campagne de récolte de fonds l’ont d’abord découragé, Jean-Pol croit fondamentalement en l’homme. Sa foi, retrouvée vers 25 ans, est aussi un moteur. Elle s’inspire particulièrement des pensées et actions de Saint François et du pape actuel. Son second moteur est l’engagement. Lui qui aime dire « ce n’est pas moi qui fait Iles de Paix mais c’est Iles de Paix qui m’a fait » va donc tenter, cette année, de maintenir la flamme allumée de la solidarité. Il se dit confiant et, comme à l’époque où il était dépanneur et sortait par tous les temps, ce n’est sans doute pas la tempête liée à la crise du coronavirus qui va avoir raison de sa motivation. Bien au contraire!
A l’instar de Jean-Pol Harzée, de nombreux responsables de secteur vont faire de leur mieux pour limiter les dégâts causés par cette « tempête ». Ils savent combien les paysans du Sud (Burkina, Bénin, Tanzanie, Ouganda, Pérou) comptent sur la solidarité pour simplement vivre mieux. L’association Iles de Paix pour laquelle ils s’engagent avec tant de cœur se relèvera et l’espérance sera le maître-mot de cette année.
Nancy GOETHALS
La 51e campagne Iles de Paix se déclinera surtout en mode virtuel, via les réseaux sociaux et internet. Quelques magasins acceptent des vendeurs. Avec Jean-Pol et tous les autres bénévoles, chacun peut contribuer en cliquant sur la page « campagne » du site, ou sur la page Facebook de Iles de Paix. Tout don est le bienvenu sur le copte de siles de Paix BE97 0000 0000 4949 avec la mention « Campagne Iles de Paix 2021 »
A lire aussi dans Dimanche n°2: Campagne Iles de Paix et Covid : l’enjeu des bénévoles.