
Alléger le poids réel et écologique des voitures: un must!_CCO Pixabay
A l’heure où aurait dû se tenir le salon de l’auto et où les publicités vantent à qui mieux mieux des voitures soi-disant écologiques, la Fédération Inter-Environnement Wallonie (IEW) et Parents d’Enfants Victimes de la Route – SAVE asbl (PEVR) adressent un plaidoyer aux politiques. Leur but n’étant pas de supprimer l’automobile mais de la mettre à une juste place. Et d’alléger son poids réel et écologique.
Depuis plus de six ans, IEW et PEVR travaillent sur le concept de voiture raisonnable. Le projet LISA Car (LIght and SAfe Car) a pour objectif la mise en place d’un cadre réglementaire limitant la masse, la puissance et la vitesse de pointe des voitures ainsi que l’agressivité de leur face avant. Ceci au bénéfice de la sécurité routière et de l’environnement. L’actualité de ces derniers jours les a conduits à adresser cette lettre ouverte aux représentants politiques.
Lettre ouverte
« Madame, Monsieur,
Les travaux des experts en mobilité et en sécurité routière de la Fédération Inter-Environnement Wallonie (IEW) et de Parents d’Enfants Victimes de la Route –SAVE asbl (PEVR) viennent de trouver un intéressant écho dans les propos éclairés et courageux de monsieur Xavier Daffe, rédacteur en chef de la plus connue des revues automobiles en Belgique, le Moniteur Automobile. Ceux-ci ont été écrits au cœur des campagnes publicitaires des constructeurs qui sont d’autant plus intensives que le Salon de l’automobile n’a pu se tenir cette année. Ce contexte particulier nous incite à vous adresser cette lettre ouverte.
Mais laissons d’abord la parole à monsieur Daffe:
« Mais pourquoi donc, dans un contexte de transition environnementale (…) les constructeurs s’ingénient-ils encore à développer des voitures électriques (ou électrifiées) de 400, 500 ou 600 chevaux voire plus encore? (…) Quelle est donc cette folie qui consiste à mettre sur le marché des engins électriques ou hybrides rechargeables de plus de 2 tonnes dont la puissance délirante sert au mieux à mouvoir cette masse, au pire ne sert… à rien dans un contexte de zones 30 qui se généralisent? Franchement, au-delà de la caricature, l’intérêt sociétal me dépasse ». Et il poursuit : « En 2013, j’essayais (…) une XL1 pesant 795 kg malgré sa technologie hybride rechargeable (…) et affichant une consommation de… 1 litre/100 km (soit environ 26 g/km de CO2). (…) À l’époque, ce petit proto était déjà capable de parcourir environ 50 km en mode 100% électrique. Soit autant que les hybrides rechargeables actuels. Où est donc le progrès? À quel moment s’est-on pris les pieds dans le tapis? Ne serait-il pas temps de revenir à la raison et de se dire, comme le disait un certain Colin [NDLR: Chapman, fondateur de la marque automobile Lotus], que le poids, c’est l’ennemi ? »
Ces propos, concrets, francs et précis à la fois – partagés, nous en sommes convaincus, par de nombreux expert en automobile – font écho au concept de LISA Car (Light and safe car) développé en 2014 par IEW et PEVR . Ce concept:
1) consiste dans la promotion d’une voiture légère, raisonnablement puissante et rapide et au profil plus fluide.
2) a pour objectif la mise en place d’un cadre réglementaire limitant précisément la masse, la puissance et la vitesse des voitures ainsi que l’agressivité de leur face avant.
Par ailleurs, dans une logique de transition vers un modèle de mobilité durable, la motorisation des LISA Car sera de préférence électrique et leur utilisation se fera dans une logique de partage. Le second point constitue l’originalité de notre démarche : devant l’incapacité de l’industrie automobile à modifier ses orientations pour relever les défis du climat, de la santé publique et de la sécurité routière, nous avons élaboré une série de recommandations précises à destinations des responsables politiques, adaptée aux différents niveaux de pouvoir, depuis la commune jusqu’à l’Union européenne. L’action politique a en effet la capacité d’accompagner l’industrie automobile dans une nécessaire reconversion prenant en compte non seulement l’intérêt sociétal actuel et futur, mais aussi, nous en sommes convaincus, l’intérêt industrie
Un appel pour une régulation du marché automobile en faveur des (e)Lisa Car est actuellement signé par 30 organismes (acteurs industriels, ONG d’environnement et de sécurité routière, acteurs de la transition, …) et plus de 200 citoyen·nes dont de nombreux·ses expert·es en mobilité, en sécurité routière, en environnement et en développement durable. Nous avons par ailleurs reçu de nombreux signes d’intérêts pour les propositions que nous avançons, notamment de la part d’experts en ingénierie automobile et de mandataires politiques à tous niveaux de pouvoir
L’actualité du début du mois de janvier est traditionnellement largement consacrée aux questions de mobilité et d’automobile. Bien que Salon de l’auto ait été reporté d’un an en raison de la pandémie, ce mois de janvier 2021 ne déroge pas tout à fait à la règle. Les constructeurs, sous la conduite de la Febiac, ont en effet développé une impressionnante campagne de communication. Sans surprise, une grande partie (pour ne pas dire la majorité) des modèles promus par les différentes marques est de type SUV, soit l’archétype de l’anti LISA Car
Aussi tenons-nous à insister sur l’importance de sortir de la tendance dénoncée par monsieur Daffe et de passer des signes d’intérêt pour le concept de LISA Car à la mise sur pied des avancées concrètes vers cette nécessaire réorientation de la production automobile. Au cœur de ces recommandations, la prise en compte du poids: Light is right. »
NG (avec CP)