
Le Belge Dominique Mathieu, apôtre du dialogue interreligieux, nouvel archevêque de Téhéran (c) ofmcov-oriente.org
Le 8 janvier dernier, le pape François – qui, depuis le début de son pontificat, s’investit dans un dialogue constructif avec les autorités iraniennes – a nommé le Frère Mineur Conventuel Dominique Mathieu archevêque de l’archidiocèse latin catholique de Téhéran-Ispahan. Le père belge, âgé de 57 ans, né à Arlon mais ayant vécu dès son enfance à Bruges, a partagé à la rédaction de Kerknet la totale surprise de cette nomination. « Cela ne me semblait absolument pas imaginable pour moi. Cependant, malgré mes faiblesses, c’est engagé et confiant dans le Seigneur, que je suis prêt à suivre la voie qu’Il m’a tracée dans Son Église. »
Fra Dominique Mathieu, qui va bientôt déménager à Téhéran, ne sait pas pourquoi le pape l’a choisi pour cette mission. Certains médias italiens associent cette nomination à la réorganisation de l’église latine en Iran. Mais il est convaincu que cela a plus à voir avec la volonté de l’Ordre des Frères Mineurs Conventuels de répondre aux besoins les plus importants de l’Église universelle. « Depuis 2015, suite au départ de l’ancien archevêque et de quasiment tous les membres du clergé – sauf un -, la petite communauté catholique romaine en Iran n’a plus de pasteurs locaux permanents. » L’Iran compte officiellement seulement 2 000 croyants catholiques, pour la plupart des étrangers. Mais leur nombre réel serait cinq fois plus élevé. [L’archidiocèse] ne compte que six paroisses. « Mais tous les croyants, qu’ils soient habitants ou en transit, même dans les parties les plus reculées du territoire, ont droit à un berger. Dieu reste fidèle à sa promesse de ne pas abandonner ses enfants. »
Envoyé pour le dialogue interconfessionnel
La situation des chrétiens en Iran est délicate, même si les conditions des croyants catholiques se sont améliorées grâce aux bonnes relations avec le Vatican et à la correspondance intense entre [le président] Mahmoud Ahmadinejad et Benoît XVI. A plusieurs reprises Rome a condamné l’embargo contre l’Iran et a également critiqué ouvertement les États-Unis lorsque Donald Trump a rompu l’accord nucléaire avec l’Iran. Néanmoins, deux séminaristes (chaldéens) ont été récemment arrêtés pour s’être convertis au christianisme. Par ailleurs, les services de culte en farsi, langue persane majoritaire en Iran, sont interdits par les dirigeants iraniens. Notre compatriote étant connu pour son humilité et sa retenue; ces qualités lui seront particulièrement utiles dans la délicate mission que lui a donnée le pape.
Le Frère Mineur Conventuel belge évoque également l’étroit dialogue interreligieux entre le Vatican et le clergé islamique du pays: « Le Saint-Siège et l’Iran entretiennent des relations diplomatiques depuis 1953. En 1966, une nonciature apostolique a été installée en Iran. Au niveau académique, les institutions catholiques à Rome et les chiites à Qom collaborent de façon constructive. En outre, à Qom, le Catéchisme de l’Église catholique a également été traduit en farsi. Les étudiants ont accès à la foi, la culture et la théologie des catholiques. »
A l’occasion de sa formation de séminariste à Rome, Dominique Mathieu est entré en contact pour la première fois avec des musulmans. « Plus tard, à Bruxelles, j’ai vécu pendant des années dans un quartier majoritairement marocain et j’ai étudié les bases de la langue arabe à la mosquée du parc du Cinquantenaire. Début 2013, je suis parti pour le Liban avec la même propension que [saint] François. Le Proche-Orient ne m’a plus jamais lâché. En 2019, j’ai été appelé à Rome. De temps à autre réapparaissait dans mon esprit la vision divine des mages orientaux et la conviction que je reviendrais comme eux par une autre voie … pour témoigner que j’avais suivi l’étoile, vu le Messie et devait porter – en actes et, si possible, en paroles – son amour et sa paix à ‘tous les Frères et Sœurs’. »
Sur les traces de saint François
Tout jeune, Dominique Mathieu se sent appelé à la vie monastique sur les traces de saint François, qui lui-même entama il y a 800 ans le dialogue avec l’islam. « Dans mon enfance, j’ai pris conscience pour la première fois de l’appel de Dieu. Au fil des années, Sa voix a pris différentes formes, et peu à peu il m’est apparu qu’Il me demandait de suivre les traces du Poverello d’Assise, conformément au charisme des Frères Mineurs Conventuels. En tant qu’envoyé du pape, en lien avec l’Église universelle, je veux rapprocher la petite foule de catholiques romains autour de la Parole de Dieu incarnée et ainsi être la levure vivante dans la pâte d’un peuple hospitalier et cultivé. »
Philippe KEULEMANS, Kerknet
Traduction NG, l’article original est à lire sur Kerknet