En ce 3 novembre, jour de la fête de saint Hubert, patron de la ville de Liège, Mgr Jean-Pierre Delville a adressé un message aux fidèles, animateurs pastoraux et aux clercs de son diocèse. L’évêque de la Cité ardente propose aussi une prière pour sortir de la crise sanitaire.
Dans son message, Mgr Delville précise d’emblée que jamais sans doute depuis la dernière Guerre mondiale nous n’avons ressenti à ce point notre fragilité ni vécu aussi intensément une épreuve collective. « La crise du coronavirus dans sa deuxième vague assaille toute la société et ne se concentre pas sur un secteur précis. Les enfants sont moins touchés, heureusement. Les autorités civiles ont pris la décision courageuse de confiner la population, de la manière la plus humaine possible », écrit-il en posant ces questions: comment assumer ce confinement et comment l’évangile nous éclaire-t-il?
Que sommes-nous en train de vivre ?
« La pandémie entraîne de grandes souffrances et suscite de grandes peurs. Pour les personnes atteintes de la Covid, les souffrances se prolongent parfois et s’aggravent ; certains malheureusement y laissent la vie ; tous doivent se battre pour résister ; beaucoup, par bonheur, en sortent progressivement guéris. L’angoisse de la mort fait alors place à une grande joie, pour ceux qui sont « passés par la grande épreuve » et pour leurs proches qui les ont aidés. Les personnes contaminées vivent une grande solitude et une mise à l’écart ; certaines éprouvent un sentiment de culpabilité. Sachons les contacter et les aider de notre mieux », poursuit l’évêque de Liège, soulignant aussi que ceux qui ne sont pas malades du Covid peuvent souffrir pour d’autres raisons.
Il rappelle que pour les personnes qui accompagnent les malades, « la tâche est rude et pénible ». « Le personnel hospitalier et médical est au maximum de ses forces et de ses efforts. Mais chacun de nous est aussi mis à contribution pour soutenir les malades de son entourage. Cela entame nos forces et pèse sur notre moral. Les prêtres, les diacres et les équipes de deuil, en particulier, sont en première ligne pour affronter ces situations et rencontrer les familles éprouvées. Les équipes d’aumônerie d’hôpital et de prison font un travail exceptionnel de présence là où c’est possible et consolent les malades par l’amitié et la prière. Elles le font au nom de l’Eglise ». Et d’ajouter: « A travers elles, c’est toute l’Eglise qui est présente et bien branchée sur Dieu ».
Mgr Delville poursuit en s’adressant à ceux qui ont des responsabilités pastorales, reconnaissant que « le découragement ou la lassitude peuvent peser à certains moments face à l’ampleur des initiatives à prendre, au nombre de personnes à accompagner, aux célébrations à assumer (ou à ne plus assumer) ». Il aborde aussi la privation de célébrations, l’absence de réunions et la suspension de nombreuses activités. « On sera privé de sacrements, de communion, de liturgies. Il faudra reporter de nouveau des célébrations prévues. Cela est frustrant pour tous. Cela nous rappelle combien sont importantes nos rencontres quand nous avons la chance de pouvoir les vivre librement. Et combien l’esprit de communauté doit toujours être travaillé », écrit-il.
Comment le Christ nous éclaire-t-il ?
« Ce pic de la pandémie et ce confinement tombent au jour de la Commémoration des fidèles défunts, comme le premier pic était tombé le vendredi saint de cette année 2020. Ce cadre de prière nous invite à nous tourner vers le Seigneur dans la foi. Mais notre foi est fragile: comment croire vraiment à la vie éternelle et à la résurrection des morts, à l’ère de la technologie? Mais comment ne pas croire au message d’amour du Christ qui sauve l’humanité de ses errements et de ses fautes? », s’interroge l’évêque. « Seule la foi en un Dieu père, qui fait de nous tous des frères et des sœurs peut sauver l’humanité. Et cette foi transcende la mort », poursuit l’évêque.
Mgr Delville aborde alors un aspect imoprtant, à savoir comment réagir sans nous laisser submerger? « En ligne de fond, nous voulons travailler aux initiatives de solidarité et de proximité pour ceux qui en ont le plus besoin. (…) Dans le secteur social, le Vicariat Evangile & Vie appuie les projets permettant d’héberger davantage de personnes sans domicile fixe durant le plan grand froid. Il soutient avec le Vicariat de la Santé l’initiative d’une plateforme téléphonique permettant une écoute permanente des personnes souffrant de solitude. Il lance avec Caritas Secours Liège des projets d’aide sociale de proximité notamment pour soutenir les courses alimentaires. Il appuie les Services sociaux des paroisses et des doyennés en lançant un appel pour engager de nouveaux bénévoles et rester solidaires. Il encourage les aumôniers de prison et leurs équipes ».
L’évêque de Liège passe alors en revue les initiatives qui se mettent en place au niveau du diocèse, pour accompagner les acteurs pastoraux, la catéchèse ou encore les projets pastoraux qui se mettent en place pour Noël.
Quelle espérance globale apporter?
« En tant qu’Eglise, nous sommes porteurs de solidarité et de fraternité: nous découvrons combien nous en avons vraiment besoin maintenant. Nous devons également découvrir Dieu comme celui qui nous appelle, qui nous procure un idéal et nous donne la force de faire face aux problèmes. C’est ce message d’espérance que nous devons apporter. Nous ne devons pas seulement nous focaliser sur les pourcentages d’infections, mais aussi chercher des orientations pour l’avenir. C’est là que le message chrétien apparaît dans son authenticité. Face à la finitude, à la souffrance et à l’échec, nous continuons à nous demander: qu’est-ce qui est essentiel dans la vie? Alors nous découvrons que l’amitié et la spiritualité peuvent vraiment aider. Nous devons donc apporter le message évangélique dans notre monde d’une manière renouvelée et différenciée », poursuit Mgr Delville, en invitant à prier pour que ces épreuves s’écartent, en citant également les attentats terroristes récents et les tremblements de terre en Turquie et en Grèce.
L’évêque de Liège livre ensuite une prière pour sortir de la crise sanitaire.
J.J.D.