Comment l’évêque de Tournai a-t-il vécu le confinement ? Mgr Guy Harpigny raconte son quotidien du 13 mars au 29 mai dans l’éditorial du dernier numéro de Eglise de Tournai. Extraits.
"Tout s’arrête brutalement. Le 12 mars 2020, la conférence épiscopale, qui se tient à Malines, est informée par des personnes qui ont autorité dans l’Etat, de la gravité de la future pandémie. Aussi prend-elle la décision d’interdire les célébrations publiques dans les églises. Les églises des ordres religieux et des instituts de vie consacrée peuvent avoir des célébrations du moment qu’il s’agit de personnes vivant sous le même toit, en l’absence de personnes extérieures à la communauté."
A titre personnel, "je préside, chaque jour, l’eucharistie dans la chapelle de l’évêque au palais épiscopal. […] J’apprends, dès le début du confinement, que des prêtres du diocèse président des liturgies dominicales en streaming. Je trouve que c’est une très bonne chose. Ces prêtres veulent garder un contact avec les fidèles, alors qu’il est presque impossible de les rencontrer chez eux en présentiel." Mgr Harpigny relate aussi avoir célébré plusieurs fois avec une diffusion télé ou radio : "le 8 mars 2020, je préside l’eucharistie du mercredi saint dans le studio de RCF à Wavre. […] la liturgie du vendredi saint célébrée dans la chapelle de l’évêque a été diffusée par les chaînes locales de la province de Hainaut (NOTELE, TLMB, Antenne-Centre)."
Du temps non compté
L’évêque de Tournai poursuit son témoignage en racontant son quotidien : "En plus de la liturgie eucharistique quotidienne, la liturgie des Heures et la prière personnelle, pour lesquelles j’avais enfin du « temps non compté », j’ai cherché à terminer tous les dossiers en cours. Je suis heureux d’être arrivé au bout. Il me reste à rencontrer les personnes qui attendent un rendez-vous, dès que ce sera autorisé. Comme j’ai, dans mon bureau, une table remplie de revues et de livres, je me suis dit que je n’allais pas passer mon temps à lire « pour avaler » le contenu de ces ouvrages. Pour avoir un horaire strict, j’ai repris celui de la période de ma vie où j’étais professeur, une période que j’ai réellement appréciée. C’est ainsi que j’ai rédigé des recensions de deux ouvrages qui pourraient, éventuellement, intéresser quelques lecteurs."
Parmi le temps que Mgr Harpigny consacre à la lecture de son courrier, une demande retient son attention : "Dès le début de la pandémie, beaucoup de personnes ont envoyé un mail, ainsi que des lettres, pour demander aux évêques de consacrer la Belgique au Cœur Immaculé de Marie. Puisque les évêques du Portugal l’ont fait, qu’est-ce que les évêques de Belgique attendent pour le faire ? C’est le même groupe de personnes qui proposent, chaque année, de dire le chapelet le long des frontières belges afin d’être libérés du mal. Plusieurs évêques ont reçu ce courrier. Une étude théologique a mis les choses au point. Une étude historique a révélé que les évêques belges avaient consacré la Belgique au Coeur Immaculé de Marie en 1943, un an après que Pie XII ait consacré le monde entier au même Coeur. C’était une demande d’une des voyantes de Fatima, en 1917."
Pas de messe pour la Pentecôte
Dans ce journal du confinement, l’évêque de Tournai revient longuement sur les échanges et les tractations pour la reprise des cultes publics selon un protocole sanitaire strict. "Combien de fois n’ai-je pas dû expliquer que ce ne sont pas les chefs de culte qui décident en matière de santé publique ! Eux aussi doivent obéir aux lois, décrets, arrêtés comme tous les citoyens. Un évêque qui ne respecterait pas les directives des gouvernements en matière sanitaire, en poussant les prêtres à célébrer l’eucharistie « comme avant », outrepasse ses prérogatives. Il risque même d’être jugé responsable de la mort des personnes infectées par le Covid-19 au cours de ces liturgies interdites. Finalement, pour répondre à ceux qui « me » reprochaient d’avoir interdit les messes dans les églises, je parlais du Pape François qui, de manière très stricte, a respecté les mesures sanitaires. La prière du Pape le vendredi avant la semaine sainte, seul sur la Place Saint-Pierre à Rome, a, heureusement, été un signal fort."
L’évêque de Tournai conclut : "C’est dans la fragilité de notre vie que nous pouvons, comme chrétiens, faire l’expérience de la puissance de Dieu. À chacun, chacune de voir, là où il vit, comment il fait confiance en Dieu."
AFdB (avec Eglise de Tournai)