Premier roman réussi pour Marie-Pierre Jadin. « Brasiers » emmène le lecteur au cœur de l’Ardenne et de son histoire.
Il y a des régions qui reflètent des réalités multiples, Bastogne en fait partie. Dans les alentours de la cité ardennaise, une vie assez rurale coexiste aux côtés des attraits d’une ville de 15.000 habitants. C’est là que de nombreux citadins décident de s’installer pour que leur rythme de vie soit plus serein qu’il ne l’était à Bruxelles. Les deux personnages principaux du roman de Marie-Pierre Jadin ont fait ce choix: il y a d’un côté Luc, le jeune inspecteur de police qui vient d’être embauché à Bastogne. De l’autre côté, le lecteur rejoint Cécile, qui s’est installée avec son compagnon et leur fils, dans une ferme de la région. Si le livre commence en alternant les deux trames parallèles, ces histoires se rejoignent par le fait que l’inspecteur de police se voit confier une mission liée à la maison du jeune couple citadin. Nous n’en dirons pas plus pour ne pas déflorer le suspense de ce roman.
2006, puis juillet 1987, mais aussi 1944… Marie-Pierre Jadin joue avec le déroulement de l’histoire sans dérouter le moins du monde le lecteur, puisque les dates-clés sont reprises à plusieurs occasions par l’un ou l’autre personnage. Le roman laisse une place importante à la grande Histoire, et aux petites histoires individuelles. Marie-Pierre Jadin pousse le talent jusqu’à faire le lien entre plusieurs grands événements historiques que sont la bataille des Ardennes et la fin de la guerre froide.
Choix de la simplicité
La lecture de ce roman policier permet de percevoir la réalité du monde rural où les voisins peuvent s’entraider pour retrouver du matériel agricole ou pour rechercher un enfant disparu. Cette description assez fine des habitudes ardennaises montre la connaissance que l’auteure en a acquise en passant de nombreux étés sur place depuis l’adolescence. Marie-Pierre Jadin a particulièrement soigné le portrait de Cécile, l’ancienne journaliste devenue simple habitante de Sainte Ode. Elle décrit ce jeune couple fraîchement installé dans leur mode de vie tourné vers la simplicité. Tous les travaux de la ferme sont faits par eux, c’est ainsi qu’ils découvriront la porte ouverte sur le passé de la région.
Signalons que ce livre « Brasiers » a valu à l’auteure le prix Fintro Ecritures noires. Remis lors de la Foire du Livre de Bruxelles en mars dernier, ce prix veut faire connaître des voix nouvelles d’auteurs de polars belges francophones.
Anne-Françoise de BEAUDRAP
« Brasiers », de Marie-Pierre Jadin, Ker éditions, 156 pages.