Ils sont devenus « nos héros », peut-être à leur insu ou ils s’en défendent. Ils travaillent peut-être au moment où – chaque soir à 20h – la population les applaudit de sa porte, sa fenêtre ou son balcon. « Ils et elles » sont au chevet des patients ou veillent au bien-être des personnes (âgées, en institution…). Cathobel et Dimanche vous invitent à partager leurs ressentis. Aujourd’hui, une femme de ménage témoigne de sa mission au cœur d’un hôpital.
Madeleine est presque étonnée qu’on s’intéresse à elle. Depuis longtemps, elle nettoie les couloirs et les chambres d’un des services de l’hôpital des enfants à Bruxelles, une aile qui n’est heureusement pas impactée par la contamination du nouveau coronavirus.
La femme de ménage, habituée des lieux, remarque d’abord la méfiance générale: « tout le monde a peur. Quand nous passons bien protégés dans notre tenue, les personnes qui nous croisent s’éloignent. Je dois rester à distance du patient et de sa famille quand je nettoie la chambre« . Le contexte a aussi une incidence sur sa vie familiale: « je ne peux pas m’approcher de ma grande fille et ses enfants. Ils savent pourquoi. Ils m’encouragent en disant: ‘Mamie, courage! Ce n’est pas facile, pour toi et pour nous’. »
D’un autre côté, le personnel de l’hôpital est soutenu par de jolies surprises: « les familles ou les gens de l’extérieur nous ont déjà fait la surprise d’amener des couques, mais aussi plus récemment du chocolat. C’est vrai que c’est la période! »
Des petits miracles
Madeleine reconnaît disposer du matériel nécessaire pour nettoyer les chambres du service où elle travaille habituellement. Elle est aussi préparée à d’autres affectations: « Nous avons reçu une formation pour savoir les gestes à faire, si nous devions travailler dans l’environnement d’un jeune patient contaminé. Il y a trois enfants atteints de ce virus, dans un autre service. On nous a expliqué comment mettre la tenue, bien fermer la blouse, porter les lunettes spéciales… Le plus important c’est la manière d’enlever la blouse (NDLR, elle mime le geste) en tirant par l’intérieur au niveau des épaules. Si on ne le fait pas correctement, on risque de se contaminer. Je serai d’accord pour aller aider si le besoin s’en fait sentir. »
Pour Madeleine, rendre la chambre d’hôpital propre représente un peu plus qu’un travail. « Les petits malades, confie-t-elle, ont besoin de la prière. Chaque jour, je les confie dans le chapelet que je récite. Je suis persuadée qu’il peut y avoir des petits miracles. » Même si actuellement, la femme de ménage reste à distance des patients et de leur famille par respect des mesures sanitaires, elle entre différemment en communication avec eux. Les petits malades sont accompagnés par la présence bienveillante de Madeleine, et des autres personnes chargées du nettoyage.
Recueilli par AF de B.
La totalité de l’interview est publiée dans le dossier « Merci! » du Dimanche n°17