
Mar Gewargis III Sliwa a toujours entretenu d’excellentes relations avec le pape François (copyright: service presse du Vatican)
Le patriarche de l’Église assyrienne d’Orient, Mar Gewargis III Sliwa, a annoncé sa démission pour raisons de santé. Va-t-on trouver un nouveau leader spirituel prêt à aller vivre en Irak ?
Gewargis III Sliwa était un homme apprécié par tous ceux qui étaient actifs dans le dialogue œcuménique ou interreligieux. Depuis que son prédécesseur, Mar Dikha IV, avait signé une déclaration christologique commune avec le pape Jean Paul II en novembre 1994, cette petite Église orientale autocéphale était devenue un interlocuteur privilégié dans le dialogue entre plusieurs traditions orientales et avec les catholiques voire même les orthodoxes.
Raisons de santé
Dans une lettre datant de début février, le patriarche de l’Église assyrienne de l’Orient, Mar Gewargis III, âgé de 78 ans, annonçait donc qu’il voulait renoncer à sa fonction pour raisons de santé. Entre-temps, le secrétaire du saint synode de l’Église assyrienne de l’Orient, l’évêque Awa Royel de Modesto en Californie, a rendu publique cette décision et convoqué les évêques fin avril à Erbil en Irak, afin que le synode puisse y élire un successeur.
Saint Thomas
L’Église assyrienne de l’Orient, fondée par la tradition par l’apôtre Thomas, est une église dite « des deux conciles », ce qui veut dire qu’elle est devenue autocéphale avant les conciles œcuméniques d’Éphèse (431) et de Chalcédoine (451), qui ont établi la formulation de la christologie des catholiques et des orthodoxes. Dans la pratique, la tradition dogmatique de cette église accentue plus la différence entre la nature humaine et la nature divine du Fils que le font les deux grandes traditions chalcédoniennes.
Mais, après plus de quinze siècles de mutuels reproches d’hérésie, l’Église catholique de Rome et l’Église assyrienne de l’Orient se sont donc mis d’accord, en 1994, pour affirmer que leurs christologies respectives, bien que formulées différemment, sont foncièrement semblables. Depuis lors, cette église, qui dit la « Messe des Mystères » en araméen, a aussi entamé un dialogue sur l’unité avec d’autres églises orientales ainsi qu’avec l’Église catholique chaldéenne, également située en Irak.
Déplacement du siège
Mais, depuis l’entre-deux-guerres, l’Église assyrienne de l’Orient était devenue une église de la diaspora et son siège patriarcale avait été transféré à Morton Grove près de Chicago aux États-Unis. C’est là que, durant les années 1970, l’enseignant d’anglais irakien Warda Daniel Sliwa a rencontré le patriarche Dinkha IV, qui l’a appelé au sacerdoce, ordonné prêtre en 1980 et consacré comme métropolite de Bagdad et de tout l’Irak en 1981. Le jeune évêque de 40 ans a alors décidé de retourner s’établir dans son pays natal.
Il était dès lors le seul évêque en Irak après la mort de Dinkha IV, ce qui explique son élection comme patriarche en 2015. Et après s’être choisi le nom de Gewargis III, il a décidé de retransférer le siège patriarcale en Irak, à Erbil, capitale du nord du pays gouvernée par une administration kurde quasi-autonome . Reste à voir maintenant si le successeur désigné en avril voudra bien quitter l’Amérique ou l’Australie – où vivent la plupart des 400.000 fidèles – pour rejoindre l’Irak.
Benoit LANNOO