A la suite des différentes sorties politiques de ces dernières semaines sur un possible élargissement des conditions de l’avortement, les évêques de Belgique ont publié ce mardi 12 novembre une déclaration. Ils s’inquiètent notamment que l’avortement soit à l’avenir considéré comme « une intervention médicale ordinaire ». Avec tout ce qui en découle.
Il y a un an à peine, une majorité d’élus belges avaient voté la sortie de l’avortement du Code pénal. Pour rappel, le texte voté en octobre 2018 sortait l’IVG du Code pénal tout en maintenant des sanctions pénales pour les femmes et les médecins si cette IVG était pratiquée en dehors des conditions prévues par la loi. Dans cette proposition de loi, le délai de 12 semaines de grossesse pour pratiquer une IVG était maintenu. Des aménagements avaient également été prévus pour le délai de réflexion de 6 jours. Enfin, Le médecin qui refuserait de pratiquer un avortement devrait renseigner les coordonnées d’un confrère qui accepte de le faire. Le fait d’entraver l’accès à un établissement pratiquant l’IVG était également déclaré punissable, ciblant en cela les actions de militants « pro life« .
Un changement de signification
Aujourd’hui, certains élus envisagent donc déjà une nouvelle révision de la loi sur l’avortement. Certains voudraient voir élargir la possibilité de pratiquer une IVG jusqu’à la dix-huitième semaine de grossesse et réduire le délai de réflexion obligatoire de 6 jours à 48 heures.
» Au-delà d’une modification dans la pratique, il s’agit d’un changement dans la signification de l’interruption de grossesse : l’avortement devient une intervention médicale ordinaire » déclarent les évêques belges.
Si certains veulent voir l’avortement comme un simple acte médical, « il ne sera pas vécu ainsi » soulignent les évêques. « En suggérant qu’il s’agit d’une intervention ordinaire, la loi ne tient nullement compte du ressenti et du vécu de ces personnes ». Avec le risque de « prendre les questions à la légère » et d’augmenter encore plus le désarroi et la solitude des personnes concernées.
« Considérer l’avortement comme un simple acte médical en fait aussi un droit » estiment les évêques. Et cela pose question. Aussi, pour le médecin, « Invoquer la notion de liberté de conscience sera de plus en plus difficile même si on la maintient. »
La vie en débat
« L’état de droit garantit la protection de la dignité humaine et de l’intégrité physique de chacun« , rappellent encore les évêques qui posent aussi un certain nombre de questions : « N’en est-il pas de même pour une vie humaine à naître ? Pourquoi faire comme si ce n’était pas encore la vie ? Où est la limite ? Pourquoi justement là ? Pourquoi ces questions sont-elles si rarement, voire jamais abordées dans le débat ? »
Enfin, pour l’Eglise de Belgique, « ce problème concerne toute la société et chacun de nous« . C’est pourquoi, aussi, « Il est incompréhensible qu’une question d’une telle importance et si délicate soit traitée aussi vite et sans débat de fond préalable« .
S.D.
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Illustration : pixabay CCO