Du 6 au 27 octobre, 185 pères synodaux, 15 experts et 55 auditeurs et auditrices se réuniront à Rome pour discuter des « nouveaux chemins d’évangélisation » en Panamazonie. Quels sont les enjeux de ce synode? Quelles sont les attentes du peuple amazonien? Eléments de réponse.
Début septembre, le Vatican avait fait connaître les présidents délégués du futur synode, nommés par le saint Père. Quinze jours plus tard, Rome a diffusé la liste complète des participants dont 114 évêques originaires des circonscriptions ecclésiastiques de la région Panamazonique, recouvrant les Antilles, la Bolivie, le Brésil, la Colombie, l’Equateur, le Pérou et le Venezuela. Une trentaine de membres, nommés par le pape, siégeront également dans l’Assemblée, dont plusieurs francophones, tel le cardinal Jean-Claude Hollerich, archevêque du Luxembourg et président de la COMECE. Soulignons aussi la présence d’un prêtre indigène appartenant au peuple zapotèque et de plusieurs membres de tribus et ethnies indigènes locales. Le Belge Jean-Pierre Dutilleux, fondateur de l’association française Forêt vierge et promoteur du chef Raoni, est l’un des douze ‘délégués fraternels’, conviés par le pape, au côté de l’ancien secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon. Le document préparatoire au synode a bien balisé le terrain en mettant en avant trois grands thèmes: les identités et aspirations de la panamazonie, vers une conversion pastorale et écologique, nouveaux chemins pour une Eglise au visage amazonien. Se mettre à l’écoute des peuples indigènes et de toutes les communautés qui vivent en Amazonie sera donc la première tâche des pères synodaux. Leur témoignage et la réponse qui leur sera donnée sont d’une importance vitale pour l’Eglise universelle et le futur de toute la planète.
Des viri probati
De passage en Belgique en juin dernier, Mgr Rixen, évêque brésilien, avait déclaré: « L’une des demandes principales formulées par l’Eglise catholique en Amazonie est de pouvoir ordonner prêtres des diacres mariés pour assurer une présence dans des communautés si dispersées qu’elles ne reçoivent parfois la visite d’un prêtre qu’une fois par an. » Le synode se penchera donc sur « la possibilité d’ordination d’anciens, de préférence indigènes, respectés et acceptés par leur communauté, même s’ils ont déjà une famille constituée et stable ». C’est donc la question des viri probati qui sera débattue lors de cette nouvelle assemblée synodale. Il sera également demandé aux pères synodaux d’étudier le type de ministère officiel qui pourrait être confié aux femmes. Plus largement, le protagonisme des laïcs devrait être valorisé et ceux-ci devraient être formés pour être des animateurs de communauté crédibles et coresponsables. C’est dans ce sens que s’est notamment exprimé Mgr Sebastião Bandeira, évêque brésilien de Coroatá. Pour lui, il faut « passer d’une Eglise qui visite à une Eglise qui demeure ». « Cette présence durable de l’Eglise ne sera possible que lorsque nous aurons des personnes, des ministères qui sont là quotidiennement […] Je pense que la question des ministères fera l’objet de nombreuses discussions parce que c’est vraiment la principale préoccupation […] »
Sophie DELHALLE