En lien avec la Ligue Alzheimer, le musée en Piconrue prête des « boîtes à causeries », destinées à faciliter le dialogue avec une personne désorientée. Une manière pour les malades de continuer à participer à la vie de famille.

(c) Piconrue
« Dis, Mamie, comment utilise-t-on cet appareil ? » La grand-mère répond: « C’est un moulin à café. Ça servait à moudre les grains pour faire du café. » Parfois, ça ne suffit pas de savoir à quoi sert un ustensile pour pouvoir le faire fonctionner. Alors, les personnes qui en ont l’expérience montrent une partie de leurs capacités en faisant tourner le moulin à café, sans en répandre les grains partout alentour.
Cette scène vécue illustre à quel point le savoir-faire des seniors peut impressionner les jeunes générations. Cela arrive aussi avec les personnes dont la mémoire est déficiente. Les malades d’Alzheimer retrouveront plus facilement leurs gestes d’autrefois pour utiliser la bouillotte ou un téléphone à cadran. La Ligue d’Alzheimer a testé cette méthode en lien avec le musée Piconrue – la Grande Ardenne à Bastogne. Lors d’une rencontre entre personnes atteintes de cette maladie et leurs accompagnants, le moulin à café a servi de déclencheur de discussions. L’animatrice l’avait apporté sur la table, mais ne savait pas le faire fonctionner. Heureusement, une participante du Café Alzheimer a promptement réagi en tournant la manivelle dans le bons sens et sans dégât.
Ouvrir une porte vers la mémoire
Il y a des objets qui activent spontanément la mémoire: les accessoires d’enfance, les instruments que l’on trouvait dans la cuisine ou encore les outils du travail. Pour une personne atteinte d’Alzheimer, ces objets peuvent représenter comme une passerelle entre elle et l’entourage familial. Sabine Henry, la présidente de la Ligue Alzheimer, relève que « le fait de fournir des explications sur un objet peut valoriser la personne qui fournit ces détails. N’importe quel objet peut inciter aux discussions. Et chaque conversation ouvre une porte… » Dans le processus de perte progressive des capacités mentales, chaque porte qui s’ouvre représente un rayon de soleil qui remonte le moral de la personne malade.

(c) Piconrue
Le musée Piconrue – la Grande Ardenne à Bastogne a l’habitude de proposer des objets de médiation aux enfants: biberon, cartable… Quand les plus jeunes visitent le musée avec leurs parents ou grands-parents, ces objets sont commentés en fonction de l’expérience que chacun en a eue. Par exemple, un aîné prend des petites chaussures entre les mains, il peut raconter à son enfant comment lui-même a appris à marcher, s’il avait des chaussures identiques ou dans un autre matériau, etc. Il n’y a pas que la vue qui travaille, l’ouïe, le toucher et l’odorat peuvent aussi intervenir pour ressentir l’aspect de cet objet.
La Ligue Alzheimer vient de franchir une étape supplémentaire avec l’aide du Musée Piconrue. Désormais, des boîtes à causeries sont disponibles, elles peuvent être prêtées aux structures prenant en charge les personnes âgées, ou les malades d’Alzheimer. Chacune de ces boîtes, conçues de manière capitonnée pour préserver la matière contenue, contient un objet. Les personnes rassemblées autour de cette boîte peuvent manipuler l’objet, le regarder sous toutes les coutures et dans toutes les dimensions pour l’observer. Cela permet de faire revenir en surface le souvenir de tel ou tel pan du passé. Le groupe peut s’intéresser aux lieux où on pouvait se procurer cet objet, à son prix, ou encore au moment où cet objet est apparu dans la vie familiale. Pour les proches accompagnants la personne malade, cet exercice devrait faire apparaître une lueur d’espoir. « Nous avons souvent une représentation de la personne lourdement atteinte, quand elle représente un charge pour sa famille, remarque la présidente de la ligue Alzheimer. Or, aujourd’hui, les malades sont diagnostiqués de plus en plus tôt. Nous devrions garder l’image d’une personne en tant que telle, pas seulement sa maladie. »
Anne-Françoise de Beaudrap
Renseignements et prêt: 061.550.055 ou via info@piconrue.be