
Chaque année, en mars, la LSM Cup rassemble des centaines d’étudiants qui cogitent sur une réelle question de responsabilité sociétale d’une entreprise
Les « Junior Enterprises » permettent à des étudiants de se frotter à la vie professionnelle en offrant des services – le plus souvent des conseils – à de véritables entreprises. Ces dernières apprécient d’avoir un regard neuf sur leurs activités. Pour les jeunes, c’est aussi un tremplin pour la vie professionnelle (voir Dimanche n°25). Mais ce n’est pas tout!
Ces entreprises composées uniquement d’étudiants offrent aussi et surtout l’occasion aux jeunes qui s’y investissent d’apprendre sur le terrain et d’expérimenter des responsabilités diverses en toute sécurité. Mathilde, une ‘Junior’ entrepreneuse, explique: « c’est un peu comme un terrain de jeu grandeur nature où chaque tâche accomplie est formatrice. » Et, à propos de terrain de jeu, la Junior Enterprise LSM Conseil organise le plus grand « business game » d’Europe: la LSM Cup.
Ainsi, depuis huit ans, cet événement rassemble au printemps des centaines d’étudiants autour du concept de Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE, voir fin de l’article).
Trois heures pour une solution durable
250 participants, issus de toutes les formations, ont trois heures pour trouver une solution à des problématiques réelles rencontrées par des entreprises dans leur domaine d’activité où dans un domaine dans lequel elles aimeraient s’investir. En équipe de deux ou quatre, les étudiants réfléchissent, apportent des solutions, ‘pitchent’ (c’est-à-dire présentent rapidement leur projet) et proposent leurs solutions devant un jury.
Olivier Ryelandt, vice-président de LSM Conseil explique : « Cette année, on a travaillé avec Coca-Cola, parce qu’on veut avoir un impact. » Adelin François, responsable ‘Qualité’ complète : « On ne va pas apprendre à Greenpeace comment résoudre un cas de RSE. L’idée est de faire réfléchir les entreprises sur leur responsabilité et de les remettre en question. »
Par ailleurs, des entreprises veulent parfois aller plus loin. C’est le cas de la multinationale AGC Automotive qui est convaincue que le verre peut aider à réduire l’empreinte énergétique. Elle a donc lancé le défi aux étudiants de trouver le meilleur moyen d’atteindre les objectifs de la COP21 au niveau des bâtiments sans compter exclusivement sur les subsides.
Place à la créativité
250 cerveaux bouillonnants, cela donne un foisonnement d’idées ! Depuis peu, le projet gagnant est repris dans un projet LSM Conseil afin de réaliser la solution gagnante de la LSM Cup. Et donc, la Junior Enterprise offre cent heures de consultance à l’entreprise sponsor pour développer la solution.
Ce concours donne en quelque sorte une autre visibilité aux entreprises et leur apporte plein d’idées. Et par le biais de ce défi, les étudiants sont eux aussi sensibilisés à la RSE.
Ainsi, les Junior Enterprises apportent un côté innovant et flexible aux entreprises, voire même un regard neuf et critique sur des fonctionnements qui sont parfois obsolètes ou sur des problématiques nouvelles. La créativité n’est donc pas un vain mot chez les étudiants. A titre d’exemple, LSM Conseil a été nommée Best Junior Enterprises of Belgium en 2017 et 2018 et Most entrepreneurial J.E. of Europe in 2018. Et la valeur n’attend pas le nombre des années car plus globalement, l’ensemble de ces entreprises étudiantes affiche un autre beau palmarès: plus d’un junior entrepreneurs sur cinq créera par la suite sa vraie entreprise (voire même plusieurs).
Ce grand ‘jeu’ est donc un moyen de faire connaître le concept des Junior Enterprises – qui, soit dit en passant, mériteraient certainement de s’ouvrir à encore plus d’étudiants et d’être davantage reconnues dans le cursus universitaire. En attendant, Oliver et Adelin affirment: « Les jeunes qui ont gagné ne vont pas forcément s’inscrire dans LSM Conseil mais l’idée est de les impliquer dans nos projets et de leur donner envie. »
Il ne faut donc pas être ‘Junior’ entrepreneur pour déjà apporter ses idées et ses solutions. Mais qu’est-ce qui a motivé nos deux interlocuteurs à vivre cette aventure et à consacrer parfois près d’un mi-temps à ce type d’activités ?
Soif d’apprendre et épanouissement
Ils en ont entendu parler et se sont dit: pourquoi pas moi?
Adelin est en BAC3 ingénieur de gestion et termine sa première année chez LSM Conseil, une des quinze Junior Enterprises actives en Belgique. Au sein du département ‘Qualité’, il a suivi les projets, veillé à respecter les demandes du client et assuré à tous les membres l’accès aux connaissances accumulées au fil des ans. Ce dernier point est un nouvel objectif que s’est fixé le board ou conseil d’administration. Par ailleurs, ce Junior entrepreneur est engagé comme conseiller communal, participe aussi au Jeugd Parlement Jeunesse (une simulation de session parlementaire), coache des mini entrepreneurs (c’est-à-dire des élèves de 6e secondaire qui ont créé une Mini Entreprise) et est délégué d’auditoire. Et pour mettre un peu d’harmonie à tous ces engagements, il essaie de se ménager encore un peu de temps pour jouer du piano ou du saxo. Excusez du peu ! Avec un grand sourire, il explique: « Plus on a d’activités, plus on peut faire des liens. Et cela fait gagner du temps. » Et il renchérit: « Quand on aime, on s’investit, on ne compte pas le temps. Et on apprend tellement de choses. »
Pareil pour Olivier qui est en BAC3 ingénieur civil. Il a endossé cette année le rôle de vice-président du Conseil d’Administration de LSM Conseil. Cet investissement lui a pris clairement la majeure partie de son temps mais il apprécie particulièrement l’apprentissage à l’esprit critique encouragé par une remise en question permanente. « On apprend beaucoup de méthodes et de solutions qui nous sont même utiles dans notre vie d’étudiant ou privée. Par exemple, on forme des BAC 1 et 2 à l’utilisation de logiciels d’organisation du temps et de communication. Maintenant, je les utilise dans mes cours. » Adelin confirme : « Je n’ai jamais appris autant de choses en un an: m’organiser, m’exprimer en public – au départ je n’y arrivais pas -, gérer un projet … »
A la question de Faut-il être très bien organisé ou apprend-t-on à s’organiser?, Adelin répond clairement : « on apprend. Celui qui rentre dans une Junior Enterprise, c’est parce qu’il est motivé et qu’il a envie d’apprendre. »
Apprendre à s’organiser est en effet l’un des principaux effets positifs relevés par nombre d’autres Junior entrepreneurs. C’est déjà une plus-value en soi, mais les deux amis avancent bien d’autres points positifs.

Au terme d’une année riche en apprentissages, les Junior entrepreneurs de LSM Conseil, comme Olivier et Adelin, se retrouvent pour fêter tout le travail accompli et, déjà, entamer la nouvelle année.
‘Collègues’ et amis
Ils sont donc très enthousiastes de vivre une première expérience professionnelle. Mais ils sont aussi très heureux de s’être fait de vrais amis : « c’est une équipe, dit Adelin, on passe tellement de temps avec eux que cela devient des potes. On s’entend super bien, on fait des team building ensemble« . D’autres nous ont dit qu’ils apprennent à compter les uns sur les autres; et cela soude pour la vie! Adelin relève tout de même que cet investissement ne doit pas faire oublier d’autres choses à côté, par exemple la famille: « Parfois je ne reviens pas la maison. Il faut trouver un équilibre. »
Olivier y a aussi trouvé beaucoup de ses meilleurs amis et trouve cette expérience intellectuellement enrichissante. Son but, en tant qu’administrateur, était que tout le monde ait la meilleure expérience possible.
Et justement, si vous visitez la page Facebook de LSM Conseil, vous y trouverez le témoignage de Mathilde: « le fait qu’en tant que simple étudiant on puisse apporter des solutions innovantes à de grandes entreprises et se dire que nos cours ne servent pas à rien. C’est assez impressionnant de se présenter devant des grandes entreprises. Parfois on pense que nos idées ils les ont déjà eues des centaines de fois, que ce n’est pas hyper pertinent. Et, au final, on se rend compte que justement, parce qu’on est des étudiants, ils n’avaient pas pensé à nos idées et qu’on a de la crédibilité. »
Et qui dit crédibilité associe peut-être prise de confiance en soi. C’est ce qu’Adelin souligne: chaque expérience lui a tellement apporté qu’il prend de plus en plus confiance en ses capacités. Avis unanimement partagé: pour tous ces Junior entrepreneurs, le ‘jeu’ en vaut clairement la chandelle.

Etudiants mais avec déjà un pied dans la vie active grâce aux Junior Enterprises, ils jouent à fond le jeu de l’entreprenariat
Nancy Goethals
La responsabilité sociétale des entreprises désigne la prise en compte par les entreprises, sur base volontaire, des enjeux, sociaux et éthiques dans leurs activités. Les activités des entreprises sont ici entendues au sens large : activités économiques, interactions internes et externes (source Wikipedia).