
L’équipe de Tertio © Ilse Prinsen
Tertio a publié mercredi passé, son 1000ème numéro. La revue d’opinion chrétienne a permis au message chrétien d’obtenir une place modeste mais non sans influence dans l’opinion publique flamande.
La revue d’opinion chrétienne Tertio a été lancée en février 2000. Un groupe d’intellectuels et journalistes de Flandre voulaient répondre à la sécularisation totale, voire aux tendances foncièrement antireligieuses dans les médias traditionnels flamands. N’oublions pas qu’à l’époque, le quotidien d’origine catholique De Standaard par exemple était mené par Dirk Achten et Rolf Falter, des journalistes qui n’ont pas tardé à rejoindre le parti libéral du premier ministre à l’époque, Guy Verhofstadt, et de son président Karel De Gucht. Tous deux s’efforçaient à anéantir la pensée et la société civile chrétienne au nord du pays. Personne ne garantissait long feu à Tertio au moment de son lancement.
Car en même temps, la Flandre nationaliste lançait aussi une nouvelle revue, le mensuel Punt, édité par le Roularta Media Group et avec Peter De Roover, l’actuel président du groupe N-VA à la Chambre des représentants, comme rédacteur en chef. Malgré le capital important qui le soutenait, le magazine illustré haut de gamme Punt n’a jamais compté plus de neuf numéros. La modeste initiative de la société coopérative « Tertio Millennio » a en revanche tenu le coup. Une petite équipe, sous la direction successivement de Bert Claerhout, Peter Vande Vyvere, Geert De Kerpel et Emmanuel Van Lierde,et une pléiade de collaborateurs freelance arrivent depuis près de vingt ans à publier un hebdomadaire fort apprécié.
Secret de polichinelle
Les abonnements ne permettent pas de faire vivre Tertio, ils sont hélas trop peu nombreux. Tertio survit parce que les coopérateurs, dont quelques congrégations et autres groupes et organisations catholiques, peuvent constater que leurs investissements portent largement leurs fruits. Tertio a conquis une place inestimable : Grâce à lui, le discours chrétien n’a pas disparu dans l’opinion flamande. La publication hebdomadaire de dossiers fouillés, interviews intelligents et portraits de gens engagés dans l’Église et dans la société a donné un nouveau souffle à la communauté chrétienne en Flandre.
Mais la bataille n’est pas gagnée. Pour être davantage entendu, le monde catholique doit oser se vendre, non seulement dans les médias spécialisés mais aussi dans les médias généraux. C’est en tout cas ce qu’on peut retenir du débat que Tertio vient d’organiser à Louvain pour fêter ce 1000ème numéro consacré entièrement à la relation des médias avec spiritualité, religion et catholicisme. Le tableau n’est plus aussi obscur qu’il y quinze ans ; à la VRT en tous cas, la disparition des « émissions concédées » aux cultes et à la laïcité a eu comme effet inattendu que les rédactions se montrent moins crispées quand il s’agit du fait religieux.
Benoit Lannoo