
15 personnes âgées atteintes de démence chantent pour le Pape François
« On peut vivre sans richesses […] mais vivre sans tendresse, on ne le pourrait pas. Non! Non! Non! Non! On ne le pourrait pas. » La très connue chanson de la tendresse, interprétée par Bourvil, illustre à merveille la rencontre d’un groupe néerlandophone de 15 personnes âgées, atteintes de démence, avec le pape François, ce mercredi.
Et justement, le chant est ce qui a permis à ce groupe d’octogénaires – voire nonagénaires – de les relier à la vie. Depuis une dizaine d’années, ils chantent dans le « Chœur Arc-en-ciel » (Regenboogkoor), créé à la maison de repos et de soins Den Olm, à Bonheiden.
Partis en pèlerinage à Rome, ils ont chanté pour le pape. Celui-ci a été ému par leur prestation et par tant de tendresse, à tel point qu’il a laissé parler son cœur. Il a conclu avec des mots très personnels: « Je pense que le partage et l’acceptation de notre fragilité est le plus beau chant. »
Le pape a poursuivi: « Avec toute cette tendresse, vous accomplissez le quatrième commandement: « honore ton père et ta mère ». Certains chanteurs ont peut-être perdu la mémoire mais ils sont le symbole de la mémoire du peuple, les racines de leur patrie et de notre humanité. Les jeunes doivent se nourrir du jus de leurs racines pour aider la société à progresser. »
Un arc-en-ciel signe de promesses
Le cardinal De Kezel les accompagnait. Il a témoigné combien « le fait de chanter a reconnecté ces personnes démentes avec leur passé, mais aussi avec elle-même et avec le Seigneur ».
Le cardinal a remercié le Saint Père d’avoir pris le temps de rencontrer le groupe personnellement. Dans la maison de soins Den Olm, ces personnes se réunissent régulièrement pour prier et célébrer l’eucharistie. Par ailleurs, a-t-il précisé: « Ce sont des célébrations chantées. Et petit à petit, les personnes ont commencé à chanter. Et le miracle est apparu: le chant leur a permis de vivre à nouveau. Il les a, en effet, reliées au temps où elles étaient encore saines de corps et d’esprit. Puis, comme un grain de moutarde, cette initiative a grandi. Elle a fait écho en d’autres endroits. »
Face à une société qui considère les pauvres et les réfugiés, les malades et les personnes âgées, les retraités atteints de démence comme une charge, le danger est donc de verser dans l’indifférence. Le cardinal a encore souligné que « le rayonnement de cette petite initiative est le signe que nous nous opposons à la culture du jetable et que nous voulons construire une culture du respect, de la rencontre et d’une réelle solidarité. » Remerciant le pape pour son attention aux personnes âgées et malades, il rappelle que l’Eglise témoigne de l’amour divin pour tous les hommes. Dieu n’exclut personne et nous le faisons avec la joie que nous donne l’évangile.
Le pape a conclu: « C’est la tendresse plus que la baguette du chef d’orchestre qui relie ces personnes et leur permet de s’épanouir. Une harmonie que Dieu écoute avec délectation, un arc-en-ciel non pas de perfections mais d’imperfections! »
Cette audience papale a donc suscité beaucoup d’émotions auprès de tous les participants. Le Chœur Arc-en-Ciel a terminé sa visite en chantant et réciter un Ave Maria, dans les jardins du Vatican, à la grotte de Lourdes.
Ainsi donc, comme l’arc-en-ciel annonce le retour au calme et illumine tout le paysage, le chant permet en quelque sorte d’apaiser les esprits et de rallumer des étincelles dans les yeux.
Nancy Goethals avec Kerknet et Dirk Van Herpe