Depuis 2015, le groupe bruxellois FeelGod fait résonner le couvent Saint-Antoine de sa pop louange aux accents très rock. Dimanche a rencontré deux membres du groupe pour comprendre comment ces jeunes vivent leur foi et la transmettent à travers la musique.
Bénévole depuis le début de l’aventure, Benjamin est aujourd’hui le bassiste du groupe. Il a vu le projet naître, alors qu’il habitait chez les frères, au couvent. Depuis tout petit, Benjamin joue de la basse et il est devenu amateur de… métal! "Depuis ma conversion il y a quatre ans, je continue d’écouter du métal qui est pour moi une musique transcendante et ça se ressent d’ailleurs dans nos compositions, dans cette énergie très forte qui fait vibrer à l’intérieur." Une énergie que l’on retrouve aussi chez d’autres groupes comme Bethel, Impact, Hillsong dont s’inspire FeelGod.
De la musique pour prier
Lucie, quant à elle, du haut de ses dix sept ans, fait aussi partie du groupe depuis longtemps. Elle a vécu plusieurs années aux Etats-Unis pendant lesquelles elle a été baignée dans la louange américaine "qui prend bien aux tripes". "J’aime la musique plus calme, plus douce, mais je crois que c’est le mélange de nos influences musicales qui fait la force du groupe." Lucie, qui est la nièce du batteur, chantait déjà avec FeelGod il y a trois ans mais a dû arrêter avant de reprendre le micro il y a un an, ayant "l’énergie, le temps et la motivation" – et le talent s’empresse d’ajouter Benjamin – pour s’impliquer dans l’aventure. C’est aussi cela la richesse de FeelGod, les parcours de vie et musicaux variés de ses membres. Mais peut-on parler de pop louange? "On a envie de faire de la bonne musique, de la musique qui nous touche et qui fait prier", répond Benjamin. Pour Lucie, "il n’y a pas vraiment de nom pour définir ce que l’on fait, c’est un mélange de ce que chacun apporte".
"Parce qu’on n’a pas les moyens, on va le faire"
En 2015, Vincent, le batteur, qui fréquente alors le couvent, exprime cette envie, ce désir, cette inspiration de créer un groupe chrétien et s’en ouvre auprès des frères auxquels il présente son projet. L’un d’entre eux lui répond: "Parce qu’on n’a pas les moyens, on va le faire." Pendant deux ans, le groupe assure un concert mensuel "à la maison" c’est-à-dire au couvent Saint-Antoine. Les frères Jack et Daniel-Marie sont partie prenante du projet, le premier comme musicien, le second en prêchant pendant les concerts. Les textes des chansons sont directement inspirés de la Bible. Pour l’anecdote, la mélodie du titre "Qu’il prie en nous" a trotté dans la tête du frère Jack pendant toute une retraite spirituelle, il la fredonnait tous les jours pour ne pas l’oublier, persuadé qu’il fallait en faire une chanson. FeelGod puise également ses forces dans les temps de prière vécus ensemble, véritables lieux d’inspiration, ajoute Lucie. "L’inspiration, nous la trouvons aussi dans notre louange spontanée avant les concerts, après les répétitions, pour confier tout cela au Seigneur, certaines paroles s’imposent alors d’elles-mêmes." FeelGod commence ses représentations par "une musique qui réveille, qui donne de la joie, du peps, raconte encore Lucie, pour ensuite se plonger dans l’intériorité. On vient tous pour le même Dieu, la prière du public est importante, ce que nous faisons ensemble, c’est laisser chanter nos cœurs". Et d’ajouter: "On vient tous pour honorer le Seigneur et pas pour notre gloire personnelle."
Toujours Il veille
Leur dernier single, "Tu veilles", parle d’un Dieu qui est à nos côtés, nous soutient dans les bons et surtout dans les mauvais moments. "Les paroles de cette chanson me touchent beaucoup, on vit tous des moments difficiles et Dieu est toujours là même quand on ne le voit pas, on a vraiment l’impression que la foi n’a pas de sens dans ces moments mais, en fait, c’est justement là, dans la difficulté, que notre vie de chrétien prend son sens total. La difficulté fait partie de notre vie chrétienne", nous confie Lucie. Pour la chanteuse, les difficultés nous rappellent que nous sommes sur Terre pour servir une cause plus grande, cette chanson est donc aussi une façon de dire "merci Seigneur de nous accompagner dans tous les moments de notre vie". Et la demoiselle affirme qu’elle "n’a jamais été déçue" par le Seigneur. "Parfois, le Seigneur nous surprend et nous emmène là où on ne s’y attendait pas et nous montre le plan encore plus grand qu’il a préparé pour nous", nous confie-t-elle encore. "Le Seigneur est là de A à Z même dans les moments où, nous, nous l’avons abandonné", conclut Lucie dans un grand sourire. Cette chanson trouve également écho dans la vie de Benjamin. Alors qu’il était fiancé, il se sent appelé à la prêtrise. "Une épreuve très dure, mais je me suis laissé aller, face à l’incompréhension de Dieu, j’ai pensé très fort ’je vais là où tu veux que j’aille’, et le Seigneur m’a montré tout autre chose, Dieu m’a fait comprendre qu’il savait jusqu’où je pouvais aller pour ma foi et… je me suis marié." D’où le titre "Tu veilles" car même quand on ne comprend pas, "tu es toujours là, Seigneur".
Une nuit de feu!
Ce dernier titre a aussi fait l’objet d’un clip où l’on peut voir le groupe jouer dans une église, Lucie chante et exécute même une chorégraphie. "C’était vraiment chouette de pouvoir louer avec mon corps, que le Seigneur m’a donné. J’ai beaucoup prié pour savoir comment imager tout cela, pour que le visuel rejoigne les paroles qui ont du sens." La possibilité aussi pour Lucie de toucher d’une autre manière d’autres personnes et leur montrer, grâce à l’expression corporelle, ce combat spirituel et la présence de Dieu dans le noir, la solitude et le doute. "Le bandeau que je porte sur mes yeux dans le clip symbolise les moments d’enfermement, où l’on ne voit pas que Dieu est là, quand on se sent seul, dans le noir, incompris, et puis grâce au Seigneur, on arrive à l’enlever et on peut alors découvrir son plan merveilleux." Une invitation au lâcher prise, à faire confiance, et pour Lucie, la joie de danser et de "rendre grâce pour toutes les belles choses que nous avons", parfois occultées par la difficulté. Elle qui veut prouver qu’on peut vivre la foi aujourd’hui et trouver la paix. L’idée de tourner le clip dans un entrepôt a très vite été abandonnée pour revenir au couvent Saint-Antoine. Plusieurs prises du morceau complet et de nombreuses prises coupées de chacun des musiciens et enfin la magie du montage ont permis d’obtenir le résultat final… bluffant! Lucie reste très marquée par le tournage du clip qui aura duré de 8h du soir à… 4 h du matin!
La famille FeelGod
S’il y a les habitués du couvent - de 16 à 99 ans - qui viennent soutenir le groupe à chacune de ses représentations, les concerts sont bien entendu ouverts à tous. "Notre noyau dur de fans, explique Benjamin, invite d’autres personnes, même non croyantes, certaines viennent aussi par curiosité, par hasard, et nous avons d’ailleurs mis cela en scène dans le clip ’Le vrai Dieu’, où l’on voit un jeune qui se retrouve par hasard au concert et vit une conversion." Personnage endossé par Benjamin lui-même. "Le projet FeelGod, ajoute Lucie, c’est pas seulement les concerts, c’est aussi, toutes les semaines, des répétitions, où l’on vit des petits moments d’adoration tous ensemble qui nous donnent une force incroyable et renforcent notre amitié. FeelGod, c’est une famille."
Sophie Delhalle
FeelGod se produira les vendredis 5/4 et 28/6 à 20h au couvent Saint-Antoine, à Bruxelles. Le concert dure deux heures et l’entrée est gratuite. Ils se produiront également le 9/3 au Laetare rock festival à Genappe. Plus d’infos? www.feelgod.be ou page Facebook FeelGod.