« Stille Nacht », « Silent Night » ou encore « Douce Nuit » est de loin la tube le plus populaire de l’histoire. Depuis sa création, la nuit de Noël 1818 à Oberndorf près de Salzbourg en Autriche, ce chant de Noël a été traduit en plus de trois cents langues ou dialectes et interprété par de très nombreux chanteurs populaires: Frank Sinatra, Mahalia Jackson, Luis Mariano, Dalida ou encore Mireille Mathieu...
Savez-vous que dans le Salzburgerland, le Tyrol et l’Haute-Autriche, où se situe le berceau du célèbre chant « Douce Nuit, Sainte Nuit », vous n’entendrez jamais la mélodie dans les rues, les magasins ou lors des concerts d’Avent. La tradition veut que « Stille Nacht » ne soit chanté qu’un fois par an : à la fin de la messe de minuit la veille de Noël. Un soliste ou une chorale entonnent le premier et le second couplet, à la suite de quoi les gens dans l’assemblée y ajoutent le sixième – le dernier – couplet avant de se tomber dans les bras avec un « Frohes Weihnachtsfest ».
Comment expliquer la force de cette chanson ? D’après Max Gurtner, le conservateur du musée à Arnsdorf – où le compositeur, Franz Xaver Gruber, était l’instituteur du village – sa simple mélodie est fort complémentaire avec le texte du Joseph Mohr. Ce dernier cependant n’était pas un homme très accommodant. Fils d’une femme non marié à Salzbourg, un mécène avait payé ses études et il avait été ordonné prêtre à la suite d’une dérogation pontificale. Il avait écrit le texte de « Stille Nacht » en 1816, quand il était chapelain d’une paroisse isolée à Mariapfarr, où il souffrait fort de la solitude.
Héritage immatériel
Au contraire du solitaire qu’était le prêtre-poète Mohr, Gruber était un homme du monde. Mais ils étaient devenus des amis après la mutation de Mohr à Oberndorf. « Mohr aurait pu composer lui-même une mélodie pour son texte langoureux, mais il a heureusement cédé la place à Gruber, qui était bien mieux dans sa peau que son ami, » dit Gurtner. La nuit de Noël 1818, les deux ont pour la première fois chanté la « Douce Nuit », Gruber jouant de la guitare. Mais le tube est devenu hyper-populaire dès que plusieurs familles de chanteurs du Zillertal tyrolien l’ont mis à leur répertoire et chanté même au États-Unis et en Russie dans les années 1825-40. Après quoi, en 2011, l’Unesco a reconnu que cette chanson universelle de paix et espoir faisait partie de l’héritage immatériel de la planète.
Benoit Lannoo
Une chapelle a été construite à Oberndorf, en mémoire à Joseph Mohr et Franz Xaver Gruber (© Salzburgerland Tourismus)