Les heures sombres font découvrir le pendant politique de l’opération Dynamo. Lorsqu’en 1940, de l’autre côté de la Manche, face à Dunkerque, Winston Churchill prenait des décisions.
L’Histoire a retenu le nom de cet homme d’Etat anglais. A 65 ans déjà, il est un candidat improbable au poste de Premier ministre. Il y est cependant nommé d’urgence le 10 mai 1940, après la démission de Neville Chamberlain, et dans un contexte européen dramatique marqué par les défaites successives des Alliés face aux troupes nazies et par la bataille de Dunkerque (qui a été brillamment traitée l’an dernier par Christopher Nolan).
Avec son film Les heures sombres, Joe Wright se consacre à ce moment de l’Histoire où tout semble perdu, y compris ces quatre cent mille soldats britanniques coincés sur les plages de la mer du Nord! En plaçant le cœur de son action à Londres, le réalisateur anglais se situe ainsi aux antipodes mais en symbiose avec Nolan. Tous deux posent ainsi des regards différents, mais complémentaires, sur les mêmes événements. Si Nolan se concentrait au cœur de l’action physique à Dunkerque, Wright, lui, est au cœur de l’action politique, au cœur des jeux et des enjeux de pouvoir. C’est l’occasion de découvrir ce qui a rendu possibles l’opération Dynamo et le « miracle des petits bateaux ».
Du suspense malgré tout
Ce film permet ainsi au spectateur de découvrir que le succès des choses (ici l’évacuation de Dunkerque que tous croyaient impossible) tient à des (en)jeux politiques eux-mêmes liés au hasard des relations humaines, des inimitiés, des affinités ou des incompréhensions. Les acteurs y sont formidables. En particulier Gary Oldman, méconnaissable en Churchill, qui a été récompensé par le prix du meilleur acteur lors des récents Golden Globes. Ben Mendelsohn donne corps (et… voix! Ce qui nous renvoie au film de Tom Hooper: Le Discours d’un roi) au roi George VI.
Autour de ces deux acteurs, on trouve Ronald Pickup (Chamberlain) et Stephen Dillane (le vicomte d’Halifax), et, pour le côté féminin, Kristin Scott Thomas. Cette dernière incarne l’épouse forte, mais dans l’ombre de Churchill, qui attend l’heure de sa consécration, tandis que la secrétaire Elizabeth Layton (jouée par Lily James) offre un intéressant regard extérieur.
Grâce à ces acteurs, le spectateur est aux côtés de ces hommes qui durent prendre des décisions difficiles (le sacrifice de six mille hommes à Calais) dans un climat où les tensions se confrontaient aussi aux mesquineries politiques. Si l’issue est connue, le suspense reste malgré tout présent. Et l’on ne boude pas le plaisir de (re)découvrir « l’homme au cigare », qui avait également l’alcool facile et matinal, mais qui, en dépit de sa stature historique, ne fut pas réélu.
Charles DE CLERCQ -RCF
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