Durant la semaine de Toussaint, l’Eglise rwandaise a honoré la mémoire des deux premiers prêtres du pays, ordonnés en 1917 et celle du premier évêque, Mgr Aloys Bigirumwami. L’Eglise de Belgique s’est associée à cette commémoration.
L'Eglise de Belgique était en effet représentée par Mgr Johan Bonny (évêque d’Anvers), le Père Bernard Lorent, le père abbé de Maredsous, le Père Michel Coppin, directeur national de Missio et le professeur Henri Derroitte, professeur à la Faculté de théologie de l’UCL. Tous ont assisté à la semaine d’hommage qui a combiné un colloque missiologique international et des célébrations commémoratives solennelles.
Arrivé au Rwanda en 1900, le christianisme y a fait souche assez rapidement : premiers baptêmes en 1902, premiers catéchistes dans la foulée (dont les membres directs de la famille de Mgr Rukamba et du Pr. Niyigena) et premiers prêtres locaux ordonnés dès 1917. Ce sont les abbés Donat Reberaho, originaire de Save (actuel diocèse de Butare) et Balthasar Gafuku, originaire de Zaza (actuel diocèse de Kibungo).
Une messe solennelle de reconnaissance a été célébrée en souvenir de leur action les 29 octobre et 1er novembre. Une statue des deux pionniers a été bénie et dévoilée devant les églises de Save et de Zaza. De même, une statue de Mgr Aloys Bigirumwami, premier évêque de ce qu’on a appelé l’ "Afrique belge", installé en 1957, a également été inaugurée.
Colloque international sur la mission hier et aujourd'hui
Parallèlement à ces manifestations liturgiques et spirituelles, un grand colloque missiologique international était organisé à Butare les 29, 30 et 31 octobre, autour de la thématique : « La mission hier et aujourd’hui. Premiers prêtres et premier évêque rwandais ». A l’échelle du Rwanda, c’est la première fois qu’un colloque international de théologie y était réuni depuis le génocide de 1994. Une vaste assistance de plusieurs centaines de participants ont suivi les travaux de ce colloque œcuménique hébergé dans les locaux de l’Université protestante de Butare. Ce colloque a été, d'une part, l’occasion de redéfinir les contours du mandat missionnaire de l’Eglise au XXIe siècle et, d’autre part, a permis de faire état des recherches liées directement à l’œuvre de Mgr Aloys Bigirumwami dans ses facettes culturelles et pastorales (ses visions de l’évangélisation, ses essais préfigurant la logique de l’inculturation, son attention à l’accompagnement des familles, …) ainsi que dans le travail à mener sur base de la conservation des archives et témoignages recueillis.
La conférence inaugurale, confiée au Professeur Derroitte, a abordé quant à elle l’articulation entre le souci de la mission « au loin » et celle de la mission intérieure, locale. Les autres intervenants belges ont abordé les liens de la mission avec l’œcuménisme (Mgr Bonny), avec la prière (P. Lorent) et avec l’autofinancement (P. Coppin).
Après les célébrations officielles et le colloque, Mgr Bonny a prolongé son séjour rwandais en allant visiter quelques missionnaires belges sur place (ils ne sont plus très nombreux) et en se rendant au grand séminaire de Nyakibanda. Le Professeur Derroitte, accompagnant le Pr Niyigena, a donné des sessions de formation pour le clergé, les directeurs des écoles catholiques, les catéchistes et professeurs de religion à Nyundo - Gisenyi et à Kibuye.
Recueillement dans la cathédrale de Nyundo
Deux éléments ont également marqué cette semaine. D’abord la présence durant tout le colloque international de Marguerite Barankitse. Cette Burundaise au charisme exceptionnel a véritablement illuminé l’assemblée par sa présence permanente. Celle qu’on appelle « la Mère Teresa d’Afrique » ou encore l’ « Ange du Burundi » a recueilli 10.000 enfants victimes des guerres et crises locales; elle les a soigné, scolarisé, soutenu sans relâche, à travers sa fondation « Maisons Shalom ». Honorée des plus hautes distinctions, de l’ONU, du Haut commissariat aux réfugiés, porteuse de huit doctorats honoris causa, de la légion d’honneur, de prix prestigieux en Italie, Allemagne, aux Etats-Unis, en Belgique et du Prix Nobel des enfants, elle a rendu un témoignage bouleversant sur les liens entre mission diaconie, entre mission et accueil inconditionnel.
Ensuite le recueillement sur la tombe de Mgr Aloys Bigirumwami dans la cathédrale de Nyundo. C’est dans ce lieu consacré que 500 personnes avaient été massacrées le 1er mai 1994, au cœur du génocide. Se pensant protégés dans la cathédrale depuis une semaine, toutes ces personnes y ont été brutalement tuées. Des stèles rappellent ces événements et le synode diocésain que ce diocèse a ensuite organisé pour essayer de comprendre ce qui s’était passé et comment à la suite de ces indicibles événements il serait possible de faire Eglise.
Depuis cette tragédie, l’Eglise se reconstruit. La vitalité des communautés, le nombre de vocations de prêtres, religieux/religieuses et de laïcs très engagés est très impressionnante.
H.D.