Le Pape François a reçu hier les 37 évêques catholiques de Hongrie dans le cadre de leur visite « ad limina apostolorum » au Vatican. La richesse identitaire et historique du pays, la question de l’intégration des réfugiés et l’aide aux chrétiens persécutés au Moyen-Orient, ont notamment été abordées lors de cette rencontre.
Cette visite de l’épiscopat hongrois intervient après quelques dissensions entre le Pape et certains évêques du pays, au sujet de l’accueil des réfugiés.Mgr Laszlo Kiss-Rigó, évêque de Szeged (sud de la Hongrie), avait en effet déclaré en septembre 2015 dans les colonnes du Washington Post que l’afflux de réfugiés n’était pas une crise humanitaire, mais «une invasion».. Une position partagée par le gouvernement hongrois et une partie des catholiques magyars. Le cardinal Peter Erdö, archevêque de Budapest et président du Conseil des conférences épiscopales d’Europe, avait tout de même fait savoir dans la foulée qu’il suivrait les recommandations du Saint-Père.
Les prélats hongrois ont également partagé avec le pape François leur expérience de soutien aux chrétiens persécutés. Notamment par une collecte commune de dons avec les évêques polonais, croates, et tchèques. Ceci afin d’aider la Caritas Liban à soutenir les nombreux camps de réfugiés venant d’Irak et de Syrie.
Ils ont aussi abordés des sujets tels que la famille (qui ne peut être “l’expression de l’opinion d’une quelconque majorité“), l’éducation et la mission dans les écoles publiques, la démographie et le vieillissement, ainsi que l’intégration des Roms – 8% de la population.
Une foi très présente dans les institutions
En Hongrie, l’Église catholique est divisée en douze diocèses, une abbaye territoriale et un ordinariat militaire ; à cela s’ajoute les éparchies de Hajdúdorog, Miskolc et Nyíregyháza pour l’Église grecque-catholique hongroise. Les écoles et les hôpitaux gérés par l’Eglise bénéficient de financements publics conséquents, héritage d’un passé communiste qui n’a pas durablement marqué l’identité du pays. L’enseignement de la foi et de la morale religieuse est également obligatoire dans les programmes scolaires des écoles publiques, et les racines catholiques du pays sont mentionnées dans la constitution hongroise.
Pourtant, la société hongroise fait face à une déchristianisation d’ampleur. Entre 2001 et 2011, le nombre de catholiques a chuté de presque 2 millions de personnes (5.5 millions en 2001 pour 3.8 millions en 2011). Aujourd’hui près de 40% de la population est recensée comme catholique.
Marquée par une occupation ottomane de plus de 150 ans (1541 à 1699), la Hongrie a conservé au fil des siècles une foi très vive. Étienne Ier de Hongrie, fondateur du royaume de Hongrie dont il devint roi le 25 décembre 1001 a été canonisé en 1083 pour l’évangélisation de son pays. Il est aujourd’hui considéré comme le saint patron de la Hongrie. Sainte Élisabeth de Hongrie (1207 – 1231), fille du roi André II de Hongrie canonisée trois ans après sa mort pour ses œuvres de charité envers les pauvres, est également très vénérée dans le pays.
Bénédiction de la croix du Congrès eucharistique
Cette visite « ad limina » a aussi été l’occasion pour le Souverain Pontife de bénir la croix du 52e Congrès eucharistique international – événement d’importance pour l’Église universelle -, qui se tiendra à Budapest en Hongrie, du 13 au 20 novembre 2020. Cette croix de 3 mètres, contient des reliques des saints martyrs hongrois. Elle sera portée à travers tout le pays comme une préparation au Congrès eucharistique, pour une nouvelle évangélisation du pays.
P.G. (avec radio Vatican et cath.ch)
Photo: Le cardinal hongrois Peter Erdö (Photo: Thaler Tamás/Wikimedia Commons/CC BY 3.0)