A l'occasion de la troisième Journée de prière pour la Création, ce 1er septembre 2017, le pape François et le patriarche Bartholomée de Constantinople, appellent ensemble à prier contre le "délabrement moral" du monde.
Pour la première fois, cette année, le pape François et le Patriarche de Constantinople Bartholomée publient un message commun pour la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création, instituée d'abord par le Patriarcat de Constantinople en 1989, et à laquelle le pape François a décidé d'y associer l'Eglise catholique, depuis 2015.
Les deux hommes, qui ont fait de la protection de la création un enjeu majeur du rapprochement œcuménique, en appellent à la responsabilité de chacun devant la détérioration avancée de la planète. Dès les origines, le Créateur "a voulu que l’humanité coopère à la préservation et à la protection de l’environnement naturel". François et Bartholomée l’affirment: le soin que nous portons à la création reste indissociable de notre dignité humaine et de notre bien-être. Malheureusement, cette vocation de coopérateurs de Dieu a été ternie, "obscurcie" par notre attitude, par "notre propension à rompre les écosystèmes", par "notre désir insatiable" de manipulation et de contrôle des ressources, par notre avidité.Cette vision du monde n’est pas sans conséquences: la planète se détériore et les pauvres et plus vulnérables sont les premiers à en payer le prix, déplorent le pape et le Patriarche, qui appellent toutes les personnes de bonne volonté à prier pour l’environnement en ce jour. Car tout effort sera vain, "si la prière n’est pas au centre de notre réflexion et de notre célébration". La prière doit en effet permettre de changer notre vision du monde et donc notre manière d’entrer en relation avec lui.
Appel à un "sursaut courageux"
Le pape et le patriarche portent un diagnostic sévère sur la situation du monde à l'égard de la création humaine et naturelle, et appellent à un "sursaut courageux" des croyants et des responsables politiques.
"La terre nous a été confiée comme un don et un héritage sublimes" que Dieu a confiée à tous les hommes, écrivent François et Bartholomée, pour qui la nature n’est plus perçue comme un "don partagé", mais comme une "grande possession privée". "La responsabilité de chacun est ainsi engagée jusqu’à ce que tout, au ciel et sur la terre, soit restauré dans le Christ (cf. Ep 1, 10)". Les deux auteurs font le lien entre la dignité humaine, le bien-être et le soin apporté à toute la Création. .
Or le monde actuel, affirme ce message, est en situation de "délabrement moral où notre attitude et notre comportement envers la Création obscurcissent notre vocation de coopérateurs de Dieu". Selon eux, les conséquences de cette nouvelle vision du monde sont "tragiques et durables": les environnements humain et naturel sont "détériorés ensemble". Et cela touche en premier lieu les plus vulnérables.
Au plan personnel, le pape François et le patriarche Bartholomée appellent ainsi à être "courageux", afin "d’embrasser une simplicité et une solidarité plus grandes dans nos vies".
Réponse concertée et collective
A l'échelle politique, les deux chefs religieux souhaitent également une réponse "concertée et collective" au défi de la crise écologique et du changement climatique. Ils lancent donc un "appel urgent" à tous ceux qui détiennent des responsabilités sociales, économiques, politiques et culturelles, "pour qu’ils entendent le cri de la terre et subviennent aux besoins des marginalisés", et surtout "qu’ils appuient le consensus du monde entier pour guérir notre création blessée". Un message indirectement adressé au président des Etats-Unis Donald Trump, qui ne cache pas ses sympathies pour les thèses des "climato-sceptiques", et qui avait annoncé, le 1er juin dernier, le retrait de son pays de l’Accord de Paris sur le climat, prétendant qu'il était désavantageux pour les emplois américains.
Le 31 août, le Saint-Siège a particulièrement invité les Eglises locales et les instituts de vie consacrés à prier à l'intention de la sauvegarde de la Création. Dans sa lettre d'institution de la journée le 1er septembre 2015, le pape François affirmait que la crise écologique nous appelait "à une profonde conversion spirituelle".
Avec Radio Vatican et cath.ch/imedia