Les évêques du Mexique sont fermement opposés à la construction du mur, voulu par le président américain Donald Trump à la frontière avec les Etats Unis. Il se disent blessés au nom des familles qui se retrouveront bloquées par "une interférence inhumaine".
Durant sa campagne pour les élections présidentielles américaines, Donald Trump n'a cessé de marteler qu'il construirait un mur à la frontière des Etats-Unis avec le Mexique, ajoutant de surcroît que ce dernier paiera la facture. Une fois élu, le candidat républicain a répété à l'envi cette déclaration. Il y a deux jours, il a confirmé son intention martelant que le Mexique paiera cette construction destinée selon lui, à "empêcher les illégaux, les gangs, les dealers et autres violeurs" (sic) d'entrer sur le territoire américain. Dans la foulée, le président mexicain a annulé la visite qu'il devait faire le mardi 31 janvier à Washington pour rencontrer le président Trump. Ce dernier a balayé cette annulation, comme à son habitude.
Du côté mexicain, les évêques ont accueilli avec douleur la décision du président américain. Dans un communiqué, la Conférence épiscopale mexicaine souligne les efforts accomplis depuis 20 ans par les évêques du Nord du Mexique et ceux du sud des Etats unis en direction des fidèles qui peuplent les deux pays frères, et spécialement des diocèses proches de la ligne frontalière comme Matamoros et Brownsville, ou encore Laredo et Nuevo Laredo.
Faire tomber les murs de l’exclusion et de l’exploitation
Les évêques affirment se sentir blessés par le fait que de nombreuses familles se retrouveront bloquées par une "interférence inhumaine" ; ce sont les mots qu’ils emploient pour qualifier le mur. Elles seront coupées de leur amis, de leurs proches ou même de leur travail. Les prélats du Mexique se joignent à l’appel lancé par Mgr Joe Vasquez, Président du Comité des Migrations de la Conférence des évêques des Etats unis : "Je me sens découragé", a déclaré Mgr Vasquez dans son appel, "par le fait que le président Trump a placé comme priorité la construction d’un mur sur la frontière avec le Mexique ; un mur qui mettra inutilement la vie des migrants en péril. La construction d’un tel mur déstabilisera de nombreuses communautés, pleines de vie et merveilleusement interconnectées, et qui cohabitent pacifiquement de part et d’autre de la frontière. Au lieu de construire des murs, en ce moment, mes frères évêques et moi-même continuerons à agir selon l’exemple donné par le Pape François. Nous désirons construire des ponts entre les peuples, des ponts qui permettent de faire tomber les murs de l’exclusion et de l’exploitation".
Les évêques mexicains affirment par ailleurs qu’ils continueront d’apporter leur soutien leurs frères de l’Amérique du Sud et d’Amérique centrale qui traverseront le Mexique pour rejoindre les Etats unis. "Nous exprimons notre douleur et notre rejet du mur", déclarent-ils en invitant le président Donald Trump à "réfléchir plus profondément sur les façons d’assurer la sécurité, le développement, et l’emploi sans provoquer plus de dommages que ceux que subissent déjà les plus pauvres et les plus vulnérables".
Rechercher un accord par le dialogue
L’Eglise mexicaine demande aux autorités de Mexico de travailler et dialoguer pour la recherche d’un accord avec les Etats Unis, qui respecte la dignité et le respect des personnes, quelle que soit leur nationalité ou leur religion, et qui par-dessus tout, reconnaisse la richesse dont les migrants sont porteurs dans leur recherche d’une vie meilleure. "Chaque personne a une valeur unique et intrinsèque en tant qu’enfant de Dieu. Nous respectons le droit du Gouvernement des Etats Unis de protéger ses frontières et ses citoyens, mais nous ne pouvons pas croire qu’une application stricte et rigoureuse de la loi soit la voie à suivre pour atteindre ces objectifs. Au contraire, concluent les évêques mexicains qui confient des futures négociations bilatérales à Notre Dame de Guadalupe, de tels actes répandent crainte et alarme chez les migrants, et désintègrent de nombreuses familles sans aucune considération".
Avec Radio Vatican