Province de Hainaut – Des ânes et beaucoup de volonté


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Province de Hainaut – Des ânes et beaucoup de volonté
Par Natacha Cocq
Publié le - Modifié le
4 min

anePuisque saint Nicolas ne se déplace pas sans son âne, partons à la découverte du seul producteur belge de lait d’ânesse: l’Asinerie du Pays des Collines qui vous ouvre ses portes, chaque dimanche, à Frasnes-lez-Anvaing.

Prise de passion pour les ânes depuis qu’elle a découvert ces animaux en résidant durant quelques années dans une ferme, Marie Task a réalisé son rêve: faire de cet amour son métier. Après s’être constitué un cheptel, avoir ensuite proposé des balades à dos d’ânes, qui ne remportaient malheureusement pas un franc succès, l’entrepreneuse a entendu parler d’une personne qui produisait des savons au lait d’ânesse dans les Pyrénées. Inspirée par l’activité, elle est allée lui rendre visite et est tombée sous le charme. En rentrant, sa décision était prise, elle aussi, elle allait créer son asinerie.

C’est en 1998 que Marie Task et son mari, Olivier Denys, emménagent avec leurs enfants et leurs ânes dans le château des Mottes à Frasnes-lez-Anvaing. L’année d’après, grâce à leur récolte journalière de lait, ils produisent leurs premiers savons au lait d’ânesse qu’ils vendent en un après-midi seulement, lors de la Fête de l’âne qui avait lieu sur la Grand-Place de Bruxelles. Motivée par ce succès, Marie Task part sillonner la France, le Nord de l’Italie et l’Espagne à la recherche de grands ânes pour agrandir leur cheptel. Le couple s’est également mis en quête d’un savonnier qui n’allait pas leur rire au nez. Ce fut le cas des Savonneries Bruxelloises, fournisseurs de la Cour de Belgique, avec qui l’Asinerie du Pays des Collines travaille encore aujourd’hui.

Des débuts difficiles

"Les gens ne croyaient pas trop en notre projet, on a vraiment dû tenir le cap", se souvient Marie Task. Pourtant, avec son mari, ils ne manquent pas de volonté. Elle s’occupe des ânes durant la journée et la nuit, tandis que lui continue à travailler à mi-temps, en tant que géomètre, pour assurer une stabilité financière. Un accident de la vie va malheureusement venir remettre en question leur projet. Peu après leur emménagement, Olivier Denys tombe d’un fenil, se casse le dos. Paralysie, chaise roulante durant un an, revalidation… "On a dû prendre une décision. Soit on laissait tomber, soit on continuait. Mais je me suis accrochée aux ânes. Ils me donnaient de la force pour continuer. Et cela en valait la peine, car aujourd’hui, Olivier remarche", confie la propriétaire.

Ayant besoin d’aide pour la main-d’œuvre, le couple a dû commencer à engager du personnel. A l’heure actuelle, trois personnes sont employées par l’asinerie, qui est également devenue une véritable affaire de famille. Marie Task s’occupe toujours de l’élevage des ânes, son mari prend en charge la vente des produits au lait d’ânesse avec leur fils Corentin qui gère également le site web, tandis que leur fille, encore aux études, revient chaque dimanche pour faire visiter les lieux aux amateurs.

Un cheptel de 150 ânes

Il y a quatre ans, l’asinerie a été agrandie. Aujourd’hui, 150 ânes de races différentes y vivent. "Ce sont des êtres qui donnent énormément aux gens, ils nous rendent bien plus que ce qu’on leur donne", confie Laura Scholaert, qui travaille là depuis dix ans, et déteste l’expression "bête comme un âne".

Leurs boxes, dans lesquels ils séjournent à plusieurs, sont régulièrement paillés. Et pour la petite histoire, lorsque cette paille doit être remplacée, elle est empilée sur un tas de fumier qui servira ensuite à une société flamande qui y cultivera des champignons.

Les saillies des ânesses ont lieu de mars à octobre. En moyenne, la gestation dure un an. Lorsque la femelle est sur le point de mettre bas, ses mamelles augmentent de volume, ce qui permet aux éleveurs de se tenir prêts. La mise bas chez les ânesses se fait encore par voie naturelle.

Durant les deux premiers mois qui suivent leur naissance, les ânons ne quittent pas leur mère. Mais après cette période, il sont sevrés. Ainsi séparées de leurs petits, les ânesses peuvent être traites, et ce, trois fois par jour.

Les bienfaits du lait

Le lait d’ânesse récolté sert ensuite à produire des savons, mais aussi des crèmes pour le corps, le visage et les mains ou encore du shampooing. Ces produits 100% belges, qui ne provoquent pas d’allergies, sont excellents pour les peaux sèches, mais également pour ceux qui souffrent d’eczéma ou de psoriasis. Vendus en Belgique mais aussi en France, les produits de l’Asinerie du Pays des Collines sont également demandés en Grèce, mais surtout en Chine, où ils ont beaucoup de succès!

Visite de l’asinerie

Chaque dimanche, la famille Denys ouvre les portes de sa propriété aux visiteurs et partage son amour pour les ânes avec eux. Ils viennent en famille, pour assister à la traite et goûter au lait d’ânesse, ou encore seul, à l’image de cet homme que Marie Task n’oubliera jamais: "Il était en costume cravate, la cinquantaine, il avait l’air très sérieux. Et il était là contre un âne, les yeux fermés. Ils sont restés l’un contre l’autre pendant dix minutes. Et je me suis dit que c’était ça que je voulais, que les gens se ressourcent contre les ânes. Ce sont des animaux très reposants, mais aussi des sources d’énergie et de générosité incroyables."

Natacha COCQ

www.asineriedupaysdescollines.be

Ouvert tous les dimanches de 14 à 18h – Entrée libre – Ouvert aux familles, mais interdit aux groupes

Château des Mottes - 7911 Frasnes-lez-Buissenal

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Catégorie : L'actu

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