Savoir dire merci, offrir dans un but désintéressé, éprouver de la reconnaissance et exprimer de la gratitude sont de véritables moteurs de bien-être et d’épanouissantes relations humaines.
« La gratitude : un amplificateur du positif « : ainsi débute le livre « les pouvoirs de la gratitude« (aux éditions Odile Jacob) de Rébecca Shankland, psychologue et maître de conférences à l’Université Grenoble-Alpes, mais également – entre autres diplômes et titres – vice-présidente de l’Association française francophone de psychologie positive. Elle y démontre tout ce que la gratitude apporte à l’être humain, aux relations humaines entre les êtres. Son ouvrage de 150 pages, complet, instructif et ludique qui se lit presque d’un seul trait.
Elle définit la gratitude comme « une émotion agréable que l’on éprouve lorsqu’on reçoit une aide ou un don d’autrui et qu’il s’agit d’un geste intentionnel et désintéressé. La gratitude est un mélange subtil de surprise, de joie, d’émerveillement et d’un sentiment de connexion aux autres ». Le simple fait de recevoir ne fut-ce qu’un message nous remerciant d’un acte que nous avons posé envers autrui est ressenti comme une reconnaissance de ce que nous avons donné, dans un but complètement désintéressé. Cette démarche de l’autre à notre égard nous poussera quasi automatiquement à éprouver de la gratitude envers les personnes qui à leur tour nous auront aidés.
La gratitude entraîne la reconnaissance qui favorise la gratitude
Rébécca Shankland relate les expériences de plusieurs universités faites avec deux groupes distincts, celui qui recevait un message de gratitude à la fin du test, et l’autre qui recevait uniquement une confirmation de la participation. Toutes les études ont révélé que les groupes à qui de la gratitude avait été exprimée étaient plus enclins à fournir à leur tout de l’aide ou apporter leur participation à un travail. La gratitude et la reconnaissance favorisent dès lors une interdépendance positive.
Éducation et apprentissage dès l’enfance
La gratitude devrait sembler innée, elle est cependant le fruit d’un long apprentissage, initié depuis l’enfance par des parents eux-mêmes pratiquants quotidiens. Souvenez-vous de votre réaction renfrognée quand vos parents vous obligeaient à dire merci et s’il vous plait à autrui. Cependant cela vous a permis de développer à votre tour ce sentiment merveilleux qui vous apporte un bien-être positif dans votre vie. L’auteure a intelligemment parsemé son ouvrage de tests et de questionnaires qui permettent au lecteur de se situer par rapport à sa relation avec la gratitude, la reconnaissance et ses sensations de bien-être positif personnel et dans ses relations avec autrui. À l’inverse, il existe des sociétés comme aux États-Unis ou en Italie où on ne dit que rarement s’il vous plaît et merci, car considérés comme une obligation un devoir ou un signe de soumission.
Attention, ne pas se sentir redevable
La psychologue insiste sur le fait que se sentir débiteur envers autrui tend à faire disparaître l’émotion agréable apportée par le geste désintéressé. Lorsque votre interlocuteur insiste sur le fait que c’est grâce à lui que vous avez obtenu quelque chose, que sans lui vos efforts auraient été vains entraîne un sentiment désagréable, une dette dont il faut au plus vite s’acquitter. Il s’agit évidemment de l’inverse de la gratitude. (Ndlr: ce type de comportement est fréquemment utilisé par le pervers narcissique qui considère que tout lui est dû et qui insiste lourdement sur les remerciements qu’il attend, tout en nous culpabilisant d’avoir eu besoin de ses services car il est le seul à faire les choses correctement.)
La gratitude est donc bonne pour le moral, la société. Elle se cultive et se pratique quotidiennement !
Texte et photo : Philippe BALDELLI / illu: CC by Sean McGrath