Le Parlement polonais a entamé, ce jeudi 22 septembre, l’examen d’une proposition de loi déposée par le comité pro-vie "Stop avortement" . Le projet prévoit une interdiction totale de l'avortement en Pologne, assortie d'une pénalisation des femmes ayant pratiqué une IVG. Sur ce dernier point, l'Eglise catholique polonaise a clairement marqué son désaccord.
Différentes organisations polonaises pro-vie, regroupées au sein du comité "Stop Avortement", ont suscité un projet de loi interdisant totalement l'avortement, après avoir récolté quelque 500.000 signatures en faveur de cette proposition. En Pologne, 100.000 signatures suffisent pour que la Diète se saisisse d'un projet émanant de la société civile.
Le comité a milité en faveur d'une révision de la loi polonaise actuelle à la faveur de la victoire électorale du parti conservateur Droit et Justice (PiS) en octobre dernier. La loi actuellement en vigueur concernant l'avortement est le fruit d'un compromis difficile, qui avait été obtenu en 1993, et qui restreint l'accès à l'IVG dans trois situations précises: en cas de risque pour la vie ou la santé de la mère, en cas d'examen prénatal indiquant une grave pathologie irréversible chez l'embryon, et en cas de grossesse résultant d'un viol ou d'un inceste.
En conséquence, moins de 2000 avortements légaux seraient pratiqués chaque année en Pologne, chiffre qui, selon des organisations de défense du droit des femmes à l'avortement, serait bien inférieur au nombre réel d'avortements pratiqués chaque années, entre 100.000 et 150.000. Chiffres contestés, à leur tour, par les organisations pro-vie.
"Deuxièmes victimes de l'IVG"
Les promoteurs du projet de loi sur l’avortement débattu depuis ce jeudi 22 septembre à la Diète de la République de Pologne propose de pénaliser les personnes pratiquant l’interruption volontaire de grossesse et les femmes y ayant recours, prévoyant jusqu'à cinq ans d'emprisonnement.ont réussi à réunir plus d’un demi-million de signatures. Toutefois, ils ne sont pas suivis par les évêques polonais sur leur proposition de pénaliser.
Un point que l’épiscopat polonais, pourtant farouchement opposé à l’avortement, a, dès le mois d'avril, expressément désapprouvé.
Si l’Église en Pologne, suivant en cela la position officielle de l'Eglise catholique, soutient l’interdiction de la pratique, elle a cependant clairement manifesté, quelques semaines après le dépôt du texte du comité à l’Assemblée, son opposition à la pénalisation de celles qu’elle considère comme "des deuxièmes victimes de l’IVG ".
S’appuyant sur un paragraphe du numéro 59 de l’encyclique de saint Jean-Paul II Evangelium vitae, l’épiscopat polonais avait rappelé dans un communiqué qu’il ne pouvait soutenir "la punition des femmes ayant avorté". "Les raisons et motivations pour lesquelles celles-ci décident d’avorter sont complexes et variées", précisent-ils dans ce texte d'avril der nier, alors en prônant davantage un accompagnement et des "soins complets" pour entourer ces femmes.
Autres propositions de loi
"Ces femmes sont souvent en grande difficulté", commente aujourd’hui Marcin Przeciszewski, président de l’agence d’information catholique KAI. "Et subissent des pressions, parfois fortes, de leur partenaire et de leur entourage", ajoute-t-il en précisant que le projet de loi présenté à l’Assemblée a été déposé par des fractions "radicales" des groupes de défense de la vie.
Il mentionne également l’existence de deux autres projets de loi, également déposés à la Diète. L’un serait présenté par des organisations féministes, et l’autre par des groupes pro-vie moins radicaux. Leur texte, privé de la proposition de la pénalisation des femmes qui avortent, se rapprocherait davantage, selon lui, de la position de l’Église.
Quant à certains mouvements pro-choix, ils ont créé un comité baptisé "Sauvons les femmes", et déposé une proposition de loi permettant de pratiquer l'avortement sans conditions jusqu'à la 12e semaine de la grossesse et, après ce délai, dans les cas autorisés par la loi actuelle. 215.000 signatures environ ont été rassemblées à l'appui de cette initiative.
Le Parlement polonais aura à débattre aussi en même temps d'un projet de loi présenté par un groupe de députés qui vise à limiter strictement la pratique de la fécondation in vitro. Il interdit notamment la congélation des embryons, considérés par ses promoteurs comme des êtres humains dès la pénétration du spermatozoïde dans l'ovule, avant même son implantation dans l'utérus.
C.H., avec la-croix.com et rtbf.be