Ce mardi 26 avril, l’Ukraine marquait le 30e anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl, pire accident nucléaire de l’Histoire. C’est en effet le 26 avril 1986 que le réacteur numéro 4 de la centrale explosait, lors d’un test de sûreté. Selon certaines estimations, cette catastrophe aurait provoqué des milliers de morts et contaminé une grande partie des pays d’Europe.
Au cours de la nuit de lundi à mardi, des fleurs et des bougies ont été déposées, comme chaque année, au pied du monument honorant la mémoire des victimes.
« Tchernobyl est devenu la plus grave catastrophe provoquée par l’homme au monde. Nous sommes ici pour faire tout ce qui est possible afin de prévenir de tels accidents à l’avenir« , a déclaré le président ukrainien Petro Porochenko, lors d’une cérémonie sur le site de l’ancienne centrale nucléaire. Il était accompagné du président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, la BERD, créée en 1990 pour, notamment, sécuriser le site.
Une série d’erreurs humaines, une explosion, suivie d’un énorme incendie, en cette journée du 26 avril 1986… Pendant dix jours, le combustible nucléaire a brûlé, rejetant dans l’atmosphère des éléments radioactifs qui contaminèrent une grande partie de l’Europe, à commencer par l’Union soviétique, principalement l’Ukraine et le Belarus. Moscou tenta de cacher la catastrophe, en dépit d’une première alerte: deux jours après l’explosion, la Suède relevait des taux de radioactivité anormalement élevés. Le 14 mai 1986, Mikhaïl Gorbatchev, le numéro 1 soviétique, intervenait publiquement. Finalement, les habitants de la zone seront évacués: 115.000, puis 230.000 personnes. Le périmètre, progressivement, sera élargi…
Aujourd’hui, 5 millions de personnes vivraient encore dans des territoires irradiés, malgré le travail des « liquidateurs », ces 600.000 ouvriers envoyés sans protection ou presque pour nettoyer et décontaminer la zone entre 1986 et 1990. Ils y ont construit une première chape de béton autour du réacteur détruit, les 3 autres réacteurs continuant eux de fonctionner jusqu’en 2000.
En raison des radiations persistantes, de la météo et du sol très instables, le premier sarcophage, construit pour isoler le réacteur radioactif pendant au moins trente ans, s’est abîmé et de nouveaux travaux ont du être lancés en 2012: une arche géante qui devrait être achevée en 2017 pour un coût de 18 milliards de dollars, financés par la BERD.
Des millions de contaminations
La semaine dernière, alors qu’il appelait les fidèles à se mobiliser pour les victimes de la « guerre oubliée » en cours en Ukraine, le pape François demandait également à ce que l’on prie pour les victimes de cette « tragédie » nucléaire, lors de l’audience générale.
Trente ans après, le bilan humain de la catastrophe fait toujours débat. Il y aurait plusieurs milliers de morts, 100.000 selon l’ONG Greenpeace. Plusieurs millions d’habitants des ex-républiques soviétiques ont été exposés, irradiés ou contaminés à travers les aliments. Trente ans après, les conséquences sur les populations sont encore très visibles: cancers de la thyroïde, cancers du sein, leucémies. Les plus touchés, encore aujourd’hui, sont ceux qui étaient enfants en 1986 et les « liquidateurs« .
Trente ans après, la « zone d’exclusion », zone contaminée qui s’étend sur 30 km² autour de la centrale de Tchernobyl, est toujours invivable. Aujourd’hui, la nature a repris ses droits dans cette zone, devenue une réserve d’animaux sauvages. Ours, loups et lynx y ont reconstruit un habitat en dépit d’un niveau de radiation jusqu’à 35 fois supérieur à celui observé aux Etats-Unis. Leur durée de vie et leur taux de reproduction sont plus bas que la normale, mais les radiations semblent moins nocives que la présence de l’homme. Des animaux en voie de disparition y ont même été introduits. Quant à la flore, sur le site de la « Forêt rouge » rasé alors au bulldozer, des bouleaux et des pins plus résistants aux radiations ont repoussé, donnant vie à une nouvelle zone boisée.
Source: Radio Vatican et AFP
Photo: La centrale nucléaire de Tchernobyl