Juncker dit « non » au Brexit


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Juncker dit « non » au Brexit
Par Christophe Herinckx
Journaliste de CathoBel
Publié le - Modifié le
4 min

686527_Jean-Claude-Juncker1Le "Brexit", c'est ce néologisme utilisé pour qualifier l'éventuelle sortie du Royaume Uni de l'Union européenne. David Cameron, premier ministre conservateur de Grande-Bretagne, a promis d'organiser un référendum sur cette question, dans son pays. A moins que l'accord conclu avec Donald Tusk, président du Conseil européen, soit confirmé lors du prochain sommet de l'UE... Une perspective de sortie du Royaume Uni est de toute façon inenvisageable pour Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne.

Ce mardi 16 février, Jean-Claude Juncker a en effet exclu fermement un "départ" de la Grande-Bretagne, soulignant que l'exécutif européen n'avait "pas de plan B" si cette éventualité devait se confirmer. "Nous n'avons pas de plan B, nous avons un plan A. La Grande-Bretagne restera dans l'Union européenne et sera un membre constructif et actif de l'Union", a martelé M. Juncker, qui doit recevoir le premier ministre britannique David Cameron aujourd'hui à Bruxelles.

"Si je disais que nous avons un plan B, cela donnerait l'impression qu'il y a comme une volonté de la Commission d'envisager sérieusement que la Grande-Bretagne puisse quitter l'Union européenne. Donc je n'entre pas dans les détails d'un plan B", a encore expliqué le président de la Commission européenne, qui joue un rôle de "facilitateur" dans les tractations entre Londres et Bruxelles.

M. Cameron, qui a promis d'organiser un référendum sur le maintien de son pays dans l'UE, espère arracher un compromis lors d'un sommet des 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE qui se tiendra ces jeudi 18 et vendredi 19 février à Bruxelles. A l'heure actuelle, il n'existe qu'un projet d'accord, présenté le 2 février dernier par le président du Conseil européen, Donald Tusk. Un éventuel accord entre l'UE et le Royaume Uni permettrait, moyennant des concessions faites à des revendications britanniques, d'éviter un référendum (actuellement prévu pour le 23 juin 2016, sous la pression du parti eurosceptique d'outre-manche "Ukip"), et donc un possible "Brexit". Cependant, de l'immigration à la souveraineté politique, en passant par la gouvernance économique, les pommes de discorde restent nombreuses.

Les propositions de M. Tusk "seront examinées jeudi et vendredi" par les dirigeants européens "et nous verrons si oui ou non elles sont considérées comme équitables pour la Grande-Bretagne et équitables pour les autres Etats membres", a indiqué M. Juncker.

Fédéralistes européens contre eurosceptiques

Le pré-accord conclu entre le premier ministre Cameron et le président du Conseil européen Tusk fait l'objet d'appréciations différentes, selon que l'on est favorable, ou non, dans les différents Etats membres de l'UE, à "plus d'Europe" ou "moins d'Europe".

Dans son état actuel, ce projet d'accord prévoit, notamment, que l’eurozone ne pourrait se développer au détriment des non-membres de l'eurogroupe. Les questions économiques et financières discutées au sein des dix-neuf pays de la zone euro, et qui pourraient avoir une incidence sur les autres membres de l’UE, devraient être débattues à 28 et non à 19. En d'autres termes, les Etats membres de la zone euro pourraient être "bloqués" dans certains projets susceptibles d'augmenter l'intégration économique au sein de l'UE, parce que les 9 autres Etats membres, dont la Grande-Bretagne, ne voudraient pas avancer...

Autre point de ce document: une partie des compétences européennes seraient rapatriées vers les parlements nationaux, qui pourraient dès lors opposer un droit de veto à certaines politiques décidées par la Commission européenne. Si ce dernier point devait être adopté par l'UE, cela ressemblerait fort à un recul important du projet d'intégration européenne.

Alors que, face aux Etats-Unis, à la Chine ou encore la Russie, l'Europe ne peut avoir de réel poids politique que si elle est unie; alors que nombre de citoyens souhaitent une Europe plus sociale, pour corriger les excès d'une certaine forme de libéralisme, on en reviendrait, selon certains observateurs avertis, et par certains aspects, à une Union européenne conçue comme un simple marché de libre échange... Ce qui correspond, en effet, au souhait des eurosceptiques. Quant au projet d'un réel fédéralisme européen, il pourrait être sérieusement entravé par cette évolution, voire même mis à l'arrêt. Au risque, pour certains, de voir même réapparaître, à moyen terme, certains conflits au sein de l'UE.

La question que l'on peut se poser est celle-ci: face aux défis d'aujourd'hui, socio-économiques, écologiques, politiques, migratoires, sécuritaires, faut-il faire "plus", et surtout "mieux" en Europe, ou faut-il "moins" d'Europe? Et en fonction de la réponse à cette question: faut-il assurer la présence de la Grande-Bretagne au sein de l'UE, quitte à sacrifier le projet fondateur de l'Europe, pour conserver une Europe a minima? Ou faut-il, au contraire, faire preuve de fermeté face à des demandes de concessions démesurées de la part d'un Etat membre, fût-il la Grande-Bretagne, et continuer d'avancer dans le projet européen, en prenant le risque d'un "Brexit"?

Avec AFP et lalibre.be

Photo: Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne

Catégorie : International

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