De nombreux responsables politiques en conviennent, tout comme nombre de spécialistes de la Syrie: les attentats de Paris du 13 novembre, et l’intensification de la lutte accrue contre le terrorisme qui en découle, passe par un règlement politique de la crise syrienne, qui a déjà fait plus de 250.000 morts. La réunion du « groupe international d’assistance à la Syrie », ce samedi à Vienne, tout comme le sommet du G20, ces deux derniers jours en Turquie, ont débouché sur des décisions susceptibles d’accélérer la transition politique attendue en Syrie.
Des diplomates d’une vingtaine de pays, dont les Etats-Unis et la Russie, étaient réunis à Vienne ce samedi 14 novembre, au lendemain des attentats sanglants de Paris, pour discuter de l’avenir de la Syrie. Sous la pression de l’actualité, sans doute, les pays représentés à cette réunion se sont mis d’accord sur un calendrier visant à organiser, d’ici 18 mois, des élections dans ce pays. C’est ce qu’ont fait savoir les ministres des Affaires étrangères allemand et américain.
« Le calendrier concret sur lequel nous nous sommes entendus aujourd’hui est celui d’élections dans 18 mois en Syrie« , à l’issue d' »un processus qui comprendra la formation d’un gouvernement de transition d’ici six mois« , a notamment déclaré le ministre allemand Franz-Walter Steinmeier.
L’objectif est aussi d’organiser, d’ici le 1er janvier 2016, une rencontre entre représentants de l’opposition syrienne et du régime de Damas, afin d’aboutir à un un cessez-le-feu dans le conflit qui déchire le pays depuis quatre ans, a quant à lui indiqué le secrétaire d’Etat américain John Kerry, rejoint dans ses propos par l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura.
Cette décision formelle, bien qu’encourageante, n’a pas, pour autant, fait disparaître un obstacle important à la résolution du conflit syrien, extrêmement meurtrier, qui a favorisé l’émergence de DAECH: les Etats-Unis et la Russie demeurent divisés sur le sort à réserver au président syrien Bachar al-Assad, le premier posant jusqu’ici comme condition le départ de ce dernier, le second montrant jusqu’ici un soutien indéfectible au régime de Damas.
Le sommet du G20, qui s’est tenu à Antalya, en Turquie, les dimanche 15 et lundi 16 novembre, a toutefois montré une évolution certaine des positions à ce sujet. Si la question relative à l’avenir politique de M. al-Assad n’a pas été tranchée, l’entretien de 35 minutes, en tête-à-tête (et détendu d’après les observateurs), entre Barack Obama et Vladimir Poutine, au cours de ce sommet, ainsi que les déclarations des uns et des autres semblent aller dans le sens d’un assouplissement des positions. Le président russe et son homologue américain se rejoindraient dorénavant quant à la nécessité de favoriser, sous l’égide de l’Onu, des négociations entre le régime syrien et l’opposition, qui doit notamment aboutir à un cessez-le-feu. En ce sens, la Russie et les Etats-Unis souhaiteraient voir les Syriens eux-mêmes régler le conflit syrien…
En visite en France ce mardi 17 novembre, le secrétaire d’Etat américain John Kerry a déclaré, selon l’AFP, que la Syrie était peut-être à quelques « semaines » seulement d’une « grande transition » politique entre le régime de Damas et l’opposition.
« Nous sommes à des semaines, en théorie, de la possibilité d’une grande transition en Syrie » et « nous allons maintenir la pression sur ce processus (…) Nous ne parlons pas de mois, nous parlons de semaines, espérons-le« , a également souligné M. Kerry. « Maintenant, tout ce dont nous avons besoin, c’est le début d’un processus politique et que le cessez-le-feu soit instauré. C’est un pas gigantesque« , a ajouté M. Kerry, se félicitant enfin que « l’Iran et la Russie soient à la table » des négociations.
Un changement de ton se confirmerait donc, avec à la clé une détente entre les « grandes puissances » et, surtout, une accélération dans la résolution du conflit syrien. Il reste à espérer qu’une paix et une stabilité politique véritables, fruits d’un dialogue retrouvé, puissent voir le jour en Syrie dans les mois à venir. L’avènement d’un gouvernement de transition, puis d’un gouvernement élu en Syrie, ne seront toutefois qu’une étape dans le conflit qui opposent actuellement l’opposition et le régime syrien d’une part, au groupe Etat islamique d’autre part.
Avec AFP
Photo: le président syrien Bachar al-Assad