Le Conseil de sécurité de l’ONU s'est réuni hier en urgence pour examiner la situation au Burundi. Le pays est au bord la guerre civile.
Depuis la crise politique démarrée au printemps dernier avec les manifestations, le plus souvent pacifiques, contre la réélection pour un troisième mandat du chef de l’Etat Pierre Nkurunziza, le Burundi s'enfonce de plus en plus dans une situation pré-insurrectionnelle. Pas une journée sans violences parfois émaillée de meurtres dans la capitale de ce pays qui risque fortement de basculer dans une guerre civile qui avait fait 300.000 morts de 1993 à 2006 .
Cette escalade inquiète diplomates et experts. "La situation est gravissime" a ainsi déclaré Louis Michel sur les ondes de la RTBF ce matin. Selon le centre de réflexion International Crisis Group (ICG), "le Burundi fait à nouveau face à de possibles atrocités à grande échelle et une possible guerre civile", La communauté internationale, qui garde en mémoire les massacres entre Hutus et Tutsis perpétrés au Burundi durant la guerre civile, est tout aussi inquiète. En raison des propos tenus par le président du Sénat burundais qui a déclaré que la police allait bientôt se mettre au "travail" et a demandé aux chefs de quartier de dénoncer les "éléments qui ne sont pas conformes à l’ordre". Pour Louis Michel, ces propos "rappellent singulièrement, dramatiquement, la sémantique qui a été utilisée au moment du génocide rwandais". Le camp présidentiel a également annoncé son intention d’écraser par la force la contestation. L’opération "pacification" a démarré le 8 novembre dans un quartier rebelle de la capitale Bujumbura. Mais elle risque plutôt de mettre définitivement le feu aux poudres, comme ce fut le cas lors de l’opération militaire de 1994 dans le quartier hutu de Kamenge qui avait alors été écrasé par l’armée alors dominée par la minorité tutsie.
A l'ONU, division quant aux sanctions
La France a appelé hier à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations unies, et fait circuler un projet de résolution qui condamne les violences et encourage les responsables burundais à reprendre un dialogue politique inclusif. Le texte prévoit aussi des sanctions ciblées contre les fauteurs de trouble et demande expressément au secrétaire général de l’Organisation des nations unies (ONU), Ban Ki-moon, un renforcement de la présence des Nations unies dans le pays. Mais la Russie, la Chine et les membres africains du conseil s’opposent à ces sanctions, considérant qu’il s’agit d’ "une affaire interne au Burundi".
P.G.