Les heurts continuent à Jérusalem et en Cisjordanie, et les Palestiniens comme les Israéliens comptent leurs morts. Certains craignent une 3e intifada. Le nonce apostolique en Terre Sainte s’inquiète de l’escalade des tensions et estime qu’on ne peut rester indifférent.
Où s’arrêtera la spirale de la violence? Depuis plusieurs jours, les attentats commis tant par des Israéliens à l’encontre de Palestiniens que l’inverse, se multiplient. Tuer pour faire mal. Mais ce sont des innocents qui, à chaque fois, en sont les victimes. Cette escalade et l’absence de dialogue font craindre que ne s’installe une troisième intifada, voire un nouveau conflit israélo-palestinien, chacun des deux camps estimant devoir se protéger en ripostant aux attaques par d’autres attentats. Bref, entre Israéliens et Palestiniens, le point de non-retour se rapproche dangereusement. Deux nouvelles étapes, dans les violences qui ont commencé au début du mois, ont été franchies durant le week-end dernier et en début de cette semaine. Dimanche, la police israélienne a in extremis fait échec à ce qu’elle a présenté comme la première tentative d’attentat à l’explosif. Une Palestinienne circulant en Cisjordanie vers Jérusalem a été grièvement blessée par l’explosion prématurée de la bonbonne de gaz qu’elle transportait dans sa voiture. Du coup, le spectre d’une nouvelle vague d’attentats suicides, qui avaient coûté la vie à des centaines de victimes durant la deuxième intifada en 2000, est ressurgi. Depuis, l’escalade se poursuit chaque jour.
Pourtant, malgré les tensions et les divergences, tant du côté palestinien qu’israélien, on affirme qu’il n’est pas question d’en arriver à un conflit armé. Du côté israélien, le général Amos Gilad, un influent responsable du ministère de la Défense, a assuré que « le Hamas ne souhaite pas d’escalade », soulignant que les islamistes auraient trop à perdre dans une épreuve de force. Du côté de l’Autorité palestinienne, un proche du président Mahmoud Abbas, a dit qu’il n’est pas question de se lancer dans une militarisation de l’intifada.
De fait, les observateurs font remarquer que les policiers palestiniens se sont soigneusement abstenus pour le moment d’utiliser leurs armes contre les soldats israéliens, contrairement à ce qu’ils avaient fait en 2000. Ils laissent même les jeunes manifestants s’approcher plus près des soldats israéliens déployés aux barrages routiers en Cisjordanie, mais nombre d’entre d’eux en civil s’assurent qu’aucun protestataire n’utilise d’arme à feu. Par ailleurs, il semble que la coopération entre services de sécurité israéliens et palestiniens se poursuive, même si le Premier ministre Benyamin Nétanyahou affiche ouvertement sa fermeté. Son gouvernement a adopté un projet de loi qui fixe pour la première fois des peines planchers pour les lanceurs de pierres et des amendes pour les parents de mineurs auteurs de ce genre de délits. Mais le premier ministre israélien s’est refusé à boucler totalement la Cisjordanie pour interdire à plus de 50.000 Palestiniens de cette région de venir travailler en Israël comme le souhaitait la police, et ce afin de ne pas augmenter la colère et la frustration des Palestiniens et surtout celles des extrémistes.
Rétablir un climat de confiance, estime le nonce apostolique
Mardi 13 octobre a été une journée particulièrement tendue à Jérusalem qui en fait la journée la plus meurtrière dans la ville sainte depuis dix jours. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir Mgr Giuseppe Lazzarotto (photo), nonce apostolique en Terre Sainte. « Ce qui se passe est préoccupant et nous angoisse tous. On ne peut rester indifférent face à des actes de violence répétés, et à la perte de vies humaines », a-t-il déclaré.
La communauté internationale a des instruments qui, utilisés de manière adéquate, pourraient contribuer à résoudre conflit et crise, mais pour le nonce apostolique en Israël et délégué pour Jérusalem et les Territoires palestiniens, il faut avant tout rétablir un climat de confiance réciproque dans le pays et reprendre le chemin du dialogue. « Si on n’arrive pas à abattre les murs de la défiance et de l’hostilité », explique Mgr Giuseppe Lazzarotto, « toutes les initiatives seront inefficaces et malheureusement destinées à échouer. » Il plaide en faveur de gestes courageux et désintéressés pour atteindre la paix.
Rappelons aussi qu’à la veille du week-end, le pape François a appelé les participants au synode pour la famille à élever une prière « intense et confiante » pour la paix au Proche Orient.
J.J.D. (avec agences)
Voir aussi l’actualité en Terre Sainte sur le site de la Lieutenance de Belgique de l’Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem