Psychologique, financière ou physique, la maltraitance des personnes âgées est observée dans deux cas sur trois au sein même du cadre familial. La journée mondiale de la maltraitance des aînés, ce lundi 15 juin, est l'occasion de porter un regard sur un phénomène qui est loin d'être marginal dans notre société. Il toucherait un senior sur vingt en Wallonie.
"Il n'y a pas de date de péremption à partir de laquelle on ne doit plus être considéré comme un adulte. L'adulte qui a vieilli doit continuer à occuper une place dans la société avec des devoirs, des obligations, mais aussi des possibilités de choix", estime Dominique Langhendries, directeur de Respect Seniors, l'Agence wallonne de lutte contre la maltraitance des personnes âgées. En 2014, le centre d'appel de Respect Seniors a enregistré une augmentation de 10% des signalements, ce qui ne signifie pas pour autant que les situations de maltraitance aient elles-mêmes augmenté. Cette question autrefois taboue est aujourd'hui davantage dénoncée par les aînés, par leur entourage et par les institutions. L'Office mondial de la santé (OMS) estime que 4 à 5 % de la population de plus de 65 ans pourrait subir une situation de maltraitance. "On compte 650.000 aînés en Wallonie. 5%, cela représente nettement plus que les 1770 dossiers ouverts en 2014" relève Dominique Langhendries.
Le domicile n'est pas le lieu le plus sûr
Trois fois sur quatre, la maltraitance intervient au domicile de l'aîné. L'isolement est un facteur de risque et de vulnérabilité. Dimitri Haikin, psychologue, estime qu'au plus la personne est "âgée, en mauvaise santé, fragilisée psychologiquement et isolée, au plus le risque de maltraitance augmente". Toutefois, le lieu de résidence n’est pas forcément un indicateur quant à "l'auteur désigné". Ainsi, ce n’est pas parce que l’aîné réside en institution que la maltraitance est nécessairement commise par un professionnel et inversément. Récemment, les mesures de "contention" pratiquées dans les homes et les maisons de repos, ont fait l'objet d'une circulaire éditée par le ministre de l'action sociale, Rachid Madrane (PS). Cette circulaire vise à encadrer et limiter les pratiques qui consistent à attacher une personne à son lit ou à lui imposer une médication lourde et abrutissante. "Pour éviter qu'une personne ne chute, on va l'empêcher de se mobiliser, la laisser dans un fauteuil trop longtemps. Il faut rester vigilant pour que ce type de disposition ne soit pas mis en place uniquement pour répondre au confort du soignant. Il faut attirer l'attention sur le bien-être et le respect de la personne âgée en toute circonstance", explique Dominique Langhendries.
En pratique
En 2014, le numéro vert de Respect Seniors (0800 30 330) a enregistré 3.000 appels. 1.770 étaient liés à des situations de maltraitance, le solde concernait des demandes d'information, de sensibilisation ou de formation. L'an dernier, 4500 professionnels et étudiants ont bénéficié de ces formations. L'association a également proposé des activités culturelles orientées sur cette problématique: ciné-débat ou théâtre. A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre la maltraitance des aînés, une journée d’étude ouverte au public se tient ce 15 juin 2015 au Centre culturel Marcel Hicter – La Marlagne. Elle a pour thème "Entre volonté et intérêt de l’aîné et du professionnel: quel respect pour les seniors?"
Informations: www.respectseniors.be
A noter que le sujet sera au centre de l'émission Il était une foi, ce dimanche 21 juin à 19h sur La Première