Le groupe terroriste Etat islamique (EI) s’est emparé entièrement ce jeudi de la ville antique de Palmyre dans le désert syrien.
Les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) se sont emparés jeudi de la totalité de la cité antique de Palmyre, marquant un nouveau point dans leur bataille contre le régime syrien et suscitant l’inquiétude pour ses trésors archéologiques. La cité de Palmyre, vieille de plus de 2.000 ans, revêt une importance stratégique pour l’EI puisqu’elle ouvre sur le grand désert syrien, limitrophe de la province d’Al-Anbar en Irak, que le groupe contrôle déjà en grande partie. Avec la prise de Palmyre, qui ouvre sur le grand désert syrien frontalier de l’Irak, l’EI contrôle désormais 50 % du territoire de la Syrie, selon l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme (OSDH).
D’après l’OSDH, les troupes du régime syrien se sont retirées de toutes leurs positions dans et à la périphérie de Palmyre, notamment des renseignements militaires de toute la Badiya (désert syrien), l’aéroport militaire et la prison dans lesquels les djihadistes se sont introduits dans la nuit de mercredi 20 à jeudi 21 mai.
Au vu des destructions déjà perpétrées par l’Etat islamique, notamment en Irak, on peut craindre le pire. La directrice de l’Unesco Irina Bokova a déclaré que « Palmyre est le site d’un extraordinaire héritage mondial dans le désert, et toute destruction à Palmyre serait non seulement un crime de guerre, mais aussi une énorme perte pour l’humanité ». Irina Bokova a réitéré son appel au Conseil de sécurité de l’ONU à se saisir du sujet. « Nous avons besoin que le Conseil de sécurité, que tous les leaders politiques, que les chefs religieux lancent un appel pour prévenir ces destructions », a-t-elle ajouté. « En fin de compte, c’est le berceau de la civilisation humaine qui appartient à l’humanité toute entière », a souligné la directrice de l’Unesco. « Ce que Palmyre nous dit, c’est que toutes les cultures s’influencent les unes les autres, toutes les cultures s’enrichissent mutuellement ».
Sur le plan militaire, la prise de Palmyre est inquiétante. Située à 210 km au nord-est de Damas, la capitale syrienne, près de 70.000 personnes y résident. Elle est la première ville d’importance prise aux forces du président Bachar Al-Assad par l’EI. Plus grave, le groupe terroriste est désormais maître de la quasi-totalité des champs pétroliers et gaziers de Syrie après la prise de deux champs gaziers ces derniers jours près de Palmyre. Le régime syrien ne détient plus que le champ de Chaer dans la province de Homs, dont fait partie la ville, tandis que les forces kurdes contrôlent les champs de Ramilane dans la province de Hassaké (nord-est).
Face à cette avancée des terroristes de l’Etat islamique, la communauté internationale s’interroge sur la manière de contrer la force militaire des djihadistes, d’autant que les frappes aériennes de la coalition ne semblent pas ralentir l’avancée des troupes de l’EI. La situation en Syrie et en Irak sera au cœur d’une réunion internationale le 2 juin à Paris afin de faire le point sur la marche à suivre.