Un incident banal est à l’origine d’une querelle qui prend de l’ampleur dans la région namuroise, et dont la presse locale s’est fait l’écho. Un mail du bourgmestre, attaquant l’évêché de Namur, a entraîné une réaction cinglante des autorités diocésaines.
Le dimanche 19 avril, le village de Conjoux dans l’entité de Ciney, a lieu la traditionnelle kermesse. Le bourgmestre Jean-Marie Cheffert (MR) entendait déposer une gerbe de fleurs et prononcer un discours devant les personnes présentes et notamment devant les paroissiens à la sortie de la messe dominicale. Hélas, ce dimanche là, il n’y avait pas de cérémonie eucharistique. D’où la déception du mayeur cinacien de ne voir quasi-personne pour l’écouter.
Du coup, le sang de Jean-Marie Cheffert n’a fait qu’un tour et le bourgmestre s’est fendu d’un mail vengeur, dans lequel il exprime sa colère, et qu’il a adressé au chanoine Jean-Marie Huet, vicaire épiscopal du diocèse de Namur. Le souci est que ce mail, au départ confidentiel, a été rendu public par son auteur. Ce qui a entraîné la publication, par l’évêché de Namur, d’un communiqué de presse circonstancié, mettant les choses au point. D’autant que le bourgmestre « révolté », dans sa colère, fait un amalgame et aborde des problématiques liées à l’entretien des lieux de cultes par les communes et les villes, reprochant différents griefs et, au passage, interprétant à sa manière la loi sur le financement des cultes, aujourd’hui régionalisée.
Des questions importantes
Dans son communiqué signé par le chanoine Huet, l’évêché de Namur rappelle qu’en décembre 2014, « le bourgmestre de Ciney s’est exprimé dans les médias, au sujet du coût qu’il juge exorbitant des fabriques d’église dans sa commune », précisant que l’Évêché était prêt à toute discussion.
« Répondant à une proposition du bourgmestre, nous avons participé à une réunion qui s’est tenue à Ciney le 24 mars dernier, en présence du bourgmestre, de l’échevin des finances, du directeur général, et du Secrétaire général du service ART, CULTURE ET
FOI du diocèse de Namur. L’objectif de cette première rencontre était de s’écouter et de s’informer mutuellement mais nullement de prendre des décisions qui exigeaient par ailleurs une plus large concertation », stipule le communiqué diocésain, rappelant en outre qu’aucun engagement ne fut pris lors de cette réunion, sauf celui de se revoir pour discuter d’un ensemble de questions, entre autres du nombre d’églises sur le territoire de la commune et de l’avenir de l’église dite « des Capucins » qui sert de lieu de culte à Ciney depuis la tempête qui emporta le clocher de la collégiale et endommagea l’intérieur de l’édifice.
Concernant l’absence de messe à Conjoux le dimanche 19 avril et la colère mayorale, l’évêché se demande en quoi il peut être rendu responsable.
Par ailleurs, dans son mail vengeur, le mayeur de Ciney affirme que « la commune ne mettra plus à l’extraordinaire des centaines de milliers d’euros pour des travaux dans les églises ». L’évêché rappelle au bourgmestre que le décret impérial de 1809 qui règle le fonctionnement des fabriques d’église, impose un certain nombre d’obligations aux communes, notamment l’entretien des lieux de culte et le logement du desservant.
Les décisions des collèges communaux, si elles ne sont pas justifiées peuvent être soumises à la tutelle d’annulation du Gouverneur de la province.
Bref cette querelle initiée par une colère, au demeurant mal placée, du premier citoyen de la cité cinacienne met en lumière des questions importantes, à propos des biens propres des fabriques d’église. Force est de constater que les communes sont tentées d’aller d’abord se servir dans ces biens propres (meubles ou immeubles) avant d’intervenir par des subsides couvrant le manque de ressources des fabriques. Si un tel système était mis en place, cela équivaudrait en quelque sorte à une seconde nationalisation des biens du clergé !
J.J.D.