Israël : le processus de paix définitivement menacé ?


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Israël : le processus de paix définitivement menacé ?
Par Jean-Jacques Durré
Publié le - Modifié le
3 min

Boy_and_soldier_in_front_of_Israeli_wallAvec la victoire surprise de Likoud aux élections législatives anticipées en Israël, Benyamin Netanyahou est en route pour un troisième mandat. Le processus de paix avec les Palestiniens est-il en danger, voire en passe d'être définitivement abandonné?

Les instituts de sondage s'étaient trompés: le Likoud, le parti de Benyamin Netanyahou a remporté les élections législatives anticipées mardi en Israël, en obtenant un quart des sièges de la Knesset. La liste de centre gauche Union sioniste du travailliste Isaac Herzog a reconnu sa défaite et souhaité bonne chance à son rival. Le Premier ministre sortant va donc enchaîner sur un troisième mandat consécutif, son quatrième à la tête de l'Etat hébreu.

Benyamin Netanyahou se laisse 2 à 3 semaines pour former son équipe. Mais sa marge de manœuvre pour gouverner sera réduite. En effet, la victoire du parti de droite n’est pas non plus écrasante. D’abord, parce qu’avec avec 13 députés élus, les Arabes israéliens sont désormais une force avec laquelle il devra compter. Les partis des représentants des descendants des Palestiniens, restés sur leur terre à la création d’Israël en 1948, ont obtenu le plus grand nombre d’élus de leur histoire. Pour la première fois, ils étaient représentés dans la campagne législative par un seul parti politique.

Par ailleurs, si la sécurité semble avoir motivé le vote des Israéliens, face aux menaces du Hamas, le nouveau gouvernement issu des urnes devra aussi répondre aux vives attentes économiques et sociales des Israéliens. La crise économique est vive dans le pays.

Le processus de paix avec les Palestiniens est au point mort depuis très longtemps. Si la gauche avait laissé entendre qu’elle souhaitait, si elle arrivait au pouvoir, reprendre ce processus, Netanyahou a clairement déclaré avant les élections qu’il n’était pas question d’envisager la création d’un état palestinien. Et comme il devra composer son gouvernement avec d’autres partis de droite, voire d’extrême-droite, plus radicaux, on ne doit hélas pas s’attendre à une détente dans les relations isarélo-palestiennes.

Si cette coalition très à droite se met en place, elle devra aussi gérer les relations avec les Etats-Unis, qui se sont nettement dégradées, notamment en raison de la divergence de vue sur le nucléaire iranien. Sans doute Netanyahou espère-t-il une victoire des Républicains aux prochaines présidentielles, qui auront lieu à l’automne 2016. En attendant, il devra composer avec l’administration Obama. Sur le plan international, le gouvernement devra aussi résister à l'offensive diplomatique palestinienne. Nombreux sont les pays, européens notamment, qui souhaitent une reconnaissance d’un état palestinien. Si la nouvelle équipe israélienne est intransigeante, rien ne dit que cette reconnaissance ne pourrait pas s’accélérer.

Enfin, la nouvelle équipe dirigeante à Tel-Aviv devra aussi faire face aux menaces sécuritaires, surtout si la politique menée continue à soutenir l’extension des colonies juives en territoire palestinien. Sans compter que la région est une véritable poudrière avec les conflits qui agitent l’Irak, la Syrie voisine et même l’Egypte qui reste très fragile sur le plan politique intérieure malgré la reprise en main par l’armée sous la houlette du président actuel al-Sissi.

Bref, il faudra beaucoup de sens politique à Benyamin Netanyahou pour résoudre l’ensemble de ces défis qui se présentent à lui, mais qui touchent aussi le reste du monde. Et vu le contexte, il n’est pas exclu que la diplomatie vaticane, qui avait réussi à réunir Shimon Peres et Mahmoud Abbas pour un temps de prière commune à l'invitation du pape, ne se remette discrètement à l’œuvre.

J.J.D.

Catégorie : International

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