Plusieurs évêques sont intervenus dans les jours précédant Noël sur la polémique autour de la place des crèches dans l’espace public français. Une querelle que, seuls nos voisins d’outre-Quiévrain ont le secret, au nom de la laïcité de l’Etat.
Une polémique fait rage depuis quelque semaines chez nos voisins français, à propos des crèches de Noël dans les espaces publics. Certains élus ont décidé de les retirer suivant le principe de la laïcité. Plusieurs recours ont été introduits devant les tribunaux français, bien en mal de savoir l’attitude à prendre, soit pour exiger le retour de la crèche, soit pour en demander le retrait.
Bref, ce qui aurait pu paraitre n’être qu’une querelle un peu « cloche-merle » devient une affaire d’Etat. Au point que plusieurs évêques ont tenu à remettre les choses essentielles en évidence. Ainsi, le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, est monté au front, à l’image d’autres prélats de l’Hexagone. Il a appelé à ne pas se tromper d’urgence : « Tandis qu’on se querelle sur la présence de quelques crèches dans l’espace public, on ne s’indigne pas beaucoup de ces milliers de crèches vivantes, non seulement en Irak, mais aussi en Syrie, et chez nous… en France », a-t-il écrit dans une tribune publiée par Figaro Vox. Aussi doit-on « présenter au regard de tous » la crèche, argumente le cardinal Barbarin rappelant ce qu’écrivait Jean-Paul Sartre, alors prisonnier – « Vous avez le droit d’exiger qu’on vous montre la crèche » – parce que, commente l’archevêque de Lyon, « il y a dans cette représentation une dimension qui excède le visible, le fini, l’absurde de notre condition. Nous devrions exiger d’ouvrir les yeux sur les crèches vivantes qui sont la honte de notre monde. »
Déjà le jeudi précédant la fête de la Nativité, l’évêque de Grenoble Mgr Guy de Kérimel publiait un bref communiqué intitulé « Ôtez ces crèches que notre société ne saurait voir ! ». Il y évoquait un couple de Kosovars avec un bébé dans les bras et attirait le regard sur « ces crèches vivantes de familles totalement démunies, obligées de dormir sous des toiles et des planches dans le froid et l’humidité que notre monde fabrique en série ».
Le cardinal-archevêque de Paris, Mgr André Vingt-Trois n’a pas mâché ses mots à l’égard des responsables politiques. Selon le prélat, ils sont « à côté de la plaque » lorsqu’ils polémiquent sur la présence de crèches de Noël dans les bâtiments publics, a estimé quant le cardinal, le mercredi 24 décembre. « Je trouve que c’est un peu dérisoire. Le personnel politique qui arrive à se passionner pour ce sujet est un peu à côté de la plaque, a-t-il dit sur RTL. Les groupes, je n’ose pas dire les groupuscules, qui veulent lancer le combat sur ce terrain feraient mieux de mobiliser leurs forces pour d’autres combats ». Il ne s’agit, selon lui, que d’un « soubresaut identitaire d’un groupuscule qui n’arrive plus à trouver d’adversaire », en référence à la fédération de la Libre Pensée, qui a déposé plusieurs recours devant la justice administrative pour demander le retrait des crèches. « Cela fait partie de notre univers culturel, de notre tradition chrétienne, je ne vois vraiment pas où est le débat », a conclu le cardinal Vingt-Trois.
Rappelons que le 5 décembre, l’Observatoire de la laïcité avait rappelé la loi et invité les tribunaux à apprécier si telle crèche installée dans un lieu public l’est comme « emblème religieux » ou si elle peut être considérée comme une « exposition » faite au titre de la culture locale.