Faut-il forcer les chômeurs à réaliser des travaux d’intérêt général? Les négociateurs de la coalition suédoise semblent avoir déjà trouvé un accord sur ce sujet, mais la conclusion d’une étude de l’UCL est sans équivoque: une telle mesure serait à la fois inefficace et injuste, et doit donc être abandonnée.
Les modalités de mise en œuvre ne sont pas encore connues, mais les négociateurs de la coalition suédoise semblent bien décidés à imposer aux chômeurs des services à la communauté en contrepartie de l’octroi d’allocations de chômage. Une mauvaise idée, estime le professeur Bruno Van der Linden, spécialiste du marché du travail à l’UCL.
Son étude part du principe que l’objectif d’une telle mesure est de distinguer les chômeurs volontaires – c’est-à-dire ceux qui profitent du système – des autres. Les partisans d’un tel système espèrent que les profiteurs se tourneront vers le CPAS, où l’obligation de travaux n’existe pas. Ce qui permettra de faire des économies de dépenses d’allocations de chômage. Mais pour le professeur Van der Linden, ce n’est pas une bonne solution, car « les services publics de l’emploi ont déjà une batterie d’instruments qui leur permettent de constater le chômage involontaire« .
Injuste et inefficace
L’étude relève d’autres obstacles: d’une part, le risque que les travaux d’intérêt public se substituent à l’emploi standard; d’autre part, le coût d’organisation d’un tel système, qui nécessite un encadrement et un contrôle des personnes qui effectuent ces travaux. Le chercheur se pose aussi des questions sur l’efficacité d’un tel système. « Une faible productivité de ces travailleurs apparaît plausible« , commente-t-il. Pour lui, cette mesure doit donc être abandonnée.
P. A.