En ce lundi de Pentecôte, de nombreux pèlerins et paroissiens du Brabant wallon se sont rendus à l’abbaye de Bois-Seigneur-Isaac pour célébrer les 600 ans de la Grande Procession du Saint Sang.
Depuis l’an de grâce 1414, une procession à lieu à l’abbaye de Bois-Seigneur-Isaac pour vénérer le Sang de Jésus-Christ. L’histoire est étonnante: en 1405, alors que le prêtre célébrait la messe dans la chapelle, l’hostie consacrée se mit à saigner abondamment. Le sang se répandit sur le corporal, ce petit linge destiné à recevoir le Corps du Christ (d’où son nom) durant la messe. Assez sceptique au départ, l’Eglise ordonna une enquête qui ne se termina que huit ans plus tard. Depuis, on présente chaque année le corporal miraculeusement taché de sang… depuis 600 ans.
Cette relique ne doit pas être considérée comme une idole que l’on adore à la place de Dieu, mais il s’agit plutôt d’un rappel vivant de la mission de Jésus. Le Christ a versé son sang pour nous, jusqu’à la mort, pour nous sauver de nos propres péchés. Alors que l’adage populaire dit que « le sang appelle le sang », Jésus nous invite non pas à vouloir le venger, mais à l’imiter en nous aimant les uns les autres. Un message rappelé par Mgr Léonard dans son sermon: « C’est en son sang versé pour nous que nous sommes unis à Dieu d’une alliance nouvelle et éternelle. Le sacrifice de la Croix nous est rendu présent par l’eucharistie: à travers le pain et le vin consacrés. Quand nous vénérons le sang du Christ, ce n’est pas du sang matériel, mais nous accueillons la présence réelle du Seigneur à travers un geste sacramentel. »
Des moines libanais
Occupée par des religieux Augustins de 1413 à 1784, l’abbaye fut aussi occupée par des chanoines Prémontrés de 1903 à 2009. C’est la baisse des vocations religieuses qui a nécessité de trouver un autre ordre pour faire vivre cette abbaye.
Et comme les Mages venus adorer l’Enfant-Jésus, les nouveaux occupants sont venus… d’Orient. Ce sont en effet des moines libanais qui ont repris les bâtiments, évitant que l’abbaye ne soit désacralisée. Les moines de l’Ordre Libanais Maronite sont des catholiques orientaux qui reconnaissent l’autorité du pape, mais célèbrent une liturgie différente des catholiques d’Occident. Le monastère est désormais sous la protection de Saint Charbel Makhlouf, un ermite libanais qui vécut au XIXe siècle. Mais la relique du Saint Sang est toujours vénérée par les moines et les fidèles de passage.
Depuis cinq générations, la famille des barons Snoy est propriétaire du château tout proche. L’occupant actuel, le baron Bernard Snoy, est un grand ami des moines; il a donc été invité à prononcer le discours d’accueil lors de la cérémonie de ce lundi.
Une indulgence papale… qui se mérite
A la fin de la messe, le nonce apostolique en Belgique, Mgr Giacinto Berloco, a lu un message du pape François. En ce 600e anniversaire, le Saint Père a décidé d’accorder sa bénédiction tout spécialement aux pèlerins qui venaient en visite à Bois-Seigneur-Isaac. Le pape François a également accordé une indulgence pour les pèlerins. Loin des légendes datant des siècles passés, les indulgences d’aujourd’hui ne sont pas obtenues contre de l’argent. Il s’agit plutôt d’une promesse à voir ses péchés remis pour le fidèle qui fait une démarche personnelle de pardon: se confesser et aller communier lors de la messe.
Afin de confier toutes ses joies et souffrances à Dieu, la journée de lundi s’est prolongée par la vénération du corporal miraculeusement taché du Sang du Christ.
M.B.
Plus de détails sur le site du Vicariat du Brabant wallon. (Photo: BWCatho)